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Variation sur un thème connu : non chéri pas ce soir, j’ai pas mal à la tête, j’ai de l’asthme !!
jeudi 6 novembre 2003, par
Certaines asthmatiques décrivent une aggravation prémenstruelle de leur asthme avec un retour mensuel de cette symptomatologie. Faut-il ou non attendre un effet bénéfique d’un traitement séquentiel par Estradiol ? Et pour quelles patientes ?
Estradiol dans l’asthme sévère avec aggravation prémenstruelle. : Ensom MH, Chong G, Beaudin B, Bai TR.
Mary HH Ensom PharmD FASHP FCCP FCSHP, Professor, Faculty of Pharmaceutical Sciences, University of British Columbia, Vancouver, British Columbia, Canada ; Clinical Pharmacy Specialist, Pharmacy Department, Children’s & Women’s Health Centre of British Columbia, Vancouver.
dans Ann Pharmacother. 2003 Nov ;37(11):1610-1613
– Objectif de l’étude : décrire les effets bénéfiques de l’estradiol (E) chez une femme asthmatique grave présentant une aggravation prémenstruelle de son asthme.
– Cas clinique : Une femme blanche de 50 ans, ayant des antécédents d’asthme sévère cortico-dépendant depuis 14 ans, et ayant une aggravation mensuelle prémenstruelle, a été randomisée pour recevoir de l’E à 2 mg ou un placebo pendant 6 jours lors de la dernière phase lutéale (jours 23 à 28) lors de 2 cycles menstruels successifs.
– Résultat :
* En dépit de plus fortes prises de prednisolone et de béta agoniste durant la phase lutéale du cycle sous placebo, la patiente a ressentie une amélioration des symptômes d’asthme, de la fonction pulmonaire et des valeurs du débit mètre de pointe, ainsi bien que des valeurs plus basses des bio marqueurs de l’inflammation bronchique durant la même période sous estradiol lors de cette dernière phase du cycle.
– Discussion :
* Cette réponse de la patiente à l’E est contradictoire avec les résultats d’études randomisées et contrôlées de patientes ayant un asthme modéré bien contrôlé.
* Cette réponse différente dans ce cas par rapport à la majorité des patientes de ces études randomisées, suggère que l’asthme prémenstruel pourrait bénéficier d’une bonne réponse thérapeutique par l’E lorsqu’il s’agit d’un asthme grave.
– Conclusion :
* L’administration d’E pendant la phase lutéale du cycle chez une femme ayant un asthme sévère avec une aggravation prémenstruelle améliore les symptômes d’asthme, la fonction pulmonaire, le débit mètre de ponte, et diminue la sécrétion de l’EPX et des leucotriènes E4.
* Ainsi le rôle potentiel de l’E chez les femmes ayant un asthme sévère avec une aggravation prémenstruelle doit faire l’objet d’investigations futures pour ce sous groupe particulier.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’administration d’E pendant la phase lutéale du cycle chez une femme ayant un asthme sévère avec une aggravation prémenstruelle, améliore les symptômes d’asthme, la fonction pulmonaire, le débit mètre de pointe, et diminue la sécrétion de l’EPX et des leucotriènes E4.
Un traitement par E peut donc améliorer certains asthmatiques.
L’intérêt de ce travail est de montrer que les études randomisées classiques contre placebo avec groupe contrôle, et qui sont considérées comme la référence scientifique absolue pour démontrer l’effet bénéfique d’un traitement peuvent être prises en défaut. Ainsi, les études précédentes n’ont pas montré d’effets bénéfiques de l’E chez des femmes asthmatiques ayant une aggravation prémenstruelle. Mais il y a eu un « gommage » des patientes les plus sévères, qui représentent un sous groupe certainement d’effectif réduit, mais qui devraient réellement avoir un effet bénéfique de ce traitement hormonal.
Il est important de se rappeler que des sous groupes de patients disparaissent dans les études portant sur de larges effectifs et que le rapport de cas cliniques est important pour relativiser ou réfléchir à ces résultats globaux.
A cette époque où on ne jure de l’efficacité d’un traitement que par la qualité d’études portant sur un grand nombre de patients, il faut faire attention de ne pas faire passer à la « trappe » des traitements qui feraient le plus grand bien à certains patients, dont souvent les plus sévèrement atteints.
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