Et Dieu créa le verbe, et les médecins l’entendirent et les eczémateux guérirent ! Amen

mardi 7 octobre 2003 par Dr Stéphane Guez1710 visites

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Et Dieu créa le verbe, et les médecins l’entendirent et les eczémateux guérirent ! Amen

Et Dieu créa le verbe, et les médecins l’entendirent et les eczémateux guérirent ! Amen

mardi 7 octobre 2003, par Dr Stéphane Guez

Il y a une discordance souvent majeure et dérangeante entre l’efficacité attendue des traitements actuels de la dermatite atopique, et les résultats souvent catastrophiques lorsqu’on revoit ces enfants en consultation. A croire que les traitements ne sont pas suivis. Et si plus simplement ils n’étaient par compris par les parents ?

Comparaisons entre les connaissances des parents, l’utilisation des traitements et la sévérité de la dermatite atopique avant et après explication et démonstration des traitements topiques locaux par un infirmière spécialisée en dermatologie. : Cork MJ, Britton J, Butler L, Young S, Murphy R, Keohane SG.

Paediatric Dermatology Clinic, Sheffield Children’s Hospital, Sheffield S10 2TH, U.K. Dermatology-Biomedical Genetics, Division of Genomic Medicine, and Rupert Hallam Department of Dermatology, Royal Hallamshire Hospital, Sheffield S10 2JF, U.K. Department of Dermatology, The General Infirmary at Leeds, Leeds LS1 3EX, U.K. Department of Dermatology, Chesterfield and North Derbyshire Royal Hospital, Calow, Chesterfield S44 5BL, U.K. Milford Dermatology Unit, St Mary’s Hospital, Portsmouth PO3 6AD, U.K.

dans Br J Dermatol. 2003 Sep ;149(3):582-589.

L’échec des parents dans la prise en charge médicale d’une manière qui puisse conduire à un bénéfice médical est un problème majeur.

Un consensus se fait sur l’idée, qu’en moyenne, l’échec du traitement est du pour moitié à un défaut de compliance suffisant et pour une autre moitié à la non observation des traitements proposés.

Ces données se rapportent à des traitements par voie orale. Il y a peu de données concernant le lien entre compliance et concordance des traitements dans la prise en charge d’une affection complexe comme la dermatite atopique.

Les écoles de l’asthme réalisées par des infirmières spécialisées ont montré les bénéfices de ces actions sur l’éducation et l’apprentissage des prises médicamenteuses.

 Objectifs de l’étude  : Déterminer les effets d’une éducation et de la démonstration des traitements topiques locaux par une infirmière spécialisée en dermatologie sur les traitements et les soins concernant la dermatite atopique.

 Méthode :
* 51 enfants ayant une dermatite atopique (DA) ont consulté une clinique dermatologique et ont été suivis pendant 1 an.
* A chaque visite, les connaissances des parents sur la dermatite atopique et son traitement ainsi que l’application de ces traitements ont été évalués.
* La sévérité de l’eczéma a été appréciée par le score de sévérité (SASSAD) ainsi que par l’interrogatoire des parents sur le prurit, les troubles du sommeil et l’irritabilité.
* A la première visite, une infirmière spécialisée a donc expliqué et a montré comment utiliser les différents produits topiques.
* Cette éducation a été répétée à chaque visite en fonction des connaissances des parents.

 Résultats :
* à l’état initial, moins de 5% des parents ont reçu ou demandé une explication sur les causes de la dermatite atopique et sur la façon d’appliquer les traitements locaux.
* L’eczéma est mal contrôlé chez tous les enfants (score moyen de 42.9).
* Parmi les enfants, 24% n’ont pas été traités avec des émollients ; la quantité utilisée en moyenne est de 54 g par semaine.
* Parmi les enfants, 25% sont traités d’une façon inadaptée avec des corticoïdes locaux puissants ou très puissants.
* Après un enseignement répété et l’apprentissage de l’application des traitements locaux, il y a une réduction de 89% de la sévérité de la dermatite atopique.
* On observe en moyenne une augmentation de 800% des émollients (à 426 g/semaine) et pas d’augmentation de l’utilisation des corticoïdes, en prenant en compte la puissance et les quantités utilisées.

 Conclusions :
* Cette étude confirme l’importance des infirmières spécialisées en dermatologie pour la prise en charge de la dermatite atopique.
* Elle confirme également l’opinion très répandue aussi bien parmi les patients que les médecins, que le point le plus important dans la prise en charge thérapeutique de la DA est le temps passé pour écouter, expliquer et montrer comment suivre et réaliser les soins.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’éducation des parents pour la prise en charge de la dermatite atopique grâce à des conseils donnés par une infirmière spécialisée en dermatologie, permet d’améliorer d’une façon considérable la qualité des soins donnés aux enfants avec une amélioration spectaculaire de l’eczéma.

L’importance du temps pris par les médecins ou par une infirmière spécialisée afin de bien expliquer aux patients son affection, les objectifs du traitement et comment les prendre, n’est plus contesté par personne.

Le problème se situe à un autre niveau : le temps.

Il est impossible dans la même consultation d’entendre le patient, de l’examiner, de faire le diagnostic puis de prendre ce temps d’information.

Il est indispensable que les pouvoirs publics admettent qu’une consultation particulière dévolue à l’éducation du malade est indispensable, d’autant qu’il est certain que cela sera économiquement rentable.

Nous connaissons tous ces patients qui viennent nous voir alors que le diagnostic à déjà était fait et qu’un bon traitement est prescrit, mais le patient n’a pas eu des réponses à des questions qui le freinent pour prendre ce traitement. Avec une bonne information, il est adhérent à son traitement, le prend correctement donc va bien : pas d’arrêt de travail, pas de recours à des services d’urgence, pas de nomadisme médical etc.

Les écoles de l’asthme font un très bon travail en ce sens.

Les services de référence en dermatite atopique ont développé depuis longtemps des programmes d’information et de formation des parents aux soins afin d’améliorer la prise en charge de ces enfants.

Donc nous sommes tous convaincus. Et notre ministère de tutelle ?

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