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Mécanisme de la désensibilisation : empêcher que l’allergène se présente trop bien.
dimanche 23 novembre 2003, par
L’efficacité de la désensibilisation a été démontrée par de nombreuses publications. Toutefois, les mécanismes exacts impliqués restent encore trop souvent au stade d’hypothèse. Ici, les auteurs, dans une étude très élégante ayant recours à la cytométrie en flux, apportent des éléments concrets.
Inhibition par les IgG du complexe allergène-IgE se liant aux cellules B après désensibilisation aux pollens de graminées. : Petra A. Wachholz, PhDa Nanna Kristensen Soni, PhDb Stephen J. Till, MD, PhDa Stephen R. Durham, MDa
aUpper Respiratory Medicine, Imperial College School of Medicine at the National Heart and Lung Institute, London, UK
bALK-Abelló, Hørsholm, Denmark
dans JACI November 2003 • Volume 112 • Number 5
– CONTEXTE.
* Chez les individus atopiques, les niveaux d’IgG spécifiques de l’allergène sont inversement associés au degré de sensibilisation allergénique.
* De plus, les IgG spécifiques de l’allergène sont nettement augmentées par les injections d’immunothérapie spécifique.
* Ces observations permettent de penser que les IgG spécifiques de l’allergène puissent avoir des propriétés protectrices chez les sujets atopiques.
– OBJECTIF.
Nous avons émis l’hypothèse qu’après l’immunothérapie par les pollens de graminées, ces anticorps rompent les complexes immuns allergène-IgE lors du contact avec la cellule présentatrice de l’antigène.
– METHODES.
* A l’aide de la cytométrie en flux, nous avons développé une nouvelle méthode de détection du complexe allergène-IgE au niveau des récepteurs de faible affinité des IgE sur les cellules B afin d’examiner les effets bloquants des sera collectés chez 18 patients qui ont participé à une étude en double-aveugle, contrôlée concernant l’immunothérapie aux pollens de graminées sur un an.
– RESULTATS.
* Chez les 10 patients ayant reçu l’immunothérapie spécifique, il existait l’induction d’une activité qui inhibait la liaison du complexe allergène-IgE aux cellules B (P=0,02, contre les sujets placebo), en plus de la présentation ultérieure aux cellules T.
* Cette activité copurifiée avec les IgG, était spécifique de l’allergène, du fait que les sera obtenus des patients traités par l’immunothérapie aux pollens de graminées mais qui étaient aussi sensibles au pollen de bouleau n’inhibaient pas la liaison des complexes IgE-pollen de bouleau aux cellules B.
– CONCLUSION.
Nous concluons que les IgG spécifiques de l’allergène induites par immunothérapie spécifique peuvent rompre la formation des complexes allergène-IgE qui se lient aux cellules présentatrices de l’antigène et facilitent la présentation de l’allergène.
Les IgG spécifiques de l’allergène qui apparaissent au cours d’une immunothérapie spécifique ont déjà été impliquées dans certaines hypothèses, comme marqueur et aussi dans l’efficacité de cette thérapeutique.
On parlait alors d’anticorps bloquants qui seraient allé saturer les sites antigéniques empêchant la réactivité spécifique avec l’IgE.
Cette hypothèse, pour séduisante qu’elle paraisse, rendait compte assez difficilement de l’action tissulaire de l’immunothérapie c’est à dire au niveau du mastocyte.
D’après ce résumé, on peut comprendre que les IgG spécifiques de l’allergène vont empêcher l’interaction entre cet allergène et les IgE membranaires des cellules B matures.
Ces immunoglobulines membranaires ou BcR (B cell antigen receptor) permettent lorsqu’elles sont sollicitées par l’allergène d’activer la cascade des signaux de transduction et l’internalisatation ainsi que la remodélisation des antigènes (processing). Tout cela aboutira à la maturation de plasmocytes sécréteurs de cette IgE spécifiques et de cellules B mémoire.
Ainsi, l’action de blocage existe certes, mais en amont du processus allergique, lors de la synthèse des IgE.
Il s’agit d’une théorie qui tient la route et qui est bien séduisante.
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