Le gène au secours de la gêne à l’aller-gène : enfin une désensibilisation sans gêne !

jeudi 4 mars 2004 par Dr Stéphane Guez1568 visites

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Le gène au secours de la gêne à l’aller-gène : enfin une désensibilisation sans gêne !

Le gène au secours de la gêne à l’aller-gène : enfin une désensibilisation sans gêne !

jeudi 4 mars 2004, par Dr Stéphane Guez

Il y a peu dans ces colonnes nous nous faisions l’écho des recherches portant sur des produits de désensibilisation à la fois efficaces et sans danger. Mais ces produits, associant à l’allergène un fragment d’ARN, diminuent t-ils réellement in vivo la réponse inflammatoire allergique lors d’une stimulation allergénique ?

La désensibilisation par le conjugué immunostimulant oligodeoxynucleotide Amb a 1 diminue la réponse inflammatoire nasale. : Meri K. Tulic, PhDa Pierre-Olivier Fiset, BSca
Pota Christodoulopoulos, PhDa Patrice Vaillancourt, MSca
Martin Desrosiers, MDb
François Lavigne, MDb
Joseph Eiden, MDc Qutayba Hamid, MD, PhDa

aMeakins-Christie Laboratories, McGill University, Montreal, Quebec, Canada
bCentre Hospitalier de I’Université de Montréal, Montreal, Quebec, Canada
cDynavax Technologies Corp, Berkeley, Calif, USA

dans JACI February 2004 • Volume 113 • Number 2

Le conjugué oligonucléotide immunostimulant Amb a 1 (AIC) est un nouveau composé de l’immunothérapie formé par l’allergène Amb a 1 purifié à partir des protéines d’ambroisie, et lié de façon covalente à un oligodeoxyribonucleotide phosphothioate aux propriétés immunostimulantes.

Chez l’animal sensibilisé, le AIC peut stimuler une réponse Amb a 1 spécifique de type TH1, et diminue la réactivité pulmonaire lors d’un test de provocation à l’ambroisie.

Des essais cliniques ont démontré une diminution de la réponse allergique avec l’ACI par rapport à des extraits classiques d’ambroisie.

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont cherché à déterminer les effets, in vivo, d’une courte immunothérapie par AIC sur l’évolution du taux des éosinophiles et de l’expression de l’ARN des cytokines de la muqueuse nasale de patients sensibilisés à l’ambroisie.

 Méthode :

  • Des patients sensibilisés à l’ambroisie et ayant une rhinite allergique ont été traités avec 6 doses croissantes d’AIC (0.06 à 12 microg, n=28) ou par un placebo (n=29) à une semaine d’intervalle juste avant la saison 2001 de l’ambroise.
  • Un sous groupe de patients (12 recevant de l’AIC et 7 recevant un placebo) ont accepté une biopsie nasale avant et après la désensibilisation, avant et après la saison d’ambroisie.
  • Les biopsies avant et après la saison ont été recueillies 24h après un test de provocation à l’ambroisie, et comparées à la biopsie initiale réalisée en dehors d’un test, pour évaluer la réponse à l’immunothérapie en terme de modification de la production cytokines et des cellules inflammatoires (dosages par immunocytochimie et par hybridation in situ).

 Résultats :

  • Les AIC sont effets indésirables et bien tolérés par tous les patients.
  • Il n’y a pas de différences entre AIC et placebo en terme de réponse à l’allergène par production de MBP (major basic protein), IL4, IL5 ou IFN gamma dans la muqueuse durant la première semaine de désensibilisation.
  • Par contre lors d’un nouveau test avec nouvelle biopsie, après la saison d’ambroisie 2001, les patients traités par AIC ont une diminution significative du nombre des éosinophiles et de cellules IL4 positives, avec une augmentation des cellules IFN gamma positives par rapport aux patients traités par placebo.
  • Lors de la 2° saison d’ambroisie, il y a une diminution significative des manifestations pulmonaires et une évolution vers une diminution des manifestations cliniques nasales dans le groupe traité par AIC.

 Conclusion :

  • Une courte immunothérapie avec AIC peut modifier la réponse de la muqueuse nasale à un test de provocation, avec une augmentation de la réponse de type TH1 et une diminution de la réponse TH2 et de l’éosinophilie.
  • Cette modification n’est pas immédiate mais s’observe 4 à 5 mois après la fin du protocole de désensibilisation et une exposition saisonnière à l’allergène.
  • La bascule entre les sous-populations lymphocytaires TH1/TH2 après la désensibilisation et l’exposition pollinique est suivie par une amélioration clinique réelle lors de la 2° saison pollinique sans qu’il soit nécessaire de pratiquer une nouvelle désensibilisation.

Les auteurs démontrent qu’un composé associant un fragment de l’antigène majeur de l’ambroisie à une séquence immunostimulante d’ADN peut être utilisé pour une désensibilisation pré saisonnière avec un effet durable sur les manifestations cliniques et les marqueurs inflammatoires dans la rhinite allergique à l’ambroisie.

Ce travail est en fait l’aboutissement sur le plan clinique de recherches menées par cette équipe pour mettre au point une nouveau composé allergénique modifiant l’immunothérapie classique.

Avec ce produit les auteurs démontrent qu’une seule cure courte d’injections croissantes administrées en pré saisonnier permet d’avoir une action non seulement lors de la première saison pollinique mais également la 2° année avec une amélioration des symptômes et une diminution significative des marqueurs de l’inflammation au niveau de la muqueuse nasale.

Il n’ y a eu aucun effet indésirable.

Le faible nombre de patients inclus est compensé par la qualité des moyens mis en oeuvre avec en particulier de nombreuses biopsies.

On voit donc que l’association adjuvante de séquences d’ADN est un cofacteur stimulant efficacement la réponse TH1, spécifique de l’allergène qui lui même n’a pas les capacités de se lier aux IgE.

Il s’agit donc d’une nouvelle voie de désensibilisation qui devrait être disponible dans un avenir très proche.

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