C’est bien connu les enfants aiment le (re)modelage : mais faut-il autoriser les jeunes asthmatiques à y jouer ?

mardi 19 août 2003 par Dr Stéphane Guez1752 visites

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C’est bien connu les enfants aiment le (re)modelage : mais faut-il autoriser les jeunes asthmatiques à y jouer ?

C’est bien connu les enfants aiment le (re)modelage : mais faut-il autoriser les jeunes asthmatiques à y jouer ?

mardi 19 août 2003, par Dr Stéphane Guez

Le remodelage bronchique est agité comme un spectre au dessus des enfants asthmatiques qui seraient insuffisamment traités. Mais de nombreuses questions demeurent sur ce remodelage bronchique. Quel est son lien avec l’inflammation ? avec le degré de sévérité de l’asthme ? existe-il chez l’enfant ?

Histopathologie de l’asthme sévère de l’enfant : étude d’une série de cas. : Jenkins HA, Cool C, Szefler SJ, Covar R, Brugman S, Gelfand EW, Spahn JD. Ira J. and Jacqueline Neimark Laboratory of Clinical Pharmacology in Pediatrics, Division of Clinical Pharmacology, National Jewish Medical and Research Center, Denver, CO, USA. dans Chest. 2003 Jul ;124(1):32-41.

A ce jour, peu de choses ont été publiées concernant l’anatomopathologie de l’asthme sévère chez l’enfant.

Le modèle physiopathologique le plus accepté est celui d’une inflammation persistante des voies respiratoires, qui induit les divers symptômes de l’asthme, une hyper réactivité bronchique, et un remodelage bronchique qui peut conduire à une diminution définitive de la fonction respiratoire.

 Méthode : 6 enfants ayant une asthme mal contrôlé malgré un traitement anti-inflammatoire important, et qui étaient suivi au National Jewish Medical and Research Center, ont eu une bronchoscopie avec biopsies endobronchiques pour mieux caractériser leur affection.

 Résultats :
* Dans chaque cas, les biopsies révèlent des modifications qui évoquent un remodelage bronchique, caractérisé par un épaississement de la membrane basale, une hypertrophie du muscle lisse avec, à des degrés variables, une hyperplasie des glandes de la sous muqueuse.
* Le degré d’épaississement de la membrane basale n’est pas corrélé avec le Tiffeneau de base, le Tiffeneau à l’issue d’une forte dose de corticoïdes, ou avec les variations de la fonction respiratoire.
* Dans 5 des 6 cas, il y a peu ou pas du tout de signe histologique évocateur d’une inflammation des voies aériennes, avec une infiltration lymphocytaire modérée et dispersée dans la sous-muqueuse.
* Les éosinophiles et les neutrophiles sont absents.
* De plus, la majorité des patients ont un coefficient de Tiffeneau normal malgré l’épaississement de la membrane basale, contrairement à l’opinion habituelle corrélant le remodelage bronchique avec une perte définitive de la fonction respiratoire.

 Conclusions :
* Ces cas apportent des lumières sur le paradigme de l’inflammation dans l’asthme sévère. Malgré le peu de signes d’inflammation bronchique, de nombreux patients ont des modifications significatives de leur fonction pulmonaire.
* L’absence d’inflammation va contre l’hypothèse d’une résistance cellulaire aux corticoïdes, bien qu’ils puisse être opposé que l’inflammation était peut-être trop distale pour être biopsiée.
* Par ailleurs une fonction pulmonaire normale ou proche de la normale a été obtenue malgré la présence d’un remodelage significatif.
* Ces données suggèrent la nécessité de porter un regard au delà de l’inflammation pour traiter les asthmes sévères totalement et empêcher leur progression.


Dans ce travail, les auteurs analysent sur le plan histologique les biopsies bronchiques de 6 enfants ayant un asthme sévère et résistant au traitement.

Il y a un remodelage bronchique sans signe histologique d’inflammation, avec une absence totale de corrélation entre lésions histologiques et fonction respiratoire.

Merci aux auteurs !! on commençait tout juste à bien comprendre l’asthme et patatras.

Donc les enfants ayant un asthme sévère, il n’y a pas en fait d’histoire de « corticorésistance » puisse que de toute façon il n’y a pas de signes histologiques en faveur d’un processus inflammatoire.

Mais il y a par contre des lésions qui sont celles dites d’un remodelage bronchique, mais sans qu’il y ait de corrélation avec une altération des fonctions respiratoires.

Bref, ces lésions dites de remodelage n’en sont certainement pas, mais traduisent sans doute un type particulier d’inflammation ou un processus pathologique non identifié.

C’est dire que les corticoïdes ne sont pas la bonne solution dans ces cas, et qu’il faut certainement se tourner vers d’autres classes thérapeutiques comme les antileucotriènes etc.

Il reste donc encore de nombreuses interrogations sur ces lésions histologiques dites de remodelage bronchique, et sur les asthmes sévères dont la physiopathologie reste largement méconnue.

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