Après les papis, voilà que les enfants aussi font de la résistance ! !

dimanche 13 avril 2003 par Dr Stéphane Guez1736 visites

Accueil du site > Maladies > Diagnostic > Après les papis, voilà que les enfants aussi font de la résistance ! !

Après les papis, voilà que les enfants aussi font de la résistance ! !

Après les papis, voilà que les enfants aussi font de la résistance ! !

dimanche 13 avril 2003, par Dr Stéphane Guez

Les épreuves fonctionnelles respiratoires sont des examens de routine dans la prise en charge de l’asthme. Comme pour la biologie, nous avons tous tendance à donner beaucoup plus de valeur aux résultats imprimés qu’aux observations cliniques. Mais les mesures de résistance bronchique par exemple sont-elles fiables ?

Reproductibilité des mesures de résistance bronchique par interruption de flux. : E Y Chan1, P D Bridge1, I Dundas1, C S Pao1, M J R Healy2 and S A McKenzie1
1 Department of Respiratory Paediatrics, Fielden House, The Royal London Hospital, Barts and The London NHS Trust, London E1 1BB, UK
2 Department of Mathematics, Institute of Education, London WC1H 0AL, UK
dans Thorax 2003 ;58:344-347

Pour pouvoir interpréter n’importe quelle mesure, il faut d’abord s’assurer de sa reproductibilité. Ce travail rapporte les résultats de la répétition des mesures de résistances bronchiques utilisant la technique d’interruption du flux chez des enfants avec ou sans symptôme respiratoire.

 Méthodologie :
* Des enfants âgés de 2 à 10 ans qui sont en bonne santé, ayant une toux isolée persistante ou des épisodes de sifflements bronchiques ont été inclus.
* Durant le même temps, 3 mesures de résistance ont été effectuées de façon séparée avant et après un placebo et du salbutamol administré de façon randomisée.
* Les résultats pour les patients sous placebo ont été analysés pour la reproductibilité du test de résistance.
* Des mesures répétées ont été effectuées à des intervalles de 2 à 20 semaines (en moyenne 3 semaines).

 Résultats :
* Pour 85 paires de mesures avant et après placebo, la limite de concordance est de 20% des mesures attendues de résistance et n’est pas affectée par l’age ou l’état de santé.
* Les modifications de la résistance après broncho-dilatateur chez 1 des 18 enfants en bonne santé, et chez 12 sur 28 avec une toux, et chez 22 sur 30 avec un sifflement, dépassent ce seuil.
* Pour les mesures à des moments différents, les limites de concordance sont de 32% pour 72 sujets en bonne santé, 49% pour 57 patients ayant une toux, et 53% pour 95 ayant présenté des sifflements.

 Conclusions :
* Les mesures de résistance par interruption de flux sont cliniquement significatives lorsqu’une modification après une intervention thérapeutique comme l’administration d’un broncho-dilatateur est plus grande que la modification observée par répétition de l’examen.
* La reproductibilité entre 2 examens à distance est trop pauvre pour interpréter de façon fiable des modifications de résistance.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que la mesure des résistances chez les enfants par interruption de flux n’est pas très reproductible, avec des variations importantes pour un même enfant lors de 2 mesures.

Il faut donc interpréter avec prudence les résultats d’une étude de bronchodilatation : il y a une modification des résistances qui n’aura de signification que si elle est supérieure à la variation individuelle observée sous placebo.

En bref, cela veut dire que l’on ne peut retenir que les variations importantes de plus de 53% chez les enfants explorés pour sifflements et 50% pour les enfants explorés pour une toux.

Il est donc important d’avoir ces résultats en mémoire car on considère souvent des chiffres bien en deçà pour retenir l’hypothèse d’une toux équivalente d’asthme ou d’un asthme véritable après des épisodes de sifflements bronchiques.

Il serait important de vérifier le résultat de ce travail qui devrait rendre très prudent dans l’interprétation de cette mesure des résistances qui est souvent proposée comme un bon moyen de poser le diagnostic d’asthme chez le jeune enfant.

Plus que jamais, il faut retenir que ce diagnostic repose en réalité sur un faisceau d’arguments associant certes les résultats des tests respiratoires, mais aussi l’histoire clinique et les tests allergologiques avec les antécédents familiaux.

Il manque toujours chez l’enfant un test respiratoire simple, reproductible et fiable pour aider au diagnostic précoce d’asthme.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois