Asthme sévère : qui ? quand ? comment ? pourquoi ?

mardi 4 mai 2004 par Dr Hervé Couteaux2440 visites

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Asthme sévère : qui ? quand ? comment ? pourquoi ?

Asthme sévère : qui ? quand ? comment ? pourquoi ?

mardi 4 mai 2004, par Dr Hervé Couteaux

L’asthme sévère peut apparaître après des années d’évolution, il peut aussi survenir rapidement après le début de la maladie. Il est mal connu, probablement hétérogène dans sa physiopathologie et pose d’évidents problèmes thérapeutiques. Appréhender ses facteurs de risque, c’est déjà progresser...

Intolérance à l’aspirine et allergie aux acariens : des facteurs importants associés à au développement d’un asthme sévère : Kupczyk M, Kuprys I, Gorski P, Kuna P.

Department of Pneumonology and Allergy, Medical University of Lodz, Lodz, Poland. matiska@wp.pl

dans Ann Allergy Asthma Immunol. 2004 Apr ;92(4):453-8

 Contexte : tandis que l’incidence de l’asthme est toujours en augmentation, les éventuels facteurs associés au développement d’un asthme sévère n’ont pas été complètement déterminés.

 Objectif :

  • mesurer l’incidence de l’asthme sévère et ses déterminants chez les patients en consultation externe.
  • L’intolérance à l’aspirine, l’allergie aux acariens, le sexe mâle, un âge supérieur à 65 ans et une durée d’évolution de l’asthme de plus de 10 ans ont été investigués en tant que facteurs pouvant être reliés à la sévérité de l’asthme.

 Méthodes  :

  • la population de l’étude incluait 598 femmes et 408 hommes, d’âge moyen 44.59 ans (SD+/-16.45 ans), choisis au hasard parmi des patients asthmatiques suivis dans un centre de consultations externe.
  • Leur histoire médicale a été revue ; une spirométrie et des tests cutanés ont été pratiqués.

 Résultats  :

  • L’asthme a été diagnostiqué comme intermittent dans 35.39% des cas, persistant léger dans 33.40% des cas, modéré dans 23.76% des cas et sévère dans 7.45% de la cohorte étudiée.
  • Chez les patients atopiques, l’allergie aux acariens était un facteur significativement associé au développement d’un asthme sévère [odds ratio (OR)=5.65].
  • Des 1006 patients, 341 ( 33.90%) avaient de l’asthme depuis au moins 10 ans, ce qui a été retrouvé significatif pour l’ensemble du groupe étudié (OR=3.64).
  • Nous avons trouvé 95 cas (9.44% du groupe étudié) d’intolérance à l’aspirine, incluant 23 des 75 patients ayant un asthme sévère (30.67% ; OR=5.44).
  • Une analyse de régression logistique a montré que l’intolérance à l’aspirine était la plus étroitement corrélée avec la sévérité de l’asthme (béta=5.79 ; p<0.001).

 Conclusions : les données de cette étude montrent que l’intolérance à l’aspirine, l’allergie aux acariens, et une évolution de l’asthme sur plus de 10 ans sont des facteurs majeurs associés à un asthme sévère chez les patients en consultation externe.


Pour cette étude bien ciblée, qui ne s’est intéressée qu’à certains facteurs de risque préalablement suspectés, c’est l’intolérance à l’aspirine qui est le facteur le plus corrélé à la sévérité de l’asthme, à côté de l’allergie aux acariens et de la durée de l’asthme.

L’intolérance à l’aspirine a fait l’objet de nombreuses études, tant cette entité est particulière, et sa place dans la sévérité de l’asthme avait déjà été souvent soulignée.

Le rôle de l’allergie aux acariens est peut-être à interpréter en fonction du lieu de l’étude. Aurions nous les mêmes résultats en milieu rural ? (En 2003, Bavbek, en Turquie avait retrouvé la « non atopie » comme facteur de risque)

Reste à rappeler que d’autres facteurs de risque de sévérité de l’asthme ont déjà été mis en avant dans des études antérieures : l’âge avancé, la présence d’une sinusite, celle d’infections respiratoires fréquentes, d’antécédents d’hospitalisation et enfin du tabagisme, y compris passif.

Une étude indienne (Ratageri, Indian pediatric 2000) avait conclu que le facteur le plus significatif était un âge de survenue de l’asthme inférieur à 48 mois.

Enfin, il faut souligner la place grandissante de l’allergie alimentaire dans les manifestations asthmatiques sévères comme le soulignait Roberts, de Londres, dans une étude du JACI, parue en 2003.

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