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Congrès de la WAO : suite
samedi 13 septembre 2003, par ,
Nous sommes rentrés en France. Fatigués par le voyage mais encore suffisamment en forme pour vous faire profiter sur les jours à venir des publications intéressantes du congrès.
Dr Isabelle Bossé
L’urticaire et l’angio-œdème motivent toujours autant les auteurs. Hypothèses physiopathologiques, étiologiques, diagnostiques, thérapeutiques. Il reste encore beaucoup à en dire….
– Infection à hélicobacter pylori dans l’urticaire chronique de l’adulte Danek . K, Zabrze, Pologne.
L’infection à hélicobacter pylori pourrait ne pas être la seule cause d’urticaire et de ce fait il est important d’éliminer d’autres facteurs déclenchants.
Le but de cette étude était d’évaluer la fréquence de l’infection à HP chez des patients porteurs d’urticaire chronique et les résultats de son éradication sur les signes cutanés.
L’étude incluait 40 patients (21 femmes, 19 hommes d’âge moyen 43,9 ans) avec des symptômes d’urticaire chronique.
Une évaluation de l’état du tractus digestif supérieur a été faite par endoscopie et des biopsies réalisées pour détecter la présence d’HP par le test à l’urée.
Tous les patients avaient des anticorps de classe IGM vis à vis de HP, de même que des IGG dosées par méthode Elisa.
Des dosages d’IgE spécifiques vis à vis des aéroallergènes et des allergènes alimentaires ont été réalisés simultanément.
Les patients infectés ont été traités par association d’amoxycilline, clarithromycine et omeprazol.
Le test à l’urée a permis d’évaluer les résultats de l’éradication 6 semaines après le traitement, 19 patients avaient une sérologie positive
En endoscopie, 10 avaient une gastrite, 7 une duodénite, 2 un ulcère peptique et une détection positive d’hélicobacter pylori.
L’urticaire a régressé cliniquement complètement dans 52% des cas, partiellement dans 12%. Le test à l’urée montrait une éradication de HP dans 86% des cas.
Cette étude a donc montré une relation significative entre une sérologie positive d’HP et une infection digestive prouvée par un test sérique positif.
Ces résultats montrent une relation directe entre l’éradication d’HP et l’amélioration des signes cliniques d’urticaire chronique.
Ce rôle d’HP dans l’urticaire chronique a été montré, puis minimisé etc… Qu’en est-il exactement ?
Si l’on s’en tient au résultat de cette étude, un lien direct peut-être fait entre infection à HP et urticaire chronique dans certains cas.
Cette méthode de diagnostic sérique pourrait peut-être permettre un diagnostic d’HP plus fréquent chez certains patients urticariens où aucune étiologie évidente n’apparaît.
– Absence de diagnostic chez des patients présentant des réactions systémiques sévères aux piqûres d’hyménoptères par Miranda-Pàez A. Màlaga, Espagne
L’immunothérapie spécifique aux venins montre une protection clinique supérieure à 98%.
Le diagnostic est basé sur l’histoire clinique, les tests cutanés et les dosages d’IgE spécifiques.
Pourtant, certains patients ont des réactions systèmiques immédiates sévères après piqûres d’hyménoptères mais un bilan immuno-allergologique négatif.
Les auteurs ont réalisé une étude concernant ces patients colligés pendant les 20 dernières années.
6 patients ont été étudiés sur leur histoire clinique sévère de réaction systémique (4 de grade 3 selon la classification de Muller, et 2 de grade 4) après piqûre de guèpe.
Dans tous les cas, l’histoire clinique, les tests cutanés (pratiqués avec des allergènes Pharmalgen) et les dosages d’IgE spécifiques à la guêpe vespula, poliste et l’abeille, ainsi qu’à la dolicho-vespula et vespa cabro (Méthode Cap FEIA) ont été réalisés.
Les tests cutanés et les dosages d’IgE spécifiques étaient négatifs chez tous les patients ; les 2 procédures ont été répétées à 3 reprises.
La discussion s’ouvre donc sur des cas de patients avec des réactions systèmiques sévères après piqûre d’hyménoptères et bilan négatif.
L’absence d’IgE spécifiques détectables pour des vespidés connues n’élimine pas l’existence d’un mécanisme allergique.
