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Traitement de l’asthme : les « vieux » avaient raison, faut soigner l’estomac et le nez !!
jeudi 20 novembre 2003, par
Peut-on prévoir la gravité d’un asthme ? Ou pour le dire autrement est-il possible d’individualiser des facteurs de risque pour développer un asthme grave ce qui pourrait permettre de disposer de cibles d’actions thérapeutiques pour améliorer le traitement de l’asthme ? Réponse dans cette étude.
Facteurs favorisants et provocants la sévérité d’un asthme et profils thérapeutiques utilisés par les patients pris en charge dans une unité spécialisée dans l’asthme. : Liou A, Grubb JR, Schechtman KB, Hamilos DL.
Department of Pediatrics (Dr. Liou), Department of Internal Medicine (Dr. Grubb), Division of Biostatistics (Dr. Schechtman), and Division of Allergy & Immunology (Dr. Hamilos), Washington University School of Medicine, St. Louis, MO.
dans Chest. 2003 Nov ;124(5):1781-8
– Objectif de l’étude : Evaluer la prévalence des facteurs spécifiques considérés comme pouvant provoquer ou favoriser de l’asthme dans une population de patients consultants dans une clinique spécialisée dans l’asthme et déterminer si l’un de ces facteurs est associé avec une évolution plus sévère de l’affection ; et également évaluer l’utilisation des stéroïdes inhalés en fonction de la sévérité de l’asthme dans cette population et la comparer avec les recommandations éditées par la National Heart, Lung and Blood institute.
– Méthodologie :
* Il s’agit d’un travail rétrospectif de tous les nouveaux patients vus dans un service spécialisé dans la prise en charge de l’asthme sur une période de 2.5 ans avec prise en compte de la prévalence de 14 facteurs provocants ou favorisants l’asthme, tenant compte de la sévérité de l’asthme et l’intensité du traitement par corticoïdes inhalés pour chaque patient.
* Les patients ont été répartis en asthme léger versus modéré à sévère et comparé (test chi2) avec une analyse en régression logistique pour déterminer si certains facteurs sont associés avec une sévérité plus importante de l’asthme.
– Mesures et résultats :
* Le nombre moyen de facteurs relevés est de 2.9 +/- 1.8 dans le groupe d’asthme léger et 3.5 +8- 1.6 dans le groupe d’asthme modéré à sévère. Cette différence est statistiquement significative (p<0.014).
* Un age plus élevé, un sexe masculin, un reflux gastro-oesophagien symptomatique, une sinusite chronique sont associés de façon indépendante avec un asthme plus sévère.
* Les doses minimales de corticoïdes inhalés sont plus fréquemment utilisées chez les patients ayant une asthme persistant modéré mais ces doses sont également notées dans les asthme légers et dans le groupe d’asthme modéré/sévère.
* Aucune relation n’a été trouvée en fonction de la sensibilisation à des allergènes en corrélation avec une exposition aux chats, chiens, acariens, moisissures dans l’asthme sévère.
– Conclusions :
* Cette étude confirme des études précédentes qui montraient, que le reflux symptomatique et la sinusite chronique sont des facteurs de comorbidité importants chez des patients asthmatiques, les 2 facteurs étant associés à une plus grande sévérité de l’asthme.
* Cette étude montre que les doses de corticoïdes inhalés utilisés dans le traitement de l’asthme sont minimales par rapport aux recommandations des guidelines pour la majorité des patients compte tenu du stade de leur asthme.
Les auteurs, sur une étude rétrospective, confirment que les facteurs de sévérité de l’asthme sont le reflux symptomatique et une sinusite chronique, alors que la sensibilisation n’est pas un facteur de gravité. D’autre part les traitements corticoïdes inhalés sont certainement insuffisants chez la plupart des patients.
Et bien, nous avons un début de réponse à l’interrogation que nous portions sur l’étiologie des formes d’asthme sévères dans un article précédent.
Il existe une association avec des facteurs de comorbidité que sont le reflux et la sinusite chronique. Il s’agit d’éléments déjà connus de nos anciens, mais qui sont un peu tombés en désuétude ou du moins que l’on néglige parfois, toute la prise en charge thérapeutique étant dominée par les sprays inhalés bronchiques.
Il est intéressant de constater que ces 2 affections ont un traitement spécifique, le traitement bronchique n’étant pas actif à ces niveaux.
On peut donc comprendre qu’ils entretiennent un asthme avec échec des traitements réputés efficaces.
Plus que jamais, il faut donc rappeler que l’asthme est une affection multifactorielle et que l’on ne saurait résumer sa prise en charge seulement à la prescription d’inhalateurs.
Le 2ème point de cet article est le décalage observé entre la symptomatologie, les doses préconisées de corticoïdes inhalés recommandées et celles réellement prises.
Il faut cependant préciser que la prise en charge des facteurs associés permettrait de réduire sans risque la dose nécessaire de corticoïdes inhalés.
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