Allergiques, légère prise de poids pendant les vacances ? Pas grave, votre biologiste va vous mettre au régime !!

mercredi 17 septembre 2003 par Dr Stéphane Guez5424 visites

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Allergiques, légère prise de poids pendant les vacances ? Pas grave, votre biologiste va vous mettre au régime !!

Allergiques, légère prise de poids pendant les vacances ? Pas grave, votre biologiste va vous mettre au régime !!

mercredi 17 septembre 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie alimentaire reste un domaine difficile de l’allergologie, surtout pour déterminer la signification exacte d’une réaction croisée sérologique mise en évidence par un dosage d’IgE spécifique : y a-t-il alors un risque d’allergie vrai, ou cette réaction croisée n’est-elle qu’une curiosité sérologique ?

Prévalence et valeur diagnostique des IgE spécifiques aux pneumallergènes, aux allergènes animaux et aux plantes alimentaires et aux allergènes du ficus, chez les patients ayant une allergie au latex naturel. : Ebo DG, Bridts CH, Hagendorens MM, De Clerck LS, Stevens WJ. Departement Immunologie, Allergologie en Reumatologie Universiteit Antwerpen Universiteitsplein 1, B 2610 Antwerpen, Belgie. dans Acta Clin Belg. 2003 May-Jun ;58(3):183-9.

Il est maintenant bien connu que l’allergie au latex naturel peut s’associer à des allergies croisées sérologiques avec des allergènes d’origine végétale, surtout les fruits tropicaux et le ficus.

Par contre, les données sur la fréquence et la valeur clinique des ces IgE spécifiques vis-à-vis de ces allergènes restent rares.

De plus, on connaît peu de chose sur la prévalence et la valeur diagnostique des IgE spécifiques vis-à-vis des allergènes inhalés classiques et vis-à-vis des allergènes animaux chez les patients allergiques au latex naturel.

 Méthode :
* Des échantillons de sérum de 42 patients adultes allergiques au latex ont été étudiés.
* Tous avaient des antécédents d’allergie au latex confirmée par un test cutané positif pour le latex, et un taux positif d’IgE spécifique.
* Les prélèvements ont été également analysés vis-à-vis des IgE spécifiques contre 9 allergènes alimentaires d’origine végétale (avocat, banane, noisette, figue, kiwi, papaye, arachide, pamplemousse et tomate) et contre le ficus benjamina.
* Un dosage des IgE spécifiques contre 3 allergènes d’origine animale (lait de vache, blanc d’œuf, morue) et 8 allergènes inhalés communs (D. ptéronyssinus, bouleau, fléole, armoise, chat et chien, aspergillus et cladiosporum) a également été réalisé.
* Comme un test en double aveugle contre placebo n’était pas éthiquement réalisable, les allergies alimentaires ou les réactions d’hypersensibilité immédiate au ficus ont été documentées par un questionnaire standardisé.
* Le diagnostic d’atopie a été fait sur les antécédents et sur la présence d’IgE spécifique pour au moins un allergène classique inhalé.
* Pour certaines déterminations d’IgE spécifique, la présence ou l’absence d’allergie croisée a été faite par une étude d’inhibition (CAP système).

 Résultats :
* Des IgE spécifiques à au moins 1 des allergènes alimentaires d’origine animale ou inhalés ont été notées respectivement chez 12% et 76% des échantillons sériques.
* Des IgE spécifiques alimentaires d’origine végétale sont trouvées dans 88% des prélèvements sériques, surtout vis-à-vis de la papaye (71%) et moins fréquemment pour le kiwi (17%).
* 29% des prélèvements sont positifs pour les IgE spécifiques contre le ficus.
* En tenant compte du questionnaire et du seuil de détection de 0.35 KU/L, la sensibilité pour les allergènes alimentaires d’origine végétale varie entre 0% pour la papaye et 73% pou l’avocat.
* La spécificité varie entre 28% pour la papaye et 91% pour le kiwi.
* La sensibilité pour le ficus est de 20% et la spécificité de 70%.

 Conclusion :
* Pour les allergènes alimentaires inhalés et animaux, la sensibilité et la spécificité des IgE spécifiques sont généralement bien corrélées avec les valeurs obtenues chez les patients adultes non allergiques au latex naturel.
* La détermination des IgE spécifiques vis-à-vis des allergènes alimentaires d’origine végétale et vis-à-vis du ficus n’est pas toujours une méthode sensible ni spécifique pour porter le diagnostic clinique d’allergie.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que le dosage des IgE spécifiques ne permet pas de porter avec une bonne sensibilité et une bonne spécificité le diagnostic d’allergie croisée chez les patients allergiques au latex.

Ce travail nous laisse perplexe.

En effet, l’absence de test de provocation enlève beaucoup de valeur aux calculs de sensibilité et spécificité. D’autre part, il n’a pas été tenu compte des taux d’IgE spécifiques, alors que l’on sait qu’en fonction de ce taux, la sensibilité et la spécifié peuvent augmenter de façon spectaculaire, permettant de faire le diagnostic d’allergie clinique de façon certaine.

On retrouve dans ce travail les allergies croisées classiques entre latex et papaye mais avec une faible sensibilité et spécificité, alors que la réaction croisée avec le kiwi est moins fréquente mais généralement plus significative.

Cependant en pratique clinique pour apporter une réponse précise a un patient, cette étude n’apporte pas vraiment de solution.

Il reste que le dosage des IgE spécifiques doit être réalisé, y compris et surtout pour rechercher des éventuelles allergies croisées, en poussant ensuite les investigations pour rechercher si ces IgE ont actuellement une signification clinique, et en restant vigilant car ces manifestations peuvent apparaître plus tard.

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