Je vous sers l’abeille à la croque au sel ou sur un plat en aluminium ?

mardi 25 mai 2004 par Dr Stéphane Guez2994 visites

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Je vous sers l’abeille à la croque au sel ou sur un plat en aluminium ?

Je vous sers l’abeille à la croque au sel ou sur un plat en aluminium ?

mardi 25 mai 2004, par Dr Stéphane Guez

Il y a peu d’études sur les protocoles de désensibilisation. D’ou l’intérêt de ce travail qui a comparé dans l’allergie à l’abeille, rush contre protocole conventionnel, et solution aqueuse contre allergène adsorbé sur hydroxyde d’aluminium. Quel protocole est le plus efficace ? Le test de provocation à l’abeille vivante départage les concurrents...

Immunothérapie spécifique dans l’allergie au venin d’abeille : une étude comparative entre une préparation aqueuse et une préparation adsorbée sur aluminium. : F. Ruëff1, H. Wolf2, J. Schnitker3, J. Ring4, B. Przybilla1

1Klinik und Poliklinik für Dermatologie und Allergologie, Ludwig-Maximilians-Universität, Munich ; 2Klinische Forschung, ALK-SCHERAX Arzneimittel GmbH, Hamburg ; 3Institut für Angewandte Statistik, Dr Jörg Schnitker GmbH, Bielefeld ; 4Klinik und Poliklinik für Dermatologie und Allergologie am Biederstein, Technische Universität, Munich, Germany

dans Allergy 59 (6), 589-595

 Introduction :

  • Pour l’immunothérapie au venin d’abeille, de nombreuses préparations et de nombreux traitements sont utilisés.
  • Cependant, des études contrôlées comparant directement l’efficacité et la sécurité d’emploi de différents protocoles sont rares.

 Objectif de l’étude  :

  • Évaluer de façon prospective différents protocoles d’immunothérapie utilisés dans l’allergie au venin d’abeille, avec soit une solution aqueuse, soit une solution adsorbée sur hydroxyde d’aluminium.

 Méthodologie :

  • 65 patients allergiques au venin d’abeille (42 hommes et 23 femmes, âgés de 17 à 75 ans) ayant des antécédents de réactions allergiques systémiques après piqûre d’abeille ont été traités selon 3 protocoles différents.
  • Durant la phase d’augmentation des doses, les patients du groupe A (n=21) ou B (n=21) ont reçu une solution allergénique aqueuse dans un protocole de rush. Les patients du groupe C (n=23) ont été traités de façon conventionnelle (protocole lent) avec un vaccin adsorbé sur hydroxyde d’aluminium.
  • La dose de maintenance était de 100 microgrammes dans tous les groupes.
  • Le traitement d’entretien pour le groupe A, a été réalisé par des injections de solution aqueuse toutes les 4 semaines, alors que pour les groupes B et C le traitement a été administré toutes les 8 semaines (groupe B) ou toutes les 4 semaines (groupe C).
  • Un test de provocation à l’abeille avec une abeille vivante a été réalisé chez 49 patients, 6 à 12 mois après avoir atteint la dose d’entretien.
  • 7 autres patients ont eu une piqûre accidentelle par une abeille.

 Résultats :

  • Le traitement avec la solution aqueuse entraîne des réactions locales importantes plus souvent que la préparation à l’hydroxyde d’aluminium lors de la période d’augmentation des doses (53/693 (7.6%) versus 8/206 (3.9%) ; p=0.059) et aussi lors du traitement d’entretien (85/172 (49.4%) versus 58/478 (12.1%), p=0.001).
  • Pendant la phase d’augmentation des doses, les effets indésirables systémiques semblent survenir plus souvent chez les patients ayant un rush avec la solution aqueuse par rapport aux patients initialement traités selon le protocole conventionnel avec hydroxyde d’aluminium (13/42 (31%) versus 3/23 (13%), pas de différence significative).
  • Lors du test de provocation, une réaction systémique est survenue chez 3 patients sur 20 (15%) dans le groupe A, 2/18 (11.1%) dans le groupe B et 3/18 (16.7%) dans le groupe C (pas de différence significative).

 Conclusions :

  • L’immunothérapie avec un allergène adsorbé sur hydroxyde d’aluminium dans la désensibilisation à l’abeille entraîne moins d’effets indésirables locaux au point d’injection qu’avec la solution aqueuse.
  • L’efficacité thérapeutique des 3 protocoles n’est pas différente.

Les auteurs comparent un protocole de rush contre un protocole conventionnel, et une solution d’allergènes aqueuse contre une solution adsorbée sur aluminium dans l’allergie à l’abeille.

La solution aqueuse donne plus de réactions locales, et le rush plus d’effets indésirables. L’efficacité est la même dans les 3 groupes.

Il est peu fréquent d’avoir une étude sur les techniques de désensibilisation. Il faut donc saluer ce travail. Les résultats sont inattendus.

En effet, la désensibilisation par rush a remplacé la désensibilisation classique car il y a moins d’effets indésirables, le patient est plus rapidement pris en charge et il est protégé de façon plus rapide. Les protocoles étudiés ici montrent que l’efficacité est la même que ce soit un protocole long ou court (rush).

Il y a plus d’effets indésirables avec les extraits aqueux par rapport aux extraits adsorbés. Enfin, il ne semble pas y avoir de différence si le rappel est toutes les 4 semaines ou toutes les 8 semaines.

Mais il y a des résultats vraiment surprenants.

Ainsi on observe de 11% à 15% de réactions systémiques lors des tests de provocation après désensibilisation. Le taux paraît très fort surtout pour des apiculteurs qui sont souvent repiqués. On peut donc se poser des questions sur les produits utilisés ou sur le protocole de progression des doses.

D’autre part le produit adsorbé n’est pas disponible dans la pratique quotidienne actuellement. Peut-être le nombre de patients inclus n’est-il pas suffisant ?

Nous sommes surpris donc par les conclusions de ce travail, qui n’est pas en accord avec les résultats que nous observons quotidiennement chez nos patients désensibilisés selon un protocole de rush avec une solution aqueuse au venin d’abeille.

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