Cortisone et vaccin : le divorce ?

mercredi 28 avril 2004 par Dr Hervé Couteaux1841 visites

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Cortisone et vaccin : le divorce ?

Cortisone et vaccin : le divorce ?

mercredi 28 avril 2004, par Dr Hervé Couteaux

Publiée dans le Lancet, en 98, l’étude de Nicholson (à la méthodologie astucieuse) avait établi que chez les asthmatiques, les avantages escomptés de la vaccination antigrippale dépassaient largement ses inconvénients. Ces bénéfices sont ils indépendants de la corticothérapie, fréquente chez les asthmatiques ?

Réponse immune au vaccin antigrippal chez l’enfant et l’adulte asthmatique : effet de la corticothérapie. : Nicola A. Hanania, MDa*
Marianna Sockrider, MD, DrPHa Mario Castro, MD, MPHb Janet T. Holbrook, PhD, MPHc James Tonascia, PhDc
Robert Wise, MDc
Robert L. Atmar, MDa

from the American Lung Association Asthma Clinical Research Centers From aBaylor College of Medicine, Houston, Tex ; bWashington University, St Louis, Mo ; and cJohns Hopkins University, Baltimore, Md USA

dans JACI April 2004 • Volume 113 • Number 4

 Contexte :

  • la vaccination antigrippale annuelle est couramment recommandée en tant que mesure préventive pour tous les patients asthmatiques.
  • Cependant, l’effet du maintien de la corticothérapie sur la réponse immune au vaccin antigrippal n’a été que peu évalué.

 Objectif  : dans cette étude, nous avons évalué l’effet de la corticothérapie sur la réponse immune au vaccin antigrippal chez des enfants et des adultes asthmatiques.

 Méthodes :

  • ce travail a été une partie d’une étude plus importante, multicentrique, randomisée, en double aveugle, contre placebo, avec cross-over, étudiant la sécurité d’un vaccin antigrippal trivalent chez des patients asthmatiques.
  • Au départ, 294 patients ont été randomisés pour recevoir chacun en premier soit le placebo (n= 139) soit un vaccin antigrippal inactivé trivalent (n= 155).
  • Les patients de l’étude ont été classés en deux groupes :
    • les patients du groupe 1 (n=148) ont reçu une dose moyenne ou des doses élevées de corticoïdes inhalés (C. S. I.) ou des corticostéroïdes oraux,
    • tandis que les patients du groupe 2 (n= 146) ne recevaient pas de corticostéroïdes ou bien des faibles doses de C. S. I.
  • On a mesuré les titres d’anticorps inhibiteurs des antigènes vaccinaux par sérum hémagglutination avant l’administration du placebo et du vaccin, et quatre semaines après.

 Résultats :

  • les réponses sérologiques à chacun des antigènes du vaccin antigrippal ont été significativement plus hautes dans le groupe de vaccinés par rapport au groupe des placebos et elles ont été similaires pour les patients vaccinés dans les groupes 1 et 2 pour ce qui concerne les points suivants :
    • augmentation du titre d’anticorps,
    • pourcentage de participants qui ont développé une réponse sérologique, et
    • pourcentage de sujet qui ont développé des titres d’anticorps inhibiteurs par sérum hémagglutination supérieur à 1.32.
  • L’analyse des sous groupes a démontré une réponse atténuée à l’antigène grippal B chez les patients recevant des hautes doses de C. S. I. par rapport au patient non exposés aux stéroïdes (p < 0,05)

 Conclusion  :

  • la réponse immune aux antigènes A du vaccin antigrippal inactivé n’est pas affectée par la corticothérapie inhalée chez des patients asthmatiques.
  • De hautes doses de corticostéroïdes inhalées peuvent diminuer la réponse à l’antigène B du vaccin, une observation qui nécessite des investigations supplémentaires.

Dès 98, Fairchok et Trementozzi (Arch Pediatr Adolesc Med 1998, Dec ) s’étaient penché sur les effets de la prednisone (en cure courte per os) sur la réponse au vaccin antigrippal chez 58 enfants asthmatiques. Il n’avait pas été retrouvé de différence significative dans les réponses au vaccin.

L’étude de Kubiet et Gonzalez-Rothi, parue dans Chest en Aout 96, avait elle aussi conclue à une réponse correcte au vaccin pour 39 patients pulmonaires chroniques recevant des corticostéroïdes.

Cette même année, Park et Frank (Pediatrics Aout 98) ont mené une étude chez 109 enfants asthmatiques sous corticothérapie (orale en cure courte et inhalée) soumis à une vaccination antigrippale. Cette vaccination n’avait pas été responsable d’exacerbation particulière de l’asthme et avait été efficace.

L’étude qui nous intéresse, où l’échantillon est plus important, est la seule mettant en évidence une restriction concernant la réponse à l’antigène B du vaccin pour des hautes doses de CSI. Ce fait n’est donc pas définitivement établi et nécessite confirmation.

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