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Hôtesses de l’air, attention : lien possible entre mélatonine et asthme ! !
jeudi 2 octobre 2003, par
Pourquoi les asthmatiques font-ils plus souvent des crises d’asthme la nuit ? L’hypothèse d’une interférence entre le rythme circadien d’une hormone et le contrôle de l’asthme a déjà été évoquée. Mais qu’en est-il de l’implication éventuelle de la mélatonine ?
Un taux de mélatonine sérique élevé est associé à l’aggravation nocturne de l’asthme. : E. Rand Sutherland, MD, MPHa,b Misoo C. Ellison, PhDa,c Monica Kraft, MDa,b Richard J. Martin, MDa,b
aDepartment of Medicine, National Jewish Medical and Research Center, Denver, Colo, USA
bDepartment of Medicine, University of Colorado Health Sciences Center, Denver, Colo, USA
cDepartment of Biometrics & Preventive Medicine, University of Colorado Health Sciences Center, Denver, Colo, USA
dans JACI September 2003 • Volume 112 • Number 3
L’augmentation de l’inflammation bronchique la nuit contribue à l’aggravation nocturne de l’asthme.
Des études in vitro ont montré le rôle proinflammatoire de la mélatonine exogène dans l’asthme, mais on ne sait pas si les taux de mélatonine endogènes interviennent dans le contrôle de l’inflammation bronchique nocturne dans l’asthme.
– Objectif de l’étude : Le but a été de déterminer l’évolution du taux de mélatonine sur 24heures et les corrélations de ces variations nocturnes chez des sujets ayant un asthme nocturne, des asthmatiques sans asthme nocturne et chez des sujets sains.
– Méthode :
* Il s’agit d’une étude d’observation des taux de mélatonine et de la fonction respiratoire chez des patients ayant un asthme nocturne (n=7), un asthme sans crise nocturne (n=13) et chez des sujets sains (n=11).
* Les patients ont eu un cycle veille sommeil identique pendant 7 jours.
* Au 8° jour, le taux de mélatonine a été mesuré toutes les 2 heures par radioimmunoassay et analysé.
* La corrélation entre le taux sérique de mélatonine et les modifications spirométriques nocturnes a été évaluée sur le plan statistique par une analyse de corrélation de Speaman.
– Résultats :
* Chez les sujets ayant un asthme nocturne, les taux de mélatonine sont significativement plus élevés par rapport à une population de sujets sains (67.6 +/- 5 pg/ml versus 53.5 pg/ml +/- 4 pg/ml, p=0.3).
* L’acrophase de mélatonine est retardée dans l’asthme nocturne (0.2 :54 versus 01 :58 chez les sujets sains, p=0.003 ; et 0.2 :15 dans l’asthme sans crise nocturne, p=0.01).
* Chez les patients ayant un asthme nocturne, l’augmentation de mélatonine est significativement et inversement corrélée avec les modifications nocturnes du VEMS (r=-79, p=0.04), cette relation n’étant pas observée dans l’asthme sans crise nocturne ni chez les sujets sains.
– Conclusions : L’asthme nocturne est associé à une élévation et une phase retardée du pic de mélatonine sérique. Les taux élevés de mélatonine pourraient expliquer sur le plan physiopathologique les crises d’asthme nocturne.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que les asthmatiques ayant des crises d’asthme nocturnes ont un pic de mélatonine plus élevé que les autres asthmatiques et les sujets sains, avec une acrophase retardée et une corrélation inverse entre le taux de mélatonine et la valeur du VEMS.
La physiopathologie de l’asthme nocturne suscite de nombreuses hypothèses, mais aucune n’est pleinement satisfaisante.
Un lien avec le sommeil et le rythme circadien de certaines hormones est une hypothèse intéressante.
Dans ce travail, les auteurs ont étudié le rythme de sécrétion de la mélatonine, hormone emblématique qui serait pour certains non seulement la clé du sommeil mais également le possible élixir de jouvence dont rêve l’humanité.
Bref, les auteurs ont démontré un pic de mélatonine nocturne plus important avec un décalage de l’heure de ce pic (acrophase) chez les sujets ayant un asthme nocturne par rapport à des sujets asthmatiques sans réveil la nuit et par rapport à des sujets normaux. Il ne semble pas que le réveil secondaire à la crise d’asthme puisse expliquer l’augmentation de ce taux.
Reste à savoir comment réellement interpréter cette augmentation de taux de mélatonine et l’asthme nocturne, l’hypothèse d’une influence sur l’inflammation bronchique étant certes possible mais la mélatonine n’a encore jamais était décrite comme un puissant médiateur de l’inflammation bronchique.
D’autre part elle est sécrétée à l’état normal chez tous les sujets ; Il faut donc d’autres études pour mieux comprendre l’implication possible de cette hormone. Car il n’a jamais été décrit à notre connaissance de crises d’asthme chez des sujets prenant régulièrement de la mélatonine pour atténuer les effets du décalage horaire lors des transports aériens…
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