Do-It-Yourself : des recettes qui font tousser - 25e lettre de l’ANSES

dimanche 11 mai 2025 par la rédaction

Accueil du site > Pratique > Do-It-Yourself : des recettes qui font tousser - 25e lettre de l’ANSES

Do-It-Yourself : des recettes qui font tousser - 25e lettre de l’ANSES

Do-It-Yourself : des recettes qui font tousser - 25e lettre de l’ANSES

dimanche 11 mai 2025

L’essor du « fait maison » (Do-It-Yourself, ou DIY) touche désormais les produits ménagers, cosmétiques, voire phytosanitaires. L’idée, séduisante en apparence, consiste à fabriquer soi-même des produits d’usage courant à partir d’ingrédients disponibles dans le commerce ou dans la nature.

Si les motivations écologiques, économiques et sanitaires sont louables, les conséquences peuvent, elles, être redoutables. L’Anses alerte dans ce nouveau Vigil’Anses (en fin de breve) sur des recettes dangereuses circulant en ligne, à l’origine d’intoxications parfois graves, voire mortelles.

Points-clés

  • L’analyse porte sur 260 appels recensés par les Centres antipoison entre 2016 et 2024, en lien avec des produits DIY.
  • Les produits en cause sont classés par catégorie : entretien, jardinage, cosmétiques, hygiène, appâts antiparasitaires, jouets (slime).
  • Les mécanismes d’intoxication identifiés concernent le contact direct avec les produits, l’inhalation de vapeurs toxiques ou encore l’ingestion accidentelle.
  • Les risques sont majorés par l’absence de protection individuelle, de dosage précis ou de conditions de conservation adaptées.

Résultats marquants

  • Près de la moitié des intoxications concernent des produits d’entretien ou de jardinage (lessive, désherbant, nettoyants).
  • Un tiers des cas implique des enfants de 1 à 6 ans, souvent exposés lors de la fabrication ou de l’utilisation de ces produits.
  • Les accidents les plus graves incluent des brûlures chimiques, des bronchospasmes, des œdèmes pulmonaires ou des atteintes oculaires irréversibles.
  • Le mélange d’eau de Javel et de vinaigre ou d’ammoniaque est à l’origine de dégagements gazeux très toxiques (chlore, chloramines).
  • Certaines préparations utilisent des substances interdites ou dangereuses : acide borique, cyanoacrylates, oxyde de zinc en spray, hydroxyde de sodium.
  • Des cas de brûlures au 3e degré ont été recensés avec des colles à ongles maison projetées sur des tissus.

Enseignements

  • Le DIY s’appuie souvent sur des tutoriels approximatifs diffusés sur les réseaux sociaux, sans mention des risques ni encadrement réglementaire.
  • Les ingrédients mal identifiés, les contenants inadaptés (bouteilles alimentaires) ou le non-étiquetage aggravent le risque d’exposition accidentelle.
  • La méconnaissance des propriétés physico-chimiques de substances comme la « soude » (NaOH, Na₂CO₃, percarbonate, bicarbonate) expose à des erreurs d’usage, aux conséquences potentiellement graves.
  • L’illusion de naturel ou d’inoffensivité associée au DIY ne protège ni les adultes ni les enfants des risques chimiques bien réels.

Conclusion

Le fait maison ne saurait être considéré comme une alternative sûre au produit manufacturé, surtout lorsqu’il s’agit de substances chimiques. Si les motivations des adeptes du DIY sont compréhensibles, l’Anses rappelle que l’usage de produits techniques nécessite un encadrement rigoureux et des précautions strictes. L’éducation au risque chimique, encore trop négligée dans le grand public, est au cœur de cette problématique.

À retenir : certaines recettes DIY ne doivent jamais être réalisées, car elles exposent à des risques graves, notamment chez les enfants.

Pour aller plus loin

Ce dossier est particulièrement parlant pour les allergologues. On y retrouve une problématique récurrente : la banalisation de substances hautement allergisantes ou irritantes dans des contextes d’utilisation inadaptés. Les isothiazolinones contenues dans certaines colles et lessives DIY sont des allergènes de contact majeurs. Le cas des cyanoacrylates, à la fois irritants et sensibilisants, rappelle également les dangers de leur usage hors cadre médical ou professionnel. La fabrication de slime, très populaire chez les enfants, expose à un double risque : irritatif immédiat et sensibilisation retardée.

Dans le contexte d’une dermatite chronique des mains, d’une rhinite persistante ou de manifestations respiratoires inexpliquées, il est essentiel d’interroger l’usage de produits DIY à domicile. L’éducation des patients allergiques passe par une vigilance accrue face aux faux-semblants du « naturel fait maison ». La mort aussi est naturelle.

VigilAnses 25
Revue de l’ANSES, 25e numéro

Voir en ligne : Anses

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois