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Et si on profitait de la mise en place de la réduction du temps de travail pour revoir à la baisse la prescription des corticoïdes inhalés ?
samedi 31 mai 2003, par
Est-ce qu’un patient qui entre dans sa maladie avec un asthme persistant sévère doit ensuite toujours rester classé de la même façon et donc prendre toujours les mêmes doses de corticoïdes inhalés ? Ou peut-on, sans risque, diminuer sa dose de corticoïdes inhalés ?
Diminution par étape de la dose de corticoïdes inhalés dans l’asthme : une étude contrôlée randomisée. : Gillian Hawkins, clinical research fellow1, Alex D McMahon, senior statistician2, Sara Twaddle, head of research and development3, Stuart F Wood, senior lecturer1, Ian Ford, professor2, Neil C Thomson, professor4 1 Department of General Practice, University of Glasgow, Glasgow G12 0RR, 2 Robertson Centre for Biostatistics, University of Glasgow, Glasgow G12 8QQ, 3 Department of Research and Development, Stobhill Hospital, Glasgow G21 3UT, 4 Department of Respiratory Medicine, University of Glasgow, Western Infirmary, Glasgow G11 6NT dans BMJ 2003 ;326:1115 (24 May)
– Objectif : Ce travail a cherché à déterminer si la dose de corticoïdes inhalés peut être diminuée chez les patients ayant une asthme persistant stable tout en maintenant un bon contrôle de la maladie asthmatique.
– Méthodologie :
* Il s’agit d’une étude réalisée sur une durée de 1 an, randomisée, contrôlée et en double aveugle conduite sur 2 groupes parallèles.
* Elle a été réalisée par des praticiens de l’Ecosse centrale et de l’ouest.
* 259 adultes ayant un asthme et recevant régulièrement en traitement de fond une forte dose de corticoïdes inhalés (dose moyenne de 1430 microgrammes de dipropionate de beclomethasone) ont été inclus.
* Les patients ont eu :
** soit une diminution de 50% de la dose inhalée,
** soit ont poursuivi la même dose (sujets contrôles), s’ils avaient des critères de stabilité de leur asthme.
* Il a été comparé :
** le nombre des crises,
** le nombre de visites liées à l’asthme auprès de leur médecin généraliste ou à l’hôpital,
** l’évaluation de l’état de bonne santé et les doses de corticoïde entre les 2 groupes.
– Résultats :
* La proportion de patients ayant une crise d’asthme n’est pas différente significativement entre les 2 groupes (groupe avec réduction des corticoïdes : 31%, groupe témoin : 26%, p=0.354).
* De la même façon, le nombre de visites auprès du généraliste et à l’hôpital, l’évaluation de l’état de bonne santé sur une période de 1 an ne sont pas différents de façon significative.
* Le groupe ayant une diminution de la posologie a reçu 348 microgrammes de corticoïdes de moins par jour (IC 95% : 202-494) par rapport aux témoins (une différence de 25%) sans qu’il y ait de différence concernant la dose orale annuelle de corticoïdes entre les 2 groupes.
– Conclusions : En appliquant une réduction par étape de la dose de corticoïdes inhalés chez les patients prenant des doses importantes, on peut réduire cette dose sans compromettre la stabilité de l’asthme.
Les auteurs de cette étude démontrent qu’il est possible de diminuer de 50% les doses de corticoïdes inhalés de patients asthmatiques prenant en moyenne 1500 microgrammes par jour, tout en maintenant une stabilité identique de la maladie asthmatique.
Ce travail est très important. Il a été réalisé d’une façon très rigoureuse selon tous les critères relatifs aux bonnes études : randomisation, groupe témoin, double aveugle.
Les résultats confirment des données déjà publiées qui montrent que beaucoup de patients asthmatiques sont surdosés en corticoïdes inhalés, et que l’on peut réduire sans risque la posologie tout en conservant une parfaite stabilité de la maladie asthmatique.
Les auteurs ont étudié suffisamment de paramètres pour affirmer la bonne stabilité de l’asthme, aussi bien du point de vue du médecin que du point de vue du malade. Il est donc important de retenir ces résultats pour sa pratique quotidienne.
Il n’existe pas de marqueurs actuellement disponibles permettant de calculer avec précision pour chaque asthmatique la dose de corticoïdes qui lui est nécessaire. Il faut donc concevoir le traitement de l’asthme comme une thérapeutique dynamique, qui est évaluée et ajustée à l’état respiratoire évolutif du patient et non uniquement avec son état initial.
Dit d’une autre façon, ce n’est pas parce qu’un malade est entré dans son affection avec un asthme persistant sévère qu’il restera avec cette étiquette toute sa vie : au fur et à mesure de l’amélioration de sa fonction respiratoire, il passera à la case asthme persistant modéré etc..
Il faudra donc lui proposer une diminution de la posologie des corticoïdes inhalés, par paliers, pour trouver la plus petite dose efficace. Quitte à remonter la posologie si on observe une dégradation de sa fonction respiratoire.
Cela devrait permettre ainsi de mieux traiter les asthmatiques tout en appliquant la règle du principe de sécurité, qui impose de prescrire le traitement le plus efficace et qui a en même temps le moins d’effets indésirables possibles à long terme.
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