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Docteur votre médicament ne me fait pas du bien ! Réponse : C’est la tête, mon ami…
samedi 13 décembre 2003, par
Les malades sont souvent réticents pour prendre des médicaments au long cours et il faut bien leur expliquer l’intérêt de ces traitements de fond. Encore faut-il être certain que l’on fera du bien au patient et non du mal. L’allergologie étant une science maléfique, l’allergie est hélas au coin de la rue ou du moindre traitement !!
Angio-œdème et dysphagie secondaire à une allergie de contact par du budésonide inhalé. : Pirker C, Misic A, Frosch PJ.
Department of Dermatology, Klinikum Dortmund gGmbH, University of Witten/Herdecke, Beurhausstrasse, Dortmund, Germany
dans Contact Dermatitis. 2003 Aug ;49(2):77-9
Les corticoïdes inhalés peuvent entraîner des effets indésirables variés allant de l’irritation au choc anaphylactique en passant par l’eczéma de contact.
– Objectif de l’étude et résultats :
* Les auteurs rapportent l’observation d’une femme de 43 ans qui a développé une douleur de la gorge, un œdème des lèvres et de la cavité buccale avec une dysphagie, 2 semaines après l’utilisation d’un spray de budésonide pour le traitement d’un asthme bronchique.
* Les symptômes apparaissaient après un délai de 3 à 4h lors du traitement biquotidien.
* Il n’y avait pas de réaction immédiate au prick test ni en IDR avec le produit commercial utilisé par le patient. Cependant, une infiltration prurigineuse se développait dans les 24h, évoluant vers une lésion eczémateuse après 2 jours.
* De plus une œdème sévère du la paupière droite a été observé.
* Aux patch-tests, le test avec le budesonide est fortement positif après 2 à 3 jours pour une concentration de 1% pour 10 ppm. D’autres corticoïdes du groupe A, B, C, D sont totalement négatifs.
* Des tests ouverts répétés sur la face antérieure du bras avec amcinonide et triamcinolone sont restés négatifs.
* Une exposition bronchique à des sprays contenant alternativement dipropionate de beclometasone (D), fluticasone (D) et dexamethasone (C) a été bien tolérée.
– Conclusion : Ce cas est instructif car les symptômes développés après une courte période d’inhalation du corticostéroïde évoquent une manifestation allergique de type I. Les tests ont prouvé en réalité une allergie sévère de type IV de contact restreinte au budésonide (groupe B) sans allergie croisée avec les autres stéroïdes majeurs de ce groupe.
Les auteurs rapportent l’histoire d’une patiente asthmatique qui a développé des manifestations évocatrices d’une allergie immédiate. En réalité il s’agit d’une hypersensibilité démontrée de type 4 au budésonide utilisé en spray par la patiente pour traiter son asthme. Il n’y a pas d’allergie croisée avec d’autres corticoïdes.
Ce cas clinique est intéressant car il évoque une pathologie qui est certainement beaucoup plus fréquente qu’il n’y parait en raison de la difficulté à la mettre en évidence.
En effet, comme pour la rhinite allergique, une fois le patient mis sous corticoïdes locaux, une aggravation ou une absence d’amélioration fait suspecter une mauvaise observance thérapeutique ou une insuffisance du traitement, et conduit le plus souvent à augmenter les doses de corticoïdes inhalés. Il faut donc de façon systématique évoquer la possibilité d’une allergie au corticoïde, et bien interroger le malade sur la tolérance, les signes cliniques immédiats qui suivent la prise du spray.
Dans notre expérience, des patients ont présenté de façon anormale une rhinite avec éternuements lors de l’utilisation de certains sprays, évoquant une intolérance ou une allergie soit à la molécule soit au gaz diffuseur.
Bref, il ne faut donc pas hésiter à faire des tests en cas de doute.
Les tests immédiats sont négatifs ici car le mécanisme est de type 4 avec une apparition rapide, et surtout le critère retardé est masqué par la prise bi quotidienne.
Il ne faut donc pas hésiter à faire des patch-tests d’autant que des produits standardisés sont disponibles sous forme d’une batterie spécifique disponible dans le commerce.
Vigilance donc car sans doute de nombreux patients qui ne répondent pas à nos traitements devraient systématiquement faire l’objet d’une telle évaluation.
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