L’augmentation des concentrations de venins lors des tests intradermiques aurait pu générer des faux positifs.
Une autre possibilité pourrait être l’existence d’autres vespidés capables d’induire des réactions allergiques ou peut-être l’absence de sensibilité chez ces patients.
L’allergie aux hyménoptères, son diagnostic "facile" et les résultats très performants de l’ITS nous font ignorer ces cas d’espèces où malgré des réactions graves, le bilan est négatif.
Plusieurs hypothèses donc et des progrès à faire en matière de tests cutanés et biologiques.
– Anaphylaxie à l’anatoxine tétanique : diagnostic par dosage d’IgE spécifiques par immunoblot : par Duronpisitkul W., Bangkok, Thaïlande
Les réactions adverses à l’anatoxine tétanique sont exceptionnelles.
L’incidence de l’anaphylaxie est de 1 pour 1 million. Aucune réaction de ce type n’avait jamais été rapportée en Thaïlande.
Les auteurs rapportent ici un cas d’une réaction anaphylactique chez une femme enceinte.
Âgée de 31 ans, cette femme a une histoire clinique de réaction anaphylactique après une injection d’anatoxine tétanique. Le bilan a été réalisé à l’hôpital Siriraj de Bangkok.
On a renoncé à la pratique du test cutané à l’anatoxine tétanique par crainte de réaction anaphylactique.
Des dosages d’IgE spécifiques ont été réalisés par immunoblot. Ce test a révélé la présence d’IgE spécifiques à l’anatoxine tétanique.
Les auteurs ont donc mis en évidence le premier cas d’allergie à l’anatoxine tétanique en Thaïlande.
Dr Alain Thillay
– Immunothérapie spécifique dans le traitement de patients atteints de dermatite atopique : résultats d’un essai contrôlé en double-aveugle contre placebo.
Czarnecka-Operacz M et coll. Pologne.
Les auteurs ont étudié 20 patients atteints de dermatite atopique (DA) ( 15 de sexe féminin et 5 de sexe mâle, âgés de 5 à 40 ans) et présentant une allergie aux acariens domestiques ou aux pollens de graminées.
L’immunothérapie spécifique était pratiquée durant un an à l’aide d’extraits Novo Helisen appropriés.
Chez les 14 patients souffrant d’allergie aux acariens, 7 ont reçu le véritable extrait et 7 le placebo.
De même, chez les 6 patients allergiques aux pollens de graminées, 3 ont reçu l’extrait et 3 le placebo.
Après 12 mois, il a été observé une amélioration significative du statut clinique des patients recevant l’extrait actif (P<0,01). Il a été aussi enregistré dans le groupe thérapeutique une diminution significative de la sévérité de la DA après une année de traitement (P environ= 0,01).
Durant cette étude les paramètres immuno-allergologiques suivants ont été mesurés :
* IgE totales,
* IgE spécifiques,
* ECP,
* IL-4,
* IL-5,
* IL-10,
* IL-2R soluble,
* INF-gamma.
Les auteurs concluent que l’immunothérapie spécifique peut constituer un traitement efficace chez les patients atteints de dermatite atopique et souffrant d’une allergie respiratoire.
C’est une constatation que les Allergologues ont remarqué de longue date, lorsqu’un patient souffrant de DA présente aussi une allergie respiratoire pouvant bénéficier d’une désensibilisation, il est amélioré par cette immunothérapie. En tous cas, c’est l’impression intuitive qui domine. Il faudrait donc pouvoir pratiquer une étude de grande envergure et revoir toute la bibliographie concernant ce sujet.
– Effets secondaires locaux et systémiques de l’immunothérapie par injection d’allergène.
Yazicioglu M et coll. Turquie.
Les auteurs ont étudié les effets secondaires de l’immunothérapie spécifique (ITS) injectable prospectivement chez 50 enfants âgés de 5 à 16 ans et présentant des allergies respiratoires.
Ces patients ont reçu une ITS injectable avec extraits retards d’un mélange d’acariens Dermatophagoides pteronyssinus et Dermatophagoides farinae.
Les patients qui souffraient d’un asthme sévère et instable non pas été inclus dans l’étude.
