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Tabac et irritants : quel mélange détonant
mardi 9 mars 2004, par
Les auteurs ont étudié l’impact sur les voies respiratoires que pouvait représenter le fait de travailler dans des manufactures d’armes où l’exposition aux solvants est chronique. Les coupables ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Paramètres respiratoires chez les ouvriers de manufactures d’armes exposés aux solvants : Cakmak A, Ekici A, Ekici M, Arslan M, Iteginli A, Kurtipek E, Kara T.
Department of Public Health, Medical Faculty, Kirikkale University, Turkey
dans Respir Med. 2004 Jan ;98(1):52-6
Les ouvriers de manufactures d’armes sont exposés à de nombreux solvants (toluène, acétone, butanol, xylène, benzène, trichloréthylène). Nous avons étudié si une exposition chronique aux solvants avait un effet délétère sur le système respiratoire.
– Matériel et méthodes :
- les ouvriers ont rempli un questionnaire, questionnaire respiratoire modifié de l’association de recherche médicale (Medical Research Council), avant de démarrer l’équipe du matin.
- Puis on a procédé à un examen clinique et à une exploration fonctionnelle respiratoire grâce à un spiromètre portable.
- Le groupe étudié comportait 1091 ouvriers.
- Ils ont été regroupés en fonction de leurs habitudes tabagiques (fumeurs : exposés n=353, vs non-exposés n=339 et non-fumeurs : exposés n=58 et non-exposés n=341).
- La symptomatologie liée à l’asthme était définie en asthme certain, asthme probable et asthme possible.
– Résultats :
- Chez les non-fumeurs, la survenue de symptomatologie d’asthme était plus fréquente dans le groupe exposé que dans le groupe non-exposé (50.7% vs. 21.7% OR 2.4 (1.3-4.3), respectivement p=0.003).
- L’analyse de régression logistique montrait que le tabagisme et l’exposition aux solvants étaient des facteurs de risque indépendants dans la survenue de manifestations asthmatiques.
- L’analyse de régression logistique a identifié que le tabagisme (OR 1.4(1.1-1.9) p=0.00001) était des facteurs de risque indépendants dans la survenue de bronchite chronique (dans cette dernière phrase, il n’y a qu’un seul élément pris en compte, le tabagisme et il ne peut donc pas y avoir de comparaison, les auteurs ont-ils oublié de noter aussi l’exposition aux solvants ???).
- Une analyse de régression linéaire à variable multiple des paramètres ventilatoires (VEMS, VEMS/CVF, DEM 25-75) mettait en évidence les effets significatifs du tabagisme.
Cette étude analyse donc l’effet de l’exposition à des solvants sur les paramètres ventilatoires. Le groupe étudié comportait 1091 ouvriers travaillant dans des manufactures d’armes
dont
692 fumeurs et 399 non-fumeurs. Chez les non-fumeurs, les manifestations asthmatiques étaient plus fréquentes dans le groupe exposé que dans le groupe non-exposé. Cependant, les analyses statistiques démontraient l’effet particulièrement néfaste du tabagisme, plus important que l’exposition aux solvants.
Cette étude met en évidence les effets significatifs du tabagisme et de l’exposition aux solvants.
L’effet néfaste du tabagisme sur les voies respiratoires avait déjà été démontré dans une étude réalisée en 1977 aux USA portant sur 4699 sujets ouvriers et travaillant dans des bureaux : les ouvriers présentaient plus de bronchite chronique, mais la détérioration des paramètres ventilatoires était corrélée aux habitudes tabagiques, quel que soit le niveau socioculturel.
Des études similaires avaient été réalisées chez des ouvriers exposés à des irritants respiratoires (n=668) et des ouvriers travaillant dans la chimie (n=702)et les résultats étaient identiques (prévalence plus importante dans le groupe exposé, association entre exposition et prévalence des symptômes plus élevée chez les fumeurs).
Le rôle des médecins du travail des entreprises où les ouvriers sont exposés à des irritants est donc primordial et l’emphase doit être portée sur l’arrêt de l’intoxication tabagique.
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