Ce n’est pas une raison pour cracher sur le gentil toux toux !!

lundi 13 octobre 2003 par Dr Stéphane Guez2562 visites

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Ce n’est pas une raison pour cracher sur le gentil toux toux !!

Ce n’est pas une raison pour cracher sur le gentil toux toux !!

lundi 13 octobre 2003, par Dr Stéphane Guez

La toux chronique est un casse-tête médical et un motif de consultation fréquent surtout chez les enfants. Paradoxalement, on connaît peu de chose sur la physiopathologie de ces toux. Dans cette étude, en analysant l’expectoration induite de ces patients les auteurs ouvrent des perspectives intéressantes…

Concentration en médiateurs inflammatoires dans l’expectoration induite dans la toux chronique : Birring SS, Parker D, Brightling CE, Bradding P, Wardlaw AJ, Pavord ID.

Respiratory Medicine, Institute for Lung Health, Glenfield Hospital, Leicester, United Kingdom

dans Am J Respir Crit Care Med. 2003 Sep 25

Des études précédentes ont mis en évidence une inflammation des voies aériennes chez les patients ayant une toux chronique, et ont suggéré que la toux pourrait être secondaire à la libération de médiateurs tussigènes avec activation de terminaisons nerveuses afférentes sensitives.

 Objectif de l’étude et méthodologie :
* Les auteurs ont mesuré les concentrations de divers médiateurs pro inflammatoires et de médiateurs tussigènes dans le surnageant de l’expectoration induite de
** 20 patients ayant une toux chronique avec un asthme ou une bronchite à éosinophiles,
** 20 patients avec une toux sans asthme,
** 22 patients avec une toux idiopathique et
** 18 patients témoins sains.
* Les auteurs ont mesuré : histamine, leucotriènes cystéinées, prostanoïdes (prostaglandine D2, E2), IL8 par méthode immuno-enzymatique.

 Résultats :
* La concentration moyenne en histamine dans l’expectoration est significativement plus élevée chez les patients ayant une toux chronique idiopathique (8 ng/ml) et une toux associée à une bronchite chronique à éosinophiles (10,2 ng/ml) par rapport aux témoins (2.6 ng/ml) (IC95% : pour la toux chonique idiopathique 25.8 à 0.8 ; p=0.009, et pour la toux avec bronchite à éosinophiles 1.1 à 20.1 ; p=0.01).
* Les taux moyens dans l’expectoration des prostaglandines D2 et E2 sont significativement plus élevés dans toutes les formes de toux par rapport aux témoins.

 Conclusion : Ces résultats permettent de penser qu’il y a libération de médiateurs inflammatoires et tussigènes chez les patients ayant une toux chronique, et suggèrent qu’il y aurait des similitudes dans le mécanisme de la toux dans différentes situations pathologiques.


Dans ce travail les auteurs confirment qu’il y a, dans l’expectoration induite de patients qui présentent une toux chronique, une augmentation de médiateurs comme l’histamine et les prostaglandines, que la toux soit associée ou non à un asthme ou une bronchite chronique à éosinophile.

Ainsi la toux a bien un support organique et lorsqu’elle est idiopathique n’est pas forcément psychologique, ou du moins fait intervenir un mécanisme psychosomatique.

L’augmentation de l’histamine et des prostaglandines suggère la mise en jeu d’un mécanisme proinflammatoire, avec intervention à priori des mastocytes pulmonaires et des métabolites de l’acide arachidonique.

On peut donc penser que certains traitements comme les antihistaminiques ou les anti-inflammatoires, en particulier corticoïdes, devraient être efficaces.

En pratique, on sait qu’il y a une résistance aux traitements dans la toux idiopathique.

Les résultats de ce travail pourraient donc seulement dire qu’il y a un certain nombre de voies métaboliques qui sont mises en jeu, et dont témoigne l’augmentation de certains médiateurs, mais que la mise en jeu de la toux pourrait être due à d’autres médiateurs de ces voies métaboliques, médiateurs que l’on ne connaît pas encore.

Il faudrait donc décortiquer plus avant les phénomènes métaboliques liés à la toux.

Il semble qu’actuellement l’expectoration induite puisse apporter de nombreuses informations sur le poumon profond, et certainement à l’avenir on peut penser qu’il y aura une « numération formule » de l’expectoration au même titre que la « prise de sang » de débrouillage face à une problème médical général.

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