L’enfant allergique à l’école

vendredi 12 juillet 2002 par Isabelle Martin16671 visites

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L’enfant allergique à l’école

L’enfant allergique à l’école

vendredi 12 juillet 2002, par Isabelle Martin

L’enfant allergique est confronté à des problèmes particuliers lorsqu’il va à l’école. La vie en collectivité l’expose à des "dangers" et l’éloigne du milieu familial habitué à gérer son allergie. Ce dossier fait le point.

Qui ?

Les enfants allergiques sont ici les élèves pris dans la
communauté scolaire avec ses règles. Ils représentent 5%
des effectifs soit dans une classe de 30 élèves de 1 à 3
asthmatiques et de 1 à 6 allergiques avec un taux inférieur à
2% pour les sujets présentant une allergie alimentaire.
25% des absences scolaires sont liées à des affections respiratoires
dont les problèmes allergiques peuvent être la cause 1.
Même si l’enfant asthmatique manque rarement la classe plus de 48 heures
d’affilée, le retentissement de ses absences est un facteur essentiel du
retard scolaire et de ses conséquences pour l’avenir professionnel de l’enfant.
Des études montrent qu’un asthme sévère entraîne chez
63% des sujets un retard qui peut aller de 1 à 3 ans. Pour les athmatiques
envoyés en séjour climatique, 66 % d’entre eux ont un retard scolaire
de 3 ans et plus 3. A classe
socio économique égale, le retard est fonction de la gravité
de l’asthme.

Les enseignants sont confrontés de plus en plus fréquemment
au phénomène de l’allergie et sont sous-informés : de 8
à 15 % seulement d’entre eux reconnaissent avoir reçu des instructions
précises. Pourtant peu d’enseignants (11%) envisagent des établissements
spécialisés pour les asthmatiques alors que 40 % pensent que leurs
élèves athmatiques nécessitent une attention particulière
pour l’observance du traitement , pour les aménagements et pour éviter
les retards d’acquisition 3.
Une circulaire du Ministre de l’Education nationale datée du 22/07/1993
concerne les enfants et adolescents atteints de troubles de santé ( liste
où figure entre autre l’asthme et d’autres affections respiratoires chroniques)
fait clairement allusion à l’administration à l’école de
traitement sous forme orale ou inhalée.

Les parents qui assurent l’observance thérapeutique, sa bonne
adaptation à l’évolution de la maladie et qui veillent à
la réduction maximale de l’absentéisme ( en effet, il est inutile
de garder la chambre plusieurs jours après une crise d’asthme bien contrôlée).

Informés par leur médecin allergologue , ils auront un rôle
fondamental dans l’éducation de leur enfant au sujet de leur allergie
qu’elle soit alimentaire ou aérienne.

Les médecins traitants , spécialistes et des médecins
scolaires. Outre leur mission de prise en charge de la maladie, ils ont un rôle
essentiel dans l’éducation de leur patient et de leur entourage, ils
ont aussi un rôle de partenaire avec les institutions puisqu’ils interviennent
dans les Projets d’Accueil Individualisés en précisant les besoins
thérapeutiques des patients, en définissant les adaptations à
apporter à la scolarité des élèves. Ils établissent
des "plans d’action" en cas de réactions allergiques.

Les personnels des cantines et accueils péri-scolaires , qui dépendent
des mairies pour leurs instructions et pour leur formation . Ils sont en première
ligne concernant les allergies alimentaires et les allergies liées aux
activités de plein air hors périodes scolaires.

Quoi ?

Les différentes manifestations de l’allergie : L’allergie peut se
manifester de manière respiratoire : rhinite, éternuements mais aussi
asthme. Les crises surviennent dans les minutes qui suivent le contact avec l’allergène.
Elle peut aussi toucher la peau en apparaissant sous forme d’urticaire, rapidement
après le contact ou d’eczéma, plus longtemps après. Enfin,
certains enfants auront une atteinte des yeux : conjonctivite, oedème des
paupiéres.
Les allergènes en milieu scolaire : Les acariens sont moins présents
dans les écoles que dans les habitations , c’est plutôt rassurant
 : la fréquence de l’aération, la température plus basse peut
l’expliquer mais quelques foyers persistent, notamment les peluches vite colonisées
par les acariens, les matelas et oreillers et moquettes.
Les moisissures et des problèmes d’humidité des locaux rendent plus
fréquentes les infections des voies aériennes inférieures.
Les phanères d’animaux qui peuvent être importées par des
personnes possédant chien ou chat à leur domicile ou qui proviennent
simplement d’animaux présents dans les classes sont des facteurs non négligeables
de sensibilisation et donc de problèmes allergiques.
Les allergènes alimentaires : lors de la prise des repas à la cantine,
au cours des "goûters", aux distributeurs automatiques et dans
les échanges de friandises...
Les pollens lors des activités sportives où la quantité de
l’air inspiré augmente sont responsables de symptômes plus graves
que lors d’une activité habituelle.
Le latex par l’intermédiaire du bonnet de bain dans les situations d’activités
aquatiques , les poussières et produits chimiques dans les classes professionnelles...peuvent
être soupçonnés.

Quand ?

Les circonstances à risque pour les enfants se retrouvent tout au long
de la journée à l’école:En classe les risques sont augmentés
par la présence d’animaux, par un mobilier de coussins, rideaux, moquettes
et par la mise à disposition des enfants de peluches.A la cantine, aux
récréations, ce sont les allergies alimentaires les plus redoutées.Lors
des activités sportives, l’asthme d’effort peut être provoqué
par des séances d’endurance par temps sec et froid ; l’urticaire d’effort
provoqué par l’augmentation de la température corporelle et cas
plus grave le syndôme de Maulitz et Kidd qui associe l’ingestion d’un aliment
auquel les patients sont sensibilisés à un exercice physique et
qui peut aller jusqu’au choc anaphylactique si l’effort physique n’est pas immédiatement
interrompu 1. En voyage
scolaire ou lors des transferts d’établissement en classe découverte...où
l’accueil dans des locaux pas toujours bien aérés, les visites dans
des fermes, jardins zoologiques , l’exposition à des pollens favorisent
les symptômes de l’allergie.

Que faire ?

La première mission des intervenants médicaux est d’informer. Pour
tous les types d’allergie , le patient et sa famille doit en connaître les
manifestations , les risques et la conduite à tenir. Pour l’allergie à
l’arachide , des mesures particulières seront prises de l’ordre de l’éducation
des enfants et des parents et de l’enseignement des aspects techniques du traitement.
Il est même possible d’accéder à des consultations d’éducation
à l’arachide où des cessions individualisées très
efficaces seront proposées aux enfants de 7 ans et plus . Dans une situation
de jeux de rôle, on leur apprend :

 à savoir reconnaître l’arachide sur l’étiquetage d’un produit
fini.

 à reconnaître les signes de l’allergie à l’arachide.

 à savoir adapter les traitement en fonction des symptômes.

 à savoir contacter efficacement l’entourage.

 à savoir manipuler le stylo auto-injectable ou l’inhalateur. ( L’utilisation
du stylo auto-injectable n’est pas considéré comme un acte médical :
il est réalisable par quiconque, toutefois, il est soumis à prescription
d’un médecin). L’adrénaline ne sera prescrite que si l’enfant a
déjà fait un choc anaphylactique , si il y a des antécédents
de réactions graves ou si les manifestations réactionnelles s’aggravent
).

 à avoir un comportement adapté lors de la prise d’aliments hors
domicile.2

Les enfants ayant déjà présenté une anaphylaxie
ou de graves symptômes d’allergie sont concernés par le Projet
d’Accueil Individualisé
( PAI) émanant d’une circulaire n° 
93-248 du 22/07/1993 et d’ une loi d’orientation du 10/071989 actualisée
par la circulaire n°99-181 du 10/11/1999 et du 18/11/1999 qui consiste à
inclure l’allergie dans le cadre des maladies chroniques et donc à permettre
la prise de médicaments par voie orale inhalée ou auto-injectable
dans l’enceinte de l’école , à inciter les responsables de la
restauration scolaire d’autoriser les "paniers-repas" préparés
et apportés par les parents. Ceux-ci sont stockés dans un premier
emballage hermétique au nom et à la classe de l’enfant puis déposés
dans une deuxième boîte hermétique dans le réfrigérateur
de l’école , étiquetée au nom de l’enfant .
Le PAI est établi à la demande des parents, par le chef d’établissement
, en concertation avec le médecin de l’Education Nationale, à
partir des besoins thérapeutiques précisés par le médecin
allergologue et doit définir les adaptations à apporter à
la scolarité de l’élève. 2
(Voir modèle sur le site de l’AFPRAL)

Un deuxième point très important concerne la coopération
entre les parents , les médecins et les enseignants pour l’observance
du traitement : en effet, des études américaines ont montré
que l’adhésion des enseignants était très importante pour
le succès du traitement ; en France, la scolarité représente
souvent un obstacle à la bonne observance , l’administration de médicaments
en milieu scolaire se heurte à de grandes difficultés ( une crise
d’asthme débutant en classe ne sera traitée correctement qu’au
bout de deux heures ; au pire au bout de cinq ou six heures, ce qui peut avoir
des conséquences sérieuses) 3.

En troisième lieu, il convient d’orienter les jeunes allergiques vers
des voies professionnelles qui seront au maximun adéquates avec leur
état de santé : les maladies allergiques respiratoires ou cutanées
sont responsables de la majorité des interruptions de carrière
. L’absence de thérapeutiques protectrices efficaces et la durée
du contact sensibilisant vont de paire avec une constante aggravation du pronostic
qui ne pourra être amélioré en cas de changement trop tardif
de la profession.
Il existe des métiers dits "à risques" par l’exposition
aux allergènes naturels ou aux irritants de l’environnement , aucun médicament
ne peut protéger du risque de développer la maladie. Lors de la
période d’apprentissage pour un jeune, une surveillance doit s’exercer
 : toute manifestation d’allergie professionnelle peut faire bénéficier
d’une formation rémunérée dans un centre professionnel
de reclassement précoce 3.

Enfin des mesures concrètes et de l’ordre du bon sens peuvent être
très efficaces :
- éviter les matelas, oreillers, moquette, peluches dans les classes
de maternelles.
- interdire définitivement l’élevage des animaux à poils
et à plumes qui contribuent à des
sensibilisations précoces, à compliquer les thérapeutiques
de l’asthme en ajoutant des sensibilisations, à déclencher des
crises.
- à éviter les longs trajets matinaux et nocturnes en période
froide.
-à interdire le tabagisme chez les enseignants et à fortiuri chez
les enfants !
-à former le personnel de restauration scolaire .

Bibliographie :

1- L’Enfant allergique à l’école - Pr
Guy Dutau

2- Education de l’enfant allergique à l’arachide
et de sa famille. Projet d’accueil individualisé
- Dr Fabienne Rancé
Pr Guy Dutau

3- Scolarité et orientation professionnelle de l’enfant
allergique
- Pr J. Paupe

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