Peu d’allergie au latex à l’hôpital : un effet bénéfique des 35 heures ?

mardi 11 mai 2004 par Dr Stéphane Guez3999 visites

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Peu d’allergie au latex à l’hôpital : un effet bénéfique des 35 heures ?

Peu d’allergie au latex à l’hôpital : un effet bénéfique des 35 heures ?

mardi 11 mai 2004, par Dr Stéphane Guez

L’allergie au latex semble représenter un problème majeur au sein des professions de santé. Mais il semble qu’il y ait un décalage entre les chiffres publiés sur le sujet et la réalité quotidienne qui trouve peu de médecins ou infirmières allergiques au latex. Qu’en est-il vraiment de la prévalence de l’allergie au latex parmi le personnel hospitalier ?

Allergie au latex parmi le personnel de santé : fréquence, quantification de l’exposition, efficacité des critères de sélection pour l’évaluation de l’exposition professionnelle : Crippa M, Gelmi M, Sala E, Zefferino R, Baccolo TP, Alessio L.

Cattedra di Medicina del Lavoro, Scuola di Specializzazione in Medicina del Lavoro, Universita degli Studi di Brescia

dans Med Lav. 2004 Jan-Feb ;95(1):62-71

L’objectif principal de ce travail a été d’évaluer la prévalence de l’allergie au latex dans une population importante de travailleurs dans le domaine de la santé, de quantifier le degré d’exposition au latex provenant de l’utilisation des gants et de vérifier les critères d’évaluation des mesures de protection professionnelles pour les travailleurs allergiques.

 Méthodologie  :

  • Durant la période de 2001 à 2002, la prévalence de l’allergie au latex a été évaluée chez 1962 personnels de santé au moyen d’un questionnaire rempli par le patient lui même, une évaluation clinique et sur la réalisation de tests allergologiques spécifiques.
  • Le contenu en protéines totales et les protéines antigéniques du latex contenu dans 4 différents types de gants (méthode du RAST inhibition) ont été mesurés.
  • L’évaluation de l’état de santé pour les travailleurs allergiques au latex a été réalisée selon les critères établis par l’association italienne de prévention médicale des travailleurs dans le domaine de la santé.
  • L’efficacité a été vérifie sur 1 année.

 Résultats  :

  • 1557 questionnaires parmi les 1962 (79.35%) ont été complétés.
  • 504 travailleurs (32.4%) rapportent des manifestations cliniques liées au travail, en particulier 283 ont probablement une dermite d’irritation, 66 une allergie de contact et 118 rapportent des manifestations non spécifiques liées à l’utilisation des gants en latex mais également des gants en vinyle.
  • Enfin 20 sujets parmi les 37 restants ont une allergie au latex (1.3% parmi les 1557 sujets qui ont répondu au questionnaire) ;
    • 8 ont de l’urticaire
    • alors que 12 ont de l’urticaire associée à des manifestations respiratoires et ou de l’angio-œdème.
  • La mesure des protéines totales et des fractions antigéniques montrent que les taux les plus élevés sont dans les gants d’examen en latex, les taux les plus bas dans les gants chirurgicaux sans poudre.
  • De faible concentration de protéines antigéniques sont également retrouvées dans les gants en vinyl.
  • L’évaluation des mesures de prévention en milieu professionnelle sont efficaces chez 11 des 20 travailleurs et inefficaces dans 3 cas (6 travailleurs ont démissionné).

 Conclusions :

  • Cette étude montre la très faible prévalence de l’allergie au latex probablement pace que l’étude a porté sur des patients non sélectionnés et que seuls les patients symptomatiques ont été pris en compte.
  • Cependant, dans notre hôpital, les gants d’examen en vinyl ont été utilisés de façon préventive durant les 10 dernières années.
  • Les mesures de prévention semblent efficaces dans l’ensemble.
  • Malgré une faible prévalence de l’allergie au latex, les auteurs trouvent une fréquence élevée de dermite irritative de contact chez les travailleurs examinés, probablement surtout due à la poudre lubrifiante utilisée à la fois dans les gants synthétiques et dans les gants en latex

Sur un nombre important de personnels de santé les auteurs démontrent que la prévalence de l’allergie au latex est faible (1.3%) alors qu’il y a un nombre important de dermite irritative.

Il est possible que les mesures systématiques de prévention avec utilisation du vinyl depuis 10 ans aient contribué à cette faible prévalence.

Les autres renseignements intéressants de cette étude sont la quantité non négligeable de latex retrouvé dans des gants ne devant pas à priori en contenir.

Par ailleurs il y a plus de latex dans les gants avec poudre que sans poudre ce qui est déjà connu.

Mais l’enseignement primordial de ce travail est cette faible prévalence de l’allergie au latex qui va à l’encontre de toutes les données alarmistes déjà publiées depuis quelques années sur cette allergie.

Mais des biais sont possibles, car du personnel a déjà démissionné, il y a peut-être eu un recrutement préférentiel de patients non allergiques, les allergiques ayant été écartés dés le recrutement dans le centre hospitalier.

Enfin des mesures de prévention sur le lieu de travail ont été mises en place rapidement pour les patients ayant des manifestations d’allure allergique.

Par contre on note toujours une forte quantité de protéines allergisantes au niveau des différentes marques de gants présentes dans l’hôpital.

Le problème de l’allergie au latex n’est donc pas réglé, d’autant que l’industrie n’a pas réussi à fabriquer des gants ayant les mêmes qualités tactiles que le latex mais sans être en latex.

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