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Le sein pour les enfants à risque allergique, oui, mais non beurré !!
lundi 15 mars 2004, par
Il existe un lien entre acides gras et immunologie, la composition de nombreuses membranes reposant sur la présence ou non de certains acides gras essentiels. Il était donc logique d’évoquer un lien possible entre la teneur en acides gras de l’alimentation au sein du nouveau né et le risque de développer un terrain atopique.
Relations entre les acides gras du lait de mères d’enfants ayant un risque élevé d’atopie et les signes cliniques et biologiques d’allergie dans la première année de vie. : P. Reichardt1, D. Müller1, U. Posselt2, B. Vorberg3, U. Diez4, U. Schlink4, W. Reuter2, M. Borte1, The Leipzig Allergy Risk Children’s Study Group
1Children’s Hospital, University of Leipzig ; 2Clinic of Internal Medicine IV, Department of Lipid Metabolism, University of Leipzig ; 3Institute of Laboratory Medicine, Clinical Chemistry and Molecular Diagnostics, University of Leipzig ; 4Department of Human Exposure Research and Epidemiology, Centre for Environmental Research Leipzig-Halle, Leipzig, Germany
dans Allergy 59 (4), 394-400
Le doute n’est pas levé, et reste sujet à controverse, sur le rôle possible des acides gras du lait et le risque de développement d’une atopie chez l’enfant.
– Objectif de l’étude : Cette étude évalue les acides gras présents dans le colostrum de mères d’enfants ayant un risque élevé d’atopie, et la corrélation entre ces acides gras et la présence de manifestations atopiques à l’age de 1an.
– Méthodologie :
- Les acides gras (AG) du colostrum ont été analysés chez 218 enfants, 60 avec un poids de naissance faible, entre 1500 et 2500g, 84 ayant des antécédents d’atopie du coté maternel, et 74 ayant un taux élevé d’IgE au niveau du cordon (IgE > 0.9 IU/ML).
- Les lipides totaux ont été extraits, méthylés puis séparés par chromatographie.
- Les explorations allergiques (bilan des sensibilisations et examen clinque) sont issus de l’étude : Leipzig Allergy Risk Children’s Study (LARS)
– Résultats :
- Un poids de naissance faible est associé à un taux bas des 20 :2n-6, 22 :2n-6 et 22 :3n-3 (respectivement r = 0.14, p<0.05 ; r = 0.14, p<O.O5 et r=0.20, p<0.01).
- Un poids gestationnel bas à la naissance est corrélé avec un abaissement des 22 :3n-3 (r=0.15, p<0.05).
- Il n’y a pas d’association entre AG et eczéma atopique à l’age de 1 an.
- Cependant, un taux élevé d’acide linoléique (18 :2n-6) est lié à un taux élevé d’IgE spécifiques vis-à-vis du lait de vache (p<0.005), et un taux abaissé d’acide docosapentaenoic (22 :5n-3) est associé à un taux élevé d’IgE sériques totales (p<0.05) à l’age de 1 an.
– Conclusion : La composition en acides polyinsaturés du colostrum chez les enfants ayant un risque allergique est associé au terrain atopique à l’age de 1 an, et pourrait être un facteur prédictif d’un terrain atopique ultérieur.
Dans ce travail, les auteurs démontrent un lien entre la teneur en acides gras du colostrum et le risque ultérieur de développer une sensibilisation au lait de vache chez les enfants à risque atopique. En particulier les taux des acides linoléique et docosapentaneoic (doco).
Le colostrum est le produit de sécrétion des glandes mammaires qui apparaît après l’accouchement jusqu’au 12ème jour environ et qui ensuite est remplacé par du lait. Sa teneur en acides gras est plus faible que le lait lui-même, mais avec une teneur en albumine plus importante.
Dans ce travail les auteurs démontrent qu’à l’accouchement d’enfants ayant un risque atopique en raison des antécédents d’allergie chez la mère, il y a une corrélation entre les taux de certains acides gras et le développement de l’allergie.
Ainsi une élévation de l’acide linoléique semble corrélée à un risque plus élevé de sensibilisation à l’age de 1 an au lait de vache. Un taux abaissé par contre d’acide doco est lié à un taux d’IgE totales élevées.
On disposerait donc d’un test prédictif simple qui permettrait par exemple de donner des conseils sur la poursuite ou non d’un allaitement au sein, qui serait nécessaire chez les nouveaux nés à risque dont la mère a un taux élevé d’acide linoléique dans le colostrum.
Cependant, il n’y a pas une valeur seuil précise qui permet réellement de donner un conseil précis aux parents. Il faut confirmer les données de ce travail et préciser le mécanisme physiopathologique de la relation entre teneur en acides gras du colostrum et développement de l’allergie.
Il faudrait également vérifier si le lait lui même n’a pas ensuite des teneurs différentes en acides gras, avec possiblement une normalisation des taux, ce qui rendrait cette étude plus difficilement utilisable sur le plan prédictif.
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