Amour de cacahuète : Dis mois avec qui tu te lies, je te dirai qui tu es !

jeudi 17 juillet 2003 par Dr Stéphane Guez2427 visites

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Amour de cacahuète : Dis mois avec qui tu te lies, je te dirai qui tu es !

Amour de cacahuète : Dis mois avec qui tu te lies, je te dirai qui tu es !

jeudi 17 juillet 2003, par Dr Stéphane Guez

La notion d’un taux ayant une bonne valeur prédictive d’allergie clinique à l’arachide a permis d’éviter la réalisation d’un test de provocation pour nombre de patients. Cependant il reste encore beaucoup d’enfants qui ont des IgE positives mais à une valeur inférieure à ce seuil : peut-on éviter l’étape du test de provocation ?

Détermination de la spécificité peptidique des IgE, moyen complémentaire pour identifier les patients ayant une allergie clinique à l’arachide : Kirsten Beyer, MDa Lisa Ellman-Grunther, MDa Kirsi-Marjut Järvinen, MD, PhDa Robert A. Wood, MDb Jonathan Hourihane, MDc Hugh A. Sampson, MDa From aDivision of Pediatric Allergy & Immunology and Jaffe Institute for Food Allergy, The Mount Sinai School of Medicine, New York, bDivision of Pediatric Allergy, Johns Hopkins University, Baltimore, cDivision of Infection, Inflammation and Repair, Southampton University Hospitals NHS Trust. dans JACI July 2003 • Volume 112 • Number 1

L’allergie à l’arachide est une des allergies alimentaires les plus fréquentes, qui donne souvent des réactions allergiques sévères.

La prise de décision diagnostic en fonction du taux des IgE spécifiques à l’arachide a déjà été décrite.

Cependant, de nombreux patients ont encore besoin d’un test de provocation par voie orale, car leur taux d’IgE spécifique est dans une zone qui ne permet pas de porter un diagnostic formel.

 Objectif :
* L’objectif de ce travail a été de déterminer s’il existe des différences dans la reconnaissance des épitopes qui lient les IgE spécifiques entre les enfants sensibilisés, avec ou sans manifestation clinique d’allergie à l’arachide.

 Méthode :
* 8 peptides, représentant les séquences des épitopes immuno-dominants de Ara h 1, 2, 3 ont été synthétisés sur des membrane SPOT.
* Une identification individuelle a été réalisée avec le sérum de 15 patients ayant une allergie symptomatique à l’arachide, et de 16 patients ayant une sensibilisation mais avec une tolérance.
* 10 de ces 16 patients avaient perdu leur allergie en grandissant.

 Résultats :
* Par rapport à leur taux d’IgE spécifique, la plupart des patients ayant une allergie symptomatique à l’arachide ont une liaison des IgE spécifiques sur les 3 épitopes immuno-dominants de Ara h 2.
* Par contre, chacun de ces épitopes n’est reconnu que par moins de 10% des patients tolérants.
* De plus, les patients tolérants ne reconnaissent pas les 2 épitopes dominants de Ara h 1.
* Enfin, 93% des patients symptomatiques, mais seulement 12,5% des patients tolérants reconnaissent 1 de ces épitopes « prédictifs » sur Ara h 1 ou 2.
* Du reste, la liaison cumulée des IgE aux peptides de l’arachide est significativement plus importante chez les patients ayant une allergie clinique que chez les patients ayant une tolérance.
* Avec environ 50% des patients qui ont un seuil d’IgE spécifiques en dessous du niveau de décision mais qui peuvent être cliniquement réactifs, le test de provocation oral pourrait être évité chez environ 90% d’entre eux en réalisant une détermination de la spécificité peptique des IgE.

 Conclusions : La détermination de l’épitope reconnu par les IgE spécifiques pourrait être un nouvel outil pour faire le diagnostic de l’allergie à l’arachide, surtout chez les enfants ayant un taux d’IgE spécifiques à l’arachide en dessous du seuil de diagnostic.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’identification du site précis de liaison des IgE sur les épitopes allergéniques de l’arachide permet de prédire l’existence d’une allergie vraie et non d’une simple sensibilisation, les IgE se fixant dans l’allergie sur les épitopes dominants de l’Ara h 2 et de l’Ara h 1.

Cette étude est très importante car elle va permettre si elle est confirmée et applicable en pratique de ville, de pouvoir discerner le vrai allergique du simple sensibilisé lorsque le taux des IgE spécifiques à l’arachide est dans une zone qui ne permet pas d’affirmer immédiatement le diagnostic d’allergie.

L’intérêt de ce travail est qu’il ouvre également une perspective de recherche importante pour toutes les allergies alimentaires dont le diagnostic reste difficile en raison d’un taux bas des IgE spécifiques.

Cependant, on peut émettre quelques réserves.

En effet cette étude semble montrer qu’il existerait des sensibilisations différentes, et que selon l’allergène en cause il y aurait ou non des manifestations cliniques.

Il faudrait démontrer qu’un patient non allergique ne risque pas développer des IgE vis-à-vis d’autres allergènes s’il poursuit l’ingestion d’arachide.

D’autre part le nombre de patients est faible, et les résultats n’ont pas une valeur de 100%. Il est donc difficile d’affirmer un résultat pour un patient donné, d’autant que comme le rappelle les auteurs les risques allergiques sont potentiellement graves.

Malgré tout ces résultats sont très intéressants et laissent penser que l’on pourrait dans un avenir proche améliorer de façon très importante le diagnostic d’allergie à l’arachide.

Plus que jamais, la biologie est appelé à jouer un rôle majeur dans la prise en charge des allergies alimentaires.

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