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In immuno veritas ...la biologie moléculaire au secours de la désensibilisation.
lundi 3 mai 2004, par
De l’utilisation empirique de la poussière de maison à la biologie moléculaire... L’immunologiste étudie les mécanismes cellulaires de l’immunothérapie spécifique aux allergènes et apporte une caution scientifique à l’allergologue de terrain convaincu par son expérience et par les données de l’épidémiologiste de l’efficacité de son traitement. Cela suffira-t-il pour enrayer une disparition programmée de l’allergologie clinicienne ?
Mécanismes de l’immunothérapie aux allergènes : Mübeccel Akdis1, Carsten Schmidt-Weber1, Marek Jutel2, Cezmi A. Akdis1, Kurt Blaser1
1Swiss Institute of Allergy and Asthma Research, Obere Strasse 22, CH-7270 Davos, Switzerland
2Wroclaw Medical University, Wroclaw, Poland
dans Allergy & Clinical Immunology International - Journal of the World Allergy Organization
March 2004 , Vol 16 , No. 2
– Contexte : les mécanismes cellulaires et moléculaires de l’immunothérapie spécifique aux allergènes ont été récemment explorés.
– Méthodes, données :
- les réponse spécifiques aux antigènes et allergènes étaient analysées ex vivo dans le sang périphérique humain et les cellules tissulaires durant l’immunothérapie spécifique aux allergènes chez des patients et chez des sujets non allergiques.
- Le développement moléculaire et l’expression de molécules immunorégulatrices et la sécrétion de cytokines de différents types de cellules T et autres cellules immunitaires furent déterminés comme décrit antérieurement dans la littérature.
– Résultat :
- Il apparaît que la génération en nombre suffisant de cellules T régulatrices/suppressives spécifiques de l’allergène est un préalable au succès de l’immunothérapie spécifique (SIT).
- Comme dans la réponse immunitaire normale à un allergène, le nombre de cellule T productrices d’IL10 augmente durant la première semaine de SIT et atteint son maximum en 4 semaines.
- En conséquence, les cellules T régulatrices/suppressives spécifiques de l’allergène sont une sous-classe dominante de cellule T dans la réponse normale aux allergènes. Et dans les immunothérapies spécifiques efficaces, ces cellules T régulatrices suppressives sécrétant IL10-TGFbéta contrôlent la réponse à l’allergène en coopération avec les autres molécules suppressives.
- Un manque de sous classe en cellule T régulatrice ou un blocage des molécules suppressives exprimées en surface augmente significativement la réponse spécifique à l’allergène in vitro.
- IL10 et TGF bêta sont des cytokines régulatrices qui peuvent induire une tolérance pour les cellules T et réguler l’immunité spécifique. En effet Il 10 peut générer des anticorps IgG4 non inflammatoires par les cellules B mémoires et le TGF bêta agit en commutant et stimulant les IgA. Les deux cytokines suppriment la formation des IgE.
– Conclusion : Ainsi,
- l’induction d’une non-réponse spécifique ou d’une tolérance,
- le développement de cellule T régulatrice spécifique de l’allergène cd4+ et cd25+ sécrétant l’IL10 et-ou TGF bêta
- et la récupération de cellules T effectrices par des cytokines du micro environnement tissulaire,
sont les étapes clés dans l’immunothérapie spécifique aux allergènes et l’immunité naturelle aux antigènes.
Cet article expose les données des recherches sur les mécanismes cellulaires de l’immunothérapie spécifique. Ce sont des Lymphocytes T cd4+/cd25+ sécrétant IL10 et TGF bêta qui sont stimulés et multipliés lors de l’ITS. Les cytokines IL 10 et TGF bêta inhibent la synthèse des IgE et stimulent IgA et IgG4.
Lors du récent congrès de la société française d’allergologie à Marseille, le Pr André-Bernard Tonnel, du service de pneumologie et allergologie du CHR de Lille rappelait les données sur les mécanismes immunologiques lors de l’immunothérapie spécifique aux allergènes, qui s’avèrent multiples, en effet on observe
- La production d’anticorps bloquant IgG1 et 4 inhibant la production d’IgE et gênant la liaison entre l’allergène et les cellules effectrices.
- Baisse des IgE
- Diminution du recrutement de cellules effectrices
- facilitation de la commutation TH2 vers TH1
- Anergie lymphocyte T
- Stimulation de cellules T régulatrices
Ainsi cet article confirme l’existence des mécanismes cellulaires associés à une désensibilisation spécifique et précise lesquels, ce qui sera plus familier aux immunologistes fondamentaux qu’à nous pauvres cliniciens. Il est toutefois confortable d’avoir des arguments scientifiques qui confortent nos impressions personnelles ou les études épidémiologiques.
Pour ma part, je suis surpris par la rapidité avec laquelle ces phénomènes cellulaires apparaissent. En effet lors du récent congrès de l’AAAAI à San Francisco, sur l’immunothérapie spécifique aux hyménoptères David.B.K.Golden du John Hopkins conseille une immunothérapie prolongée à forte dose considérant que le mécanisme cellulaire est acquis plus tardivement (4 à 5 ans de traitement) et assure une efficacité à plus long terme de la désensibilisation.
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