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Chevaliers de l’allergologie, le graal a un nouveau nom : EPX !!
samedi 1er novembre 2003, par
Tous les allergologues rêvent de pouvoir dépister de façon précoce un terrain atopique chez les enfants dès la naissance, et de pouvoir repérer les enfants ayant un risque plus élevé de développer un asthme et un eczéma. Ce dosage est-il utopique ou existe-t-il dés maintenant ?
Protéine éosinophile x urinaire, atopie et symptômes évocateurs d’une affection allergique chez les enfants de 3 ans : Gore C, Peterson CG, Kissen P, Simpson BM, Lowe LA, Woodcock A, Custovic A ; National Asthma Campaign Manchester Asthma and Allergy Study Group.
North West Lung Centre, Wythenshawe Hospital, Manchester, United Kingdom
dans J Allergy Clin Immunol. 2003 Oct ;112(4):702-8.
La protéine éosinophile x urinaire (U-EPX) est facile à doser chez les enfants. Cependant, son utilisation en terme de valeur prédictive, de diagnostic et de suivi de l’asthme et de l’atopie n’est pas claire.
– Objectif de l’étude : Les auteurs ont étudié les relations entre l’U-EPX et les phénotypes cliniques suggestifs de maladies allergiques.
– Méthodes :
* La mesure du taux d’U-ECP (RIA), un questionnaire respiratoire et des tests cutanés, ont été effectués à l’âge de 3 ans chez 903 enfants suivis depuis la naissance dans le cadre d’une étude prospective.
* Les mesures des résistances des voies aériennes ont été mesurées chez 503 enfants asymptomatiques par une pléthysmographie corps total en respiration normale.
– Résultats :
* les enfants non atopiques avec des sifflements ou un eczéma ont une légère augmentation d’U-EPX par rapport aux enfants non atopiques asymptomatiques.
* Les taux U-EPX (rapport moyenne géométrique/créatinine) sont les suivants :
** enfants asymptomatiques non atopiques (n=313), 61.3 microg/nmol (IC95%, 56.4-66.6 microg/mmol) ;
** enfants non atopiques avec des sifflements (n=148), 71.2 microg/mmol (IC95%, 63.2-80.1 microg/mmol),
** enfants non atopiques avec de l’eczéma (n=90), 65.7 microg/mmol (IC95%, 56.7-76.2 ),
** enfants non atopiques avec sifflements et eczéma (n=86) 79.9 microg/mmol (IC95%, 67.4-94.3).
* Les enfants qui ont une atopie précoce au début de leur vie ont un augmentation significative des taux d’U-EPX à l’age de 3 ans
** non atopique à 1 ans et 3 ans (n=263) 63.4 (IC95% : 58.4-69) et
** atopique à 1 an mais pas à 3 ans (n=24) 65.1 (IC95% 43.8-97.7)
** non atopique à 1 an et atopique à 3 ans (n=62) 90 (IC95% 74.6-108.4),
** atopique à 1 an et 3 ans (n=35) 111.5 (IC95% 89.2-139.3) ; p<0.002).
* L’atopie seule et avec des sifflements, de l’eczéma ou les deux est associée à des taux significativement plus élevé (p<0.0001).
* Les sifflements sont associés à des taux plus élevés de U-EPX par rapport à l’eczéma à la fois chez l’atopique et les enfants non atopiques.
* Les taux les plus élevés sont notés chez les enfants atopiques avec des antécédents de sifflements et d’eczéma (p<0.0001).
* Il n’y a pas de relation entre le taux de U-EPX et la fonction respiratoire.
– Conclusion : Les taux d’U-EPX reflètent la présence d’un terrain atopique et de symptômes associés, et doivent être utiles dans le suivi de la progression de la maladie atopique.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que le taux d’EPX urinaire est un bon marqueur de l’atopie avec des sifflements et/ou de l’eczéma et permet de repérer les enfants à risque dès la naissance qui vont présenter parallèlement à ce terrain atopique un élévation du taux d’EPX très significative par rapport aux non atopiques.
De plus en plus les immunologistes conseillent d ’intervenir de façon précoce dans la prise en charge de l’allergie de l’enfant en raison de la plasticité du système immunitaire durant les 5 premières années de vie qui permet de rectifier une mauvaise différenciation vers une réponse de type allergique.
Cependant, les mesures qui pourraient être envisagées se heurtent au fait qu’il est difficile de porter de façon précise un diagnostic d’allergie chez le tout petit.
Un marqueur fiable représenterait donc un progrès majeur pour le dépistage et la prise en charge précoce de ces futurs atopiques.
Doser les médiateurs éosinophiliques n’est pas nouveau, de nombreuses études s’étant plutôt intéressées au dosage de l’ECP plasmatique. L’EPX, autre médiateur de l’éosinophile à l’avantage de pouvoir se doser dans les urines avec donc une exploration simple et non traumatisante.
Le taux est franchement élevé chez l’atopique par rapport au non atopique surtout s’il y a des sifflements et de l’eczéma. Il semble que le sifflement en lui même soit un facteur d’élévation, ce qui traduit la précocité de l’inflammation à éosinophiles chez ces enfants petits.
Il faut d’autres études pour confirmer d’une part ces résultats, et surtout savoir comment les utiliser.
Cela permettra-t-il de préconiser l’administration de substance stimulant les TH1 comme des LPS bactériens ou de réaliser précocement un apport alimentaire de facteurs probiotiques ? A voir…
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