Cette étude sur la dermatite atopique va faire un tabac chez les marchands de cigarettes ! !

lundi 9 février 2004 par Dr Stéphane Guez13504 visites

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Cette étude sur la dermatite atopique va faire un tabac chez les marchands de cigarettes ! !

Cette étude sur la dermatite atopique va faire un tabac chez les marchands de cigarettes ! !

lundi 9 février 2004, par Dr Stéphane Guez

Le tabac a de nombreux effets néfastes en particulier sur les voies respiratoires. D’autre part le tabagisme altère le fonctionnement normal de la peau. De la à penser qu’il y ait un lien entre dermatite atopique et tabagisme passif il n’y a qu’un pas. Mais faut-il le franchir ?

Effets d’un environnement tabagique sur l’eczéma et les sensibilisations aux allergènes chez les enfants. : Kramer U, Lemmen CH, Behrendt H, Link E, Schafer T, Gostomzyk J, Scherer G, Ring J.

Institut fur Umweltmedizinische Forschung (IUF) an der Heinrich-Heine-Universitat Dusseldorf, Auf’m Hennekamp 50, 40225 Dusseldorf Division of Environmental Dermatology and Allergology, National Research Centre for Environment and Health (GSF), Technical University Munich, Munich Department of Social Medicine, Medical University Lubeck, Lubeck Public Health Department, Augsburg Analytical Biological Research Laboratory (ABF), Munich Clinic of Dermatology and Allergology, Technical University Munich, Munich, Germany

dans Br J Dermatol. 2004 Jan ;150(1):111-118

L’effet négatif du tabagisme passif sur les voies respiratoires des enfants est bien connu. Mais il n’est pas certain qu’il y ait un effet sur l’eczéma atopique.

 Objectif de l’étude : Déterminer l’impact de la fumée de tabac sur la dermatite atopique, sur les sensibilisations aux allergènes et sur les manifestations allergiques de l’appareil respiratoire chez 1669 enfants scolarisés.

 Méthode :

  • La prévalence des manifestations atopiques a été évaluée par un questionnaire, un examen dermatologique, des tests cutanés et un dosage des IgE spécifiques.
  • L’évaluation de l’environnement a été réalisé par la mesure de la cotinine (rapport cotinine sur créatinine) dans un échantillon d’urines (n=1220) ainsi qu’avec un questionnaire et un interrogatoire sur les habitudes tabagiques des parents.

 Résultats :

  • Dans le groupe étudié, la prévalence de la dermatite atopique diagnostiquée par un examen clinique est significativement corrélée au taux de cotinine dans les urines. Le odd ratio et l’intervalle de confiance sont, pour une augmentation de 100 ng mg-1 de 1.97 et (2.3-3.16).
  • La prévalence des manifestations cutanées en rapport avec le questionnaire, comme les antécédents d’asthme, de sifflements et de pollinose sont positivement corrélés bien que de façon non significative avec l’exposition à la fumée de tabac.
  • Lorsque des enfants ayant un terrain génétique à risque (parents atopiques) ont été comparés à des enfants sans antécédents, le odd ratio du devenir des variables d’allergie est généralement plus élevé dans le premier groupe.
  • Dans le groupe des enfants prédisposés, des associations significatives sont notées avec les taux urinaires de cotinine pour les allergie aux acariens de la poussière de maison évaluées par tests cutanés (OR : 3.1, IC95% : 1.63-5.9).

 Conclusions : Les enfants ont un risque élevé de développer un eczéma atopique lorsqu’ils sont exposés à la fumée de tabac et les enfants génétiquement prédisposés ont plus de risque de se sensibiliser vis-à-vis des acariens.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’exposition au tabagisme passif augmente de façon significative la prévalence de la dermatite atopique et que chez des enfants à risque (parents atopiques) ce tabagisme passif augmente de façon significative le risque de sensibilisation aux acariens de la poussière de maison.

Décidément le tabac cause des ravages et il agresse de façon sévère les enfants.

Il n’est pas question de remettre en question l’impact négatif du tabagisme passif sur les voies respiratoires des enfants. Il nous semble par contre difficile de penser que le tabac puisse réellement être la cause de la dermatite atopique et l’expérience des patients vus en consultation ne permet pas de penser que le tabagisme passif soit un facteur prépondérant dans l’apparition de cette affection.

Il est difficile de penser aussi qu’il n’y ait pas d’autres facteurs confondants pour expliquer l’augmentation du risque allergique chez ces enfants.

Tout ceci non pour remettre en cause le fait qu’il est contre-indiqué de fumer en présence d’enfants en particulier de nouveaux nés mais qu’il serait certainement faux de penser que l’arrêt du tabac permettra réellement de stopper la progression des affections allergiques dans nos pays développés.

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