Kiwi oui, kiwi non, p’tet bin que oui p’tet bin qu’non ?

samedi 20 mars 2004 par Dr Stéphane Guez14869 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Kiwi oui, kiwi non, p’tet bin que oui p’tet bin qu’non ?

Kiwi oui, kiwi non, p’tet bin que oui p’tet bin qu’non ?

Kiwi oui, kiwi non, p’tet bin que oui p’tet bin qu’non ?

samedi 20 mars 2004, par Dr Stéphane Guez

Les allergies alimentaires au kiwi sont de plus en plus fréquentes. Mais les tests cutanés et les RAST sont-ils fiables pour faire le diagnostic de cette allergie alimentaire ? Pour valider ces tests il faudrait faire de façon systématique un test de provocation par voie orale. C’est ce qui a été réalisé par cette équipe espagnole

Allergie au kiwi : étude par tests de provocation en double aveugle contre placebo alimentaire chez des patients exposés à des pollens de bouleau. : Ana Alemán, MDa Joaquín Sastre, MD, PhDa * Santiago Quirce, MD, PhDa
Manuel de las Heras, MDa Jerónimo Carnés, PhDb Enrique Fernández-Caldas, PhDb Carlos Pastor, PhDc Ana Belén Blázquez, BsCc
Fernando Vivanco, PhDc Javier Cuesta-Herranz, MD, PhDa

aAllergy Department, Fundación Jiménez Díaz, Madrid, Spain
bR&D, CBF Leti, Fundación Jiménez Díaz, Madrid, Spain
cImmunology Department, Fundación Jiménez Díaz, Madrid, Spain

dans JACI March 2004 • Volume 113 • Number 3

L’allergie au kiwi est de plus en plus fréquente, mais elle n’a jamais été étudiée au moyen de tests de provocation alimentaire systématiques en double aveugle contre placebo.

 Objectif de l’étude  : Évaluer l’allergie au kiwi sur la base d’ un test de provocation en double aveugle contre placebo (TPDACP) , et identifier les caractéristiques de la reconnaissance allergique de patients sensibilisés dans une région exposée aux pollens de bouleau.

 Méthode :

  • 43 patients ayant des manifestations allergiques et qui sont sensibilisés au kiwi ont été évalués par les antécédents cliniques, les tests cutanés un dosage des IgE spécifiques et par un TPDACP.
  • Les caractéristiques de la reconnaissance allergénique ont été réalisées par immunoblotting des IgE.
  • L’analyse des séquences de fixation des IgE sur les extraits de kiwi a été réalisée en utilisant la méthode de dégradation d’Edman.

 Résultats :

  • Le TPDACP a été réalisé chez 33 patients, 4 patients ont présenté une réaction anaphylactique sévère et n’ont pas eu de tests, et 6 patients ont refusé le test.
  • Le test de provocation a été positif chez 23 patients et négatif chez 10 patients.
  • La manifestation clinique la plus fréquente est un syndrome allergique oral.
  • 21 % des patients ne sont pas allergiques aux pollens.
  • 46 % des patients ont des réactions allergiques générales et elles surviennent avec une plus grande fréquence chez les patients qui ne sont pas allergiques aux pollens (100%).
  • 28% des patients sont sensibilisés au latex.
  • Les bandes protéiques le plus souvent reconnues par les IgE des patients allergiques aux kiwis sont celles de 30, 24, 66 et 12 kd et elles pourraient ne pas être associées avec toutes les formes de réactions allergiques induites par les kiwis.

 Conclusions :

  • Ces résultats prouvent que l’allergie au kiwi n’est pas une affection homogène car plusieurs sous groupes de patients peuvent être établis.
  • Il n’y a pas un profil de reconnaissance allergique spécifiquement associé à l’allergie au kiwi.
  • 1 parmi 5 patients ayant une allergie au kiwi n’a pas d’allergie aux pollens, et ces patients ont les risques les plus élevés de réaction allergique systémique lors de l’ingestion de kiwi.

Chez des patients ayant une allergie au kiwi, le test de provocation par voie orale est positif dans 2/3 des cas et négatif dans 1/3.

La réaction la plus fréquente est le syndrome oral, avec des réactions graves chez les patients non allergiques aux pollens.

Il y a une grande hétérogénéité concernant l’épitope allergénique du kiwi.

Il s’agit d’un travail très intéressant témoignant de la vitalité de l’école madrilène allergologique.

Ainsi, l’allergie au kiwi est complexe avec un test de provocation par voie orale qui est négatif chez 1/3 des patients ayant pourtant une histoire clinique évocatrice avec des tests cutanés positifs et des IgE spécifiques positives.

Le fait que les patients n’ayant pas une allergie aux pollens associés font des réactions sévères lors du test de réintroduction démontre la notion d’allergie croisée probable chez les patients allergiques aux pollens avec une sensibilisation au kiwi mais un test de provocation négatif.

Par ailleurs il existe une grande variation dans le site antigénique reconnu par les IgE spécifiques. Il n’y a donc pas un extrait parfait. Il faut donc poursuivre les études concernant la qualité des extraits de kiwi à utiliser pour une meilleur sensibilité et spécificité des tests cutanés.

Il faut être particulièrement vigilant concernant les mesures d’éviction chez les patients uniquement allergiques au kiwi. Encas de doute clinique sur une histoire atypique il ne faut pas hésiter à faire un test de provocation mais en milieu protégé, la réaction la plus fréquente étant un syndrome oral.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois