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Pour diminuer la prévalence de l’asthme chez les adultes il faudrait transformer les femmes en hommes.
vendredi 16 janvier 2004, par
Les connaissances dans la physiopathologie de l’asthme ont fait des progrès important ces dernières années mais de nombreuses inconnues persistent. L’épidémiologie pourrait apporter des idées nouvelles. Il en est ainsi de ce travail qui a étudié les relations entre asthme et sexe.
Les relations entre le sexe et la prévalence de l’asthme, le recours aux services de soins et la thérapeutique, dans une vaste organisation de prise en charge médicale. : Schatz M, Camargo CA Jr.
Department of Allergy, Kaiser-Permanente Medical Care Program, San Diego, California 92111, USA. michael.x.schatz@kp.org
dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2003 Dec ; 91(6) : 553-8
Les différences liées au sexe en fonction de l’age lors de l’hospitalisation pour asthme en services d’urgences ont déjà été rapportées, mais les relations entre ces différences et la prévalence de l’asthme ainsi que le devenir des patients n’a pas été défini.
– Objectif de l’étude : Définir les relations entre le sexe et la prise en charge médicale de l’asthme ainsi que l’utilisation des traitements en tenant compte de l’age.
– Méthode :
- Des données informatiques issues d’une banque de données du sud de la Californie ont été utilisées pour identifier les asthmatiques âgés de 2 à 64 ans et qui ont été inclus d’une façon continue entre 1999 et 2000.
- La prévalence de l’asthme en fonction de l’age a été calculée pour mettre en évidence une prédominance en fonction du sexe selon les ages.
- Homme et femmes ont été comparés au regard du devenir médical après recours aux systèmes de soins pour crise d’asthme et de la nature des médicaments utilisés (béta-agonistes, corticoïdes inhalés et per os).
- Les hospitalisations, les consultations en urgence et l’utilisation des corticoïdes oraux ont été considérées comme des marqueurs de sévérité.
– Résultats :
- Parmi les 60694 patients, la prévalence femme/homme est d’environ 35/65 pour toutes les tranches d’age entre 2 et 13 ans, avec ensuite une inversion 65/35 entre 23 et 64 ans, les prévalences étant presque identiques à 14 et 22 ans.
- Chez les patients âgés de 2 à 13 ans, il y a plus de recours au système de soins et aux traitements chez les hommes (p<0.01).
- Chez les femmes âgées de 14 à 22 ans il y a plus de visites aux urgences et plus de prises de corticoïdes par voie orale que chez les hommes.
- Pour les patients âgés de 23 à 64 ans, toutes les variables concernant un recours aux soins sont significativement plus importantes chez les femmes sauf en ce qui concerne l’utilisation des béta-agonistes et le taux moyen de corticoïdes utilisés.
– Conclusions : L’asthme est plus sévère chez les hommes entre 2 et 13 ans, puis plus important chez les femmes de 14 à 22 ans avec une augmentation plus importante chez les femmes entre 23 et 64 ans. Le mécanisme de ces différences liées au sexe mérite des investigations complémentaires.
Dans ce travail les auteurs mettent en évidence sur une très large population de différences de la prévalence de l’asthme en fonction de sexe selon l’age avec des différences dans le recours au soin et l’utilisation des médicaments en fonction du sexe.
Ainsi il existe une nette augmentation de la prévalence chez les hommes dans les premières années de vie puis à la puberté une inversion avec une prédominance féminine qui s’accentue encore à l’age adulte.
Il y a une utilisation des soins qui est différente en fonction du sexe, les femmes utilisant moins souvent les béta-agonistes avec des doses plus faibles de corticoïdes inhalés.
Il y a également un recours plus fréquent aux services d’urgences pour les femmes avec peut-être une relation de cause à effet entre ces 2 données.
Le résultat le plus intéressant de ce travail est cette variation de la prévalence de l’asthme entre les sexes en fonction de l’age. Il y a certainement une relation avec des différences hormonales qui doivent avoir pour certaines des effets protecteurs (hormones masculines) et des effets délétères (hormones féminines).
L’étude ne dit pas s’il y a une influence de la contraception hormonale féminine sur la prévalence de l’asthme parmi les femmes après la puberté ni en fonction de l’age de la ménopause après 45 ans. Car c’est certainement à ce niveau qu’il pourrait y avoir une implication thérapeutique car on ne voit pas trop comment on pourrait agir de façon curative à moins de transformer les femmes en hommes.
Plus sérieusement il semble dans tous les cas que les traitements sont insuffisants chez les femmes asthmatiques et là il est possible d’intervenir rapidement et efficacement pour inverser cette tendance et diminuer ainsi le recours des femmes aux soins d’urgences.
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