La KCV, une affection allergique mais qui n’est pas allergique : KéZaCo ?

samedi 17 avril 2004 par Dr Stéphane Guez5889 visites

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La KCV, une affection allergique mais qui n’est pas allergique : KéZaCo ?

La KCV, une affection allergique mais qui n’est pas allergique : KéZaCo ?

samedi 17 avril 2004, par Dr Stéphane Guez

Parmi les affections allergiques de l’œil, la kératoconjonctivite vernale (KCV) a une place particulière, l’allergie ne permettant pas d’expliquer la physiopathologie de cette affection chez tous les patients. Les nombreuses études publiées permettent maintenant de mieux cerner cette affection dont voici une revue de synthèse.

La kératoconjonctivite vernale. : Bonini S, Coassin M, Aronni S, Lambiase A.

[1] 1Interdisciplinary Center for Biomedical Research (CIR), Laboratory of Ophthalmology, University of Rome, ’Campus Bio-Medico’, Rome, Italy [2] 2GB Bietti Eye Foundation, Rome, Italy.

dans Eye. 2004 Apr ;18(4):345-51.

La kératoconjonctivite vernale (VKC) est une affection allergique de l’œil qui affecte essentiellement les jeunes garçons.

Les symptômes les plus fréquents sont le prurit, la photophobie, les brûlures et le larmoiement.

Les signes physiques les plus fréquents sont la papillite géante, la kératite superficielle et l’hyperhémie conjonctivale.

Les patients ayant une VKC ont souvent des antécédents familiaux de cette affection, ou des antécédents de maladies allergiques comme asthme, rhinite et eczéma.

Cependant, la VKC n’est pas associée à des tests cutanés positifs ou des RAST chez 43 à 47% des patients, confirmant que ce n’est pas seulement une affection IgE médiée.

Sur la base d’études avec des tests de provocation aussi bien que sur des études immuno-histochimiques et des médiateurs impliqués, un mécanisme lié au TH2 qui implique les mastocytes, les éosinophiles et les lymphocytes a été fortement suspecté. Les lymphocytes TH2 sont responsables de l’hyper production d’IgE (IL4) et interviennent dans la différenciation et l’activation des cellules mastocytaires (IL3) et des éosinophiles (IL5).

D’autres études ont montré l’implication dans la pathogénie de la KVC de facteurs neurogènes comme la substance P et le NGF, et la surexpression de récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone au niveau de la conjonctive des patients ayant une VKC permettant de comprendre la possible implication des hormones sexuelles.

Ainsi, la pathogénie de la VKC est probablement multifactorielle, impliquant des interactions entre le système immun, nerveux et endocrine.

La prise en charge clinique de la VCK nécessite un diagnostic rapide, un traitement correct et une évaluation du pronostic.

Le diagnostic est généralement basé sur les signes et les symptômes de la maladie, mais dans les cas difficiles on peut s’aider d’un grattage de la conjonctive mettant en évidence une infiltration en éosinophiles.

Les options thérapeutiques sont nombreuses, reposant la plupart du temps sur des topiques locaux, et ils seront choisis selon la sévérité de l’affection.

Le médicament le plus efficace, le corticoïde, doit cependant être administré avec précaution et seulement pendant des temps brefs pour ne pas risquer secondairement le risque de développer un glaucome.

Une solution de cyclosporine à 2% dans de l’huile d’olive ou dans de l’huile de ricin est une bonne alternative.

Le pronostic à long terme est généralement bon. Cependant 6% des patients développent des lésions cornéennes, une cataracte ou un glaucome.


Il s’agit d’une revue de synthèse qui fait le point sur la kératoconjonctivite vernale qui atteint essentiellement les jeunes garçons.

Après un diagnostic rapide parfois aidé par la cytologie d’un brossage conjonctival, le traitement repose sur des topiques locaux. La cyclosporine permet d’épargner les corticoïdes qui exposent au glaucome.

La kératoconjonctivite vernale est donc une maladie multifactorielle, impliquant des mécanismes allergiques mais aussi d’autres médiateurs dont des neuro-hormones et des hormones sexuelles, permettant d’expliquer l’absence de tests cutanés ou de RAST positifs chez la moitié des patients, et la plus grande fréquence de cette maladie chez les garçons.

Le pronostic est finalement bon, à condition de traiter les manifestations conjonctivales de façon précoce pour éviter des lésions définitives comme les taches cornéennes ou une cataracte.

Il faut noter les risques locaux de la corticothérapie qui doit être courte et réservée au cas graves en raison du risque de survenue d’un glaucome.

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