Les polypes dans le nez, ça n’est pas sein

vendredi 19 décembre 2003 par Dr Stéphane Guez32230 visites

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Les polypes dans le nez, ça n’est pas sein

Les polypes dans le nez, ça n’est pas sein

vendredi 19 décembre 2003, par Dr Stéphane Guez

La polypose reste une affection largement méconnue dans les mécanismes de son développement, avec un traitement qui n’est pas très satisfaisant, étant le plus souvent symptomatique sans agir sur la cause initiale responsable de la polypose. Y a-t-il des gènes qui prédisposent à cette affection et lesquels ?

Expression des gènes de la muqueuse nasale chez des patients ayant une rhinite allergique avec ou sans polypes. : Stephen B. Fritz, MDa Jeffrey E. Terrell, MDb Edward R. Conner, MDa Jolanta F. Kukowska-Latallo, PhDa James R. Baker, MDa

aCenter for Biologic Nanotechnology, Division of Allergy and Clinical Immunology, Ann Arbor, Mich, USA
bDepartment of Otolaryngology, The University of Michigan Medical Center, Ann Arbor, Mich, USA

dans JACI December 2003 • Volume 112 • Number 6

Les polypes nasaux sont fréquents, difficiles à diagnostiquer et à traiter, en grande partie parce que le mécanisme physiopathologique des polypes est inconnu.

Bien que les informations sur la physiopathologie des polypes manquent, des données suggèrent qu’une prédisposition génétique soit sous-jacente à cette affection.

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont cherché à mieux comprendre les raisons de la polypose nasale associée avec la rhinite allergique. L’hypothèse a été que l’expression de gènes particuliers soit responsable du phénotype polypose nasale.

 Méthodologie :
* Les auteurs ont examiné l’expression de 12000 gènes humains transcrits au niveau de la muqueuse nasale de patients ayant une rhinite allergique avec ou sans polypes.
* Les biopsies de la muqueuse ont été réalisées chez des patients après arrêt des corticoïdes inhalés et généraux pendant 2 semaines.

 Résultats :
* 34 gènes sont exprimés de façon différente entre les différents groupes de patients, incluant ceux qui concernent les molécules inflammatoires et les facteurs de croissance supposés.
* La plus grande différence identifiée dans l’expression par analyse de l’ensemble des gènes, est un groupe de gènes associé au cancer, incluant la mammaglobine, un gène transcrit 12 fois plus souvent chez les patients ayant des polypes par rapport aux témoins avec rhinite seule.
* La PCR quantitative confirme cette différence d’expression et montre que le nombre de copies d’ARNm de la mammaglobine est 64 fois plus important dans le tissu des patients ayant une polypose par rapport aux témoins.
* La spécificité d’expression de cette globuline a été évaluée par immunohistochimie, qui a montré un marquage histologique spécifique au niveau des cellules seulement en provenance des polypes.

 Conclusion :
* Ces données suggèrent que les polypes nasaux sont liés à une dérégulation de la croissance cellulaire impliquant des gènes d’activation dans des conditions analogues à celles des néoplasies.
* De plus, la mammaglobine, un gène qui n’a pas de fonction connue et qui est associé au cancer du sein, pourrait être liée à la croissance des polypes.


Dans ce travail de génétique reposant sur des techniques très modernes et sophistiquées, les auteurs démontrent que les patients ayant une rhinite avec polypose nasale ont une expression accrue de certains gènes en particulier celui qui produit la mammaglobine, facteur de croissance des tumeurs du sein.

Il s’agit d’un travail intéressant d’autant qu’il y en a peu actuellement sur ce sujet pourtant de pratique quotidienne.

Jusqu’à présent, on impliquait essentiellement des anomalies du métabolisme de l’acide arachidonique et/ou des effets liés aux éosinophiles.

Les auteurs ont utilisé un technique permettant un screening d’une quantité considérable de l’expression de milliers de gènes. En croisant les résultats obtenus chez de très nombreux patients avec ou sans polypose, ils ont pu mettre en évidence une augmentation significative de l’expression de certains gènes dont celui qui produit un facteur de croissance de tumeurs du sein, la mammaglobine. Comme beaucoup de molécules en immunologie, cette globine a des actions sur le tissu mammaire mais également sur d’autres tissus favorisant la croissance et la multiplication cellulaire.

Reste à savoir si ce gène activé est réellement responsable des polypes. Car alors on peut se demander pourquoi les polypes ne dégénèrent pas ? Y a-t-il un facteur local qui empêche cette dégénérescence ? Auquel cas il serait intéressant de le mettre en évidence pour soigner les tumeurs du sein.

D’un autre coté, si les polypes sont des proliférations quasi tumorale, faut il utiliser une chimiothérapie locale au niveau nasal par exemple ? Bref des études complémentaires sont nécessaires pour savoir comment utiliser cette nouvelle perspective physiopathologique de la polypose.

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