Pas de bol pour les mucolytiques ! Le jour où l’on démontre leur efficacité ils sont déremboursés ! !

dimanche 29 juin 2003 par Dr Stéphane Guez3561 visites

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Pas de bol pour les mucolytiques ! Le jour où l’on démontre leur efficacité ils sont déremboursés ! !

Pas de bol pour les mucolytiques ! Le jour où l’on démontre leur efficacité ils sont déremboursés ! !

dimanche 29 juin 2003, par Dr Stéphane Guez

Les mucolytiques ont toujours soulevé des querelles entre ceux qui les considèrent comme des traitements actifs et utiles et ceux qui les considèrent comme des « soupes » sans aucun intérêt. Qu’en est-il exactement, les mucolytiques ont-ils, oui ou non, une efficacité dans la prise en charge de la BPCO ?

Les agents mucolytiques dans la bronchite chronique et la BPCO (Revue Cochrane) : Poole PJ, Black PN. University of Auckland, Private Bag 92019, Auckland, NEW ZEALAND dans Cochrane Database Syst Rev. 2003 ;(2):CD001287

Les patients ayant une bronchite chronique ou une affection chronique obstructive (BPCO) peuvent présenter des exacerbations récidivantes avec une augmentation du volume et/ou de la purulence de leur expectorations.

Toutes les thérapeutiques qui pourraient limiter ces exacerbations seraient utiles. Il y a des différences importantes entre les pays en terme de prescription de mucolytiques, dépendant de l’appréciation très variable de leur efficacité selon ces pays.

 Objectif : Evaluer les effets de mucolytiques prescrits par voie orale chez des adultes ayant une bronchite chronique ou une BPCO stable ?

 Méthodologie :
* Les auteurs ont fait le point sur les études publiées, selon la méthode des analyses Cochrane.
* Les critères de sélection des articles ont été les suivants :
** études randomisées comportant les mucolytiques per os par rapport à un placebo pendant au moins 2 mois chez des adultes ayant une bronchite chronique ou une BPCO.
** Les études des patients asthmatiques ou ayant une mucoviscidose ont été exclus.

 Analyse :
* Un médecin a recherché les données.
* Les auteurs des études et les laboratoires pharmaceutiques ont été contactés pour rechercher les informations manquantes.

 Résultats principaux  :
* 23 études ont été inclus.
* En comparaison avec un placebo, il y a une réduction significative du nombre des exacerbations chez les patients sous mucolytiques oraux (différence moyenne - 0.066/mois, IC95% : -O.O77, -0.054 p< 0.001).
* En évaluant le taux annuel des exacerbations chez les patients témoins à 2.7/an, il y a une réduction de 29%.
* Le nombre de jours de décompensation diminue également (-0.56, IC95% : -0.77, -0.35, p<0.001).
* Le nombre de patients qui ont une un évolution sans exacerbation est également plus important dans le groupe sous mucolytiques (OR 2.22 , IC95% : 1.93-2.54, p<0.001).
* Il n’y a pas de différence sur la fonction pulmonaire ou d’effets indésirables rapportés avec le traitement.

 Conclusion : Chez les patients ayant une bronchite chronique ou une BPCO, le traitement par mucolytiques est associé à une légère diminution des exacerbations aiguës et a une certaine réduction du nombre total de jour de décompensation de la maladie pulmonaire chronique.


Dans cette revue objective, les auteurs concluent que les mucolytiques sont des médicaments qui peuvent réduire de façon significative les exacerbations des affections que sont la bronchite chronique et la BPCO, avec augmentation du nombre de jours sans symptômes.

Ainsi donc, les auteurs concluent à l’efficacité des mucolytiques à partir d’études qui remplissent toutes les contraintes scientifiques exigées.

Il n’est donc pas pertinent de continuer à dire que les mucolytiques sont des médicaments sans intérêt et inactifs dans la prise en charge de la bronchite chronique.

Reste à savoir si cette revue générale va avoir un effet positif sur la prescription des mucolytiques. Compte tenu du peu de médicaments disponibles dans la bronchite chronique et la BPCO, il serait pourtant logique de prescrire cette classe thérapeutique qui peut statistiquement diminuer le nombre des exacerbations.

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