Quelle misère : le boulanger trompé par sa femme et trahit pas son allergologue !!

samedi 27 décembre 2003 par Dr Stéphane Guez2080 visites

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Quelle misère : le boulanger trompé par sa femme et trahit pas son allergologue !!

Quelle misère : le boulanger trompé par sa femme et trahit pas son allergologue !!

samedi 27 décembre 2003, par Dr Stéphane Guez

Le diagnostic d’asthme professionnel chez les boulangers repose en grande partie certes sur l’interrogatoire mais également sur les tests cutanés, les tests de provocation bronchique n’étant pas réalisables partout. Mais ces tests cutanés sont-ils fiables vis-à-vis de la farine de blé et de seigle ?

Comparaison entre des tests cutanés à la farine de blé et de seigle en solution pour le diagnostic d’asthme du boulanger. : I. Sander, R. Merget, P. O. Degens, N. Goldscheid, T. Brüning, M. Raulf-Heimsoth

Research Institute for Occupational Medicine of the Berufsgenossenschaften (BGFA), Institute of the Ruhr-University Bochum, Bochum, Germany

dans Allergy 59 (1), 95-98

Les tests cutanés sont très importants pour faire le diagnostic d’asthme professionnel du boulanger et pour l’étude de la fréquence des sensibilisations en milieu professionnel.

 L’objectif de ce travail a été de comparer les différentes solutions de farine de blé et de seigle utilisées sur le plan cutané, et d’évaluer la pertinence des résultats.

 Méthodologie  :
* Des tests cutanés à la farine de blé et de seigle ont été réalisés en parallèle avec des extraits de différents laboratoires d’allergènes et les résultats ont été comparés à un test de provocation bronchique avec les 2 sortes de farine (69 test à la farine de seigle et 51 tests à la farine de blé).
* De plus, des RAST à la farine de blé et de seigle ont été réalisés.
* Les solutions utilisées pour les tests cutanés ont été analysées afin de déterminer le contenu en protéine avec une électrophorèse de type SDS-PAGE.

 Résultats :
* Les solutions utilisées pour les tests cutanés dans le diagnostic de sensibilisation aux farines de blé et de seigle de 3 compagnies pharmaceutiques diffèrent en terme de contenu protéique et dans leurs compositions, avec des conséquences importantes sur les résultats des tests cutanés.
* L’étude des tests cutanés, par rapport aux tests de provocation bronchique qui sont la référence, montre une sensibilité de 40 à 67%, avec une spécificité de 86 à 100%, la valeur prédictive positive s’établissant autour de 81 à 100% et la valeur prédictive négative autour de 44 à 70%.
* Ces résultats ne sont pas grandement modifiés par une combinaison des différents tests et les IGE spécifiques sont un meilleur critère diagnostic.

 Conclusion ; Une amélioration et une meilleure standardisation des extraits utilisés pour les tests cutanés sont nécessaires en ce qui concerne la farine de blé et de seigle.


Dans ce travail les auteurs démontrent que les tests cutanés à la farine de blé et de seigle n’ont pas une bonne sensibilité ni une bonne spécificité lorsqu’ils sont comparés au standard diagnostic représenté par le test de provocation bronchique. Le dosage des IgE spécifiques est plus intéressant.

Ce travail pratique apporte des informations très importantes sur la qualité des tests cutanés utilisés pour le diagnostic d’asthme à la farine de blé ou de seigle.

Il est certainement vrai qu’également pour d’autres allergènes malheureusement la qualité des allergènes n’est pas suffisante pour permettre un diagnostic certain d’allergie.

Cela doit donc conduire à une attitude de prudence vis-à-vis d’une histoire clinique très évocatrice d’allergie avec un test thérapeutique positif mais des tests cutanés négatifs. Il peut s’agir d’un faux négatif lié à la qualité des tests cutanés utilisés. Il ne faut donc pas hésiter à réaliser un contrôle avec dosage des IgE spécifiques et lorsque cela est possible faire un test de provocation qui fera le diagnostic de certitude.

Il est contrariant dans ce travail de constater que les auteurs n’ont pas trouvé sur le marché de solutions d’allergènes plus performantes que d’autres.

Est-ce qu’un test local réalisé directement avec de la farine aurait été plus fiable ? Faut-il plutôt réaliser des tests réalistes avec la propre farine de boulangerie apportée par le patient ?

De nombreuses questions ne sont pas abordées dans ce travail qui repose sur un test non réalisable en pratique libérale, le test de provocation bronchique.

Mais soyons optimistes, l’industrie pharmaceutique en lisant les résultats de ce travail va se précipiter dans ses laboratoires de recherche pour nous fournir des réactifs de qualité.

En attendant, n’hésitons pas à demander l’aide de nos amis biologistes pour nous aider dans ce diagnostic d’allergie qui reste bien difficile.

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