Le débit expiratoire de pointe (DEP) était mesuré avant chaque injection. Après l’injection, le patient était soumis à une surveillance de 30 minutes, afin d’enregistrer les réactions locales et systémiques et le DEP. Les éventuelles réactions apparaissant dans les 2 jours étaient enregistrées par les parents.
Les injections allergèniques étaient pratiquées en suivant un schéma standard.
Si le DEP chutait à au moins 15% de la valeur prédite, l’injection était reportée. Un total de 1537 injections a été administré.
Les auteurs ont observé 21 réactions locales dans 13 cas correspondant à 1,37% des injections, et 29 réactions systémiques dans 14 cas correspondant à 1,89% des injections. La plupart des réactions systémiques ont été jugées peu importantes sans conséquence clinique. Seul un patient a souffert d’une urticaire généralisée.
En conclusion, l’ITS injectable présente un faible risque de réaction systémique tout à fait acceptable dans la mesure où l’indication a bien été posée.
Pour minimiser le risque, il faut vérifier le DEP de façon systématique. La surveillance doit être au minimum de 30 minutes.
Cette étude qui n’est pas une révolution scientifique rappelle toutefois deux aspects essentiels de l’immunothérapie spécifique injectable : l’évaluation de l’état du patient, particulièrement sur le plan respiratoire, avant l’injection et la surveillance de trente minutes après l’injection.
Rappelons que les réactions graves ont en général lieu dans les trente minutes. Rappelons aussi que les rares cas de décès dus à une injection de désensibilisation sont en rapport, hormis l’erreur initiale, à une absence de surveillance qui n’a pas permis de mettre en œuvre le traitement approprié simple et efficace qu’est l’injection d’adrénaline.
– Résultats des tests cutanés dans le cadre d’une consultation d’Oto-rhino-laryngologie chez des patients atteints d’asthme et de rhinite.
Kaulsay R et Coll. Malaisie.
Le but de cette étude était de déterminer la fréquence des tests cutanés positifs à des extraits alimentaires chez des patients atteints d’asthme et de rhinite.
Les auteurs ont sélectionné 469 patients âgés de 3 à 77 ans venus en consultation d’ORL.
Tous les patients souffraient de rhinite, ils ont tous subi une batterie de tests cutanés comprenant 11 aliments courants de l’alimentation de Malaisie et deux acariens domestiques.
21% des ces patients étaient asthmatiques.
* Plus de 50% des sujets avaient des tests cutanés positifs à au moins un aliment de la mer.
* 63% des patients présentant une rhinite allergique avaient un test cutané positif à un aliment.
* 57% des sujets asthmatiques rapportaient des antécédents d’allergie alimentaire alors que
* 51% d’entre eux présentaient effectivement au moins un test cutané alimentaire positif dont 40% correspondaient à un aliment de la mer.
De plus, chez ces patients asthmatiques et/ou atteints de rhinite allergique présentant fréquemment une réactivité des tests cutanés pour les aliments et les acariens avaient corrélativement un aspect anormal lors l’endoscopie nasale.
Pour ces auteurs, ces constatations renforcent l’idée d’une unité respiratoire nez-bronche. De plus, ils évoquent la forte probabilité du sous-diagnostic de l’allergie alimentaire dans ce type de population.
Cette étude est intéressante car, bien sûr, elle insiste sur le sous-diagnostic de l’allergie alimentaire et de l’unité physiopathologique allergique du rhino-asthme.
Par contre, elle nous laisse un peu sur notre faim en ne précisant pas la fréquence des réactions allergiques alimentaires classiques (urticaire, eczéma, œdème de Quincke, dyspnée laryngée, anaphylaxie).
Et si ces patients n’expriment l’allergie alimentaire que par des signes respiratoires, la méthodologie ne permet en rien d’imputer ces signes aux seuls trophallergènes.
Par exemple, il aurait été intéressant de proposer des tests de provocation alimentaire et de mesurer le retentissement nasal par une rhinomanométrie ainsi que le retentissement respiratoire par des explorations fonctionnelles respiratoires.
D’autant plus qu’ici, ce qui paraît important, environ 25% des asthmatiques ont au moins un test cutané positif alimentaire.
Il faut espérer que ces auteurs ont de la suite dans les idées et qu’ils iront plus loin dans d’autres études pour permettre de juger de l’implication de l’allergie alimentaire dans l’asthme et la rhinite.
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