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Faut-il inscrire son enfant asthmatique dans une école privée ?
mercredi 23 juillet 2003, par
Dans les pays anglo-saxons, les patients ont une moins grande facilité pour recourir aux soins, ce qui explique l’utilisation depuis longtemps de programmes éducatifs pour que le patient asthmatique apprenne à gérer seul son affection. Ces programmes sont-ils réellement performants ?
Résultats des actions d’éducation pour l’auto traitement de l’asthme chez les enfants et les adolescents : revue systématique et méta analyse. : Guevara JP, Wolf FM, Grum CM, Clark NM. Department of Pediatrics, University of Pennsylvania School of Medicine, Philadelphia, PA 19104, USA. guevara@email.chop.edu dans BMJ. 2003 Jun 14 ;326(7402):1308-9
– Objectif de l’étude : Déterminer l’efficacité réelle des programmes d’éducation pour la prise en charge autonome de l’asthme par les enfants et les adolescents.
– Sources des données : Banques de données du groupe d’étude des maladies respiratoires Cochrane.
– Méthode :
* Les études retenues sont publiées, il s’agit d’essais randomisés contrôlés ou d’études cliniques contrôlées, portant sur des programmes éducatifs dans l’auto-managment de l’asthme par des enfants et des adolescents, qui apportent des renseignements concernant la fonction respiratoire, la morbidité, l’auto perception de l’asthme ou l’utilisation des services d’urgences.
* Les études retenues ont été résumées, évaluées sur la qualité méthodologique et regroupées en fonction des objectifs recherchés et selon les modes de randomisation effectués.
– Résultats :
* 32 essais sur 45 ont été retenus selon ces critères, ce qui totalise 3706 patients âgés de 2 à 18 ans.
* Les actions d’éducation dans l’asthme sont associées :
** à une augmentation de la fonction respiratoire (différence moyenne standardisée 0.50, IC95% : 0.25-0.75),
** à une augmentation de l’efficacité personnelle dans la prise en charge de l’asthme (0.36 ; 0.15-0.57),
** à une réduction des absences scolaires( -0.29 ; (-033 ; -0.09))
** et une diminution du nombre de consultations aux urgences ( -0.21 (-0.33 ;-0.09)).
* Lorsqu’on regroupe les patients en fonction des objectifs et non selon les types de randomisation, l’action éducative est également associée à une réduction du nombre des réveils nocturnes.
* Les effets sur la morbidité sont plus importants pour les programmes éducatifs qui sont basés sur l’utilisation du débit mètre de pointe, sur les actions ciblées sur les individus et chez les patients ayant un asthme sévère.
– Conclusions :
* Les programmes éducatifs ayant pour objectif l’apprentissage de la prise en charge de l’asthme par le patient lui-même, chez les enfants et les adolescents, améliorent la fonction respiratoire et le bon self contrôle de l’asthme, réduisent l’absentéisme scolaire, diminuent le nombre de jours avec une activité physique restreinte, le nombre de recours aux services des urgences et probablement le nombre des réveils nocturnes.
* Ces programmes éducatifs doivent être considérés comme une activité de routine lors de la prise en charge de l’asthme chez des jeunes patients.
Dans ce travail de méta-analyse, les auteurs démontrent que les programmes éducatifs qui portent sur l’apprentissage personnalisé du débit-mètre de pointe dans l’asthme sévère entraînent une amélioration de la fonction respiratoire, de la prise en charge de l’asthme, du nombre des réveils nocturnes et du recours aux soins d’urgences.
L’éducation du patient asthmatique est une nécessité encore mal reconnue.
Pourtant de gros efforts sont actuellement faits en France pour développer la mise en place de programmes éducatifs pour une meilleure prise en charge de l’asthme par les asthmatiques.
Les écoles de l’asthme qui reposent encore trop souvent sur un bénévolat de médecins, infirmières et kinésithérapeute, devraient bénéficier d’une meilleure reconnaissance par les pouvoirs publics.
L’acte éducatif devrait également avoir une cotation, ce qui permettrait à tous les médecins d’intégrer cette activité dans leur pratique quotidienne. En effet, l’éducation ne s’invente pas, elle nécessite une formation particulière de celui qui la délivre et demande également du temps partagé avec le patient.
Ce travail démontre que l’acte éducatif n’est pas une simple utopie intellectuelle, mais un véritable acte thérapeutique en soit, qui a un effet positif sur la bonne prise en charge de la maladie asthmatique.
Les paramètres améliorés ici démontrent que l’on doit également faire une économie de santé non négligeable et qu’un patient qui a reçu une bonne formation se traite mieux, va mieux, et revient moins cher à la sécurité sociale.
Il faudrait que nos instances dirigeantes en matière de santé aient le courage de proposer des innovations réelles et favorisent enfin l’acte éducatif pour toutes les affections chroniques.
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