Voyance allergologique : l’œuf de poule plus efficace que la boule de cristal ?

dimanche 14 mars 2004 par Dr Stéphane Guez2239 visites

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Voyance allergologique : l’œuf de poule plus efficace que la boule de cristal ?

Voyance allergologique : l’œuf de poule plus efficace que la boule de cristal ?

dimanche 14 mars 2004, par Dr Stéphane Guez

En allergie alimentaire le traitement repose essentiellement sur l’éviction de l’aliment en cause. L’accident initial est parfois mineur. Cependant on aimerait pouvoir connaître le risque réel de réactions systémiques lors d’une réintroduction accidentelle ou non. Est-il possible de déterminer ce risque ?

Corrélation entre les réactions initiales aux aliments et les réactions observées lors de tests de provocation. : Spergel JM, Beausoleil JL, Fiedler JM, Ginsberg J, Wagner K, Pawlowski NA.

Division of Allergy and Immunology, The Children’s Hospital of Philadelphia, University of Pennsylvania, Philadelphia, Pennsylvania 19104, USA. spergel@email.chop.edu

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2004 Feb ;92(2):217-24

Les allergies alimentaires surviennent dans 2 à 3% des cas dans une population pédiatrique.

Ces manifestations peuvent aller de simples réactions cutanées à des accidents gravissimes.

Mais des informations limitées sont disponibles sur les facteurs prédictifs de la sévérité de telles réactions lors d’une réintroduction.

 Objectif de l’étude : Déterminer si le caractère de la manifestation clinique initiale ou si la nature de l’aliment lors de cet accident initial peuvent permettre de prédire le résultat d’un test de provocation alimentaire.

 Méthodologie  :

  • Il s’agit d’une étude rétrospective de tous les enfants ayant une allergie alimentaire et qui ont eu un test de provocation à l’hôpital des enfants de Philadelphie sur une période de 5 ans (n=998 tests).
  • L’aliment en cause, les symptômes initiaux, et la réaction lors du test de provocation en ouvert ont été notés.

 Résultats :

  • Un total de 413 tests sur 998 tests de provocation alimentaire est positif.
  • Le lait, l’œuf et l’arachide sont les aliments les plus souvent associés à des tests de provocation positifs.
  • La présentation clinique la plus fréquente de l’allergie alimentaire est une réaction cutanée, puis les réactions par les différents organes cibles.
  • Les sensibilisations à l’arachide, le lait et l’œuf sont plus souvent en cause dans les réactions affectant plusieurs organes cibles lors de tests de provocation par rapport aux autres aliments.

 Conclusions  :

  • Le lait, l’oeuf et l’arachide sont les aliments les plus fréquemment associés à une positivité des tests de provocation alimentaire.
  • Les patients font une réaction identique à l’accident initial lors d’une réintroduction.
  • Cependant si les atteintes de plusieurs organes cibles lors d’une réintroduction peuvent survenir après n’importe quelle réaction clinique initiale, avec l’œuf, le lait et l’arachide, elles surviennent de façon plus fréquente qu’avec les autres aliments.

Dans ce travail rétrospectif sur une population pédiatrique, les auteurs démontrent que certains aliments : le lait, l’œuf et l’arachide entraînent le plus souvent un test de provocation positif et une réaction multi organes lors d’une réintroduction par rapport à d’autres aliments.

Ce travail au premier abord semble intéressant puisqu’il se propose de déterminer les facteurs qui seraient prédictifs d’un accident grave lors d’une réintroduction alimentaire.

Cependant on reste, si l’on peut dire sur sa faim, car la conclusion n’apporte pas vraiment d’éléments utiles.

On sait déjà que le lait, l’œuf et l’arachide sont des allergènes majeurs et représentent les aliments les plus souvent en cause dans la sensibilisation aux allergènes alimentaires. Mais il n’y a pas réellement d’éléments dans ce travail qui pourrait permettre face à un enfant et à son histoire initiale allergique de savoir s’il risque de faire un accident grave ou non lors d’une réintroduction alimentaire.

Le médecin n’a donc pas d’indication par exemple sur l’opportunité ou non de prescrire un kit auto injectable d’adrénaline.

Il reste encore un vaste domaine à explorer en allergie alimentaire qui est celui des éventuels facteurs prédictifs d’un risque d’accident grave lors d’une réintroduction.

En dehors de la nature des allergènes (fruits à coque, poissons, crustacés) on sait déjà que l’asthme est un facteur de risque, de même que la valeur absolue du taux des IgE spécifiques au dessus d’un certain seuil qui a été calculé pour les allergènes les plus souvent en cause.

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