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Kill cell volume 2 et allergies médicamenteuses : violences aux laboratoires !!
jeudi 27 mai 2004, par
Les réactions cutanées aux médicaments sont très fréquentes mais le mécanisme reste le plus souvent inconnu lorsqu’il ne dépend pas des IgE. Quel est (ou quels sont) les mécanismes impliqués dans les lésions cellulaires observées au niveau de la peau de ces patients ?
Mécanismes cytotoxiques dans différentes formes d’allergies médicamenteuses médiées par les cellules T : P. C. Kuechler, M. Britschgi, S. Schmid, Y. Hari, B. Grabscheid, W. J. Pichler
Clinic of Rheumatology and Clinical Immunology/Allergology, University hospital, Berne, Switzerland
dans Allergy 59 (6), 613-622
– Introduction :
- Les mécanismes cytotoxiques sont impliqués dans différentes formes d’exanthème induit par les médicaments.
– Objectif de l’étude :
- Les auteurs ont comparé les voies de destruction cellulaire de lignées de lymphocytes CD4+, CD8+ et CD4/CD8+ et de clones provenant de patients présentant des éruptions d’origine médicamenteuses de type maculo-papulaire, bulleuse et pustuleuse.
– Méthodologie :
- In vitro, les voies de destruction (par la perforine, et celle médiée par le Fas) ont été analysées par méthode cytotoxique contre une lignée de cellules B autologues infectées par le virus EBV, des lymphoblastes de souris transfectés par le Fas et contre des cellules cibles sensibles à l’action « natural killer ».
- De plus, les cellules des lésions de la peau et les lignées cellulaires et les clones ont eu des marquages pour étudier l’expression de la perforine et du Fas ligand.
– Résultats :
- Les auteurs ont détecté une voie de destruction cellulaire par la perforine et le Fas ligand dans les 3 types d‘exanthème.
- Certains clones cellulaires T spécifiques des médicaments étudiés, agissent principalement par la perforine ou par le Fas ligand, montrant l’absence de relation stricte entre leur capacité cytotoxique par la perforine ou par le Fas ligand.
- En utilisant une méthode de culture cellulaire se focalisant sur la génération de cellules T cytotoxiques, les auteurs ont détecté des cellules T spécifiques des médicaments de type CD8+, TCR alphabéta+, qui n’ont pas proliféré à la présentation du médicament par les cellules présentatrices d’antigènes, mais qui ont tué d’un façon dépendante des médicaments.
- De façon intéressante, ces cellules ont des fonctions substantielles de type natural-killer car elles sont CD56+ et CD94+, et elles ont la capacité de tuer la lignée cellulaire K562 qui est sensible aux cellules natural-killer.
– Conclusions :
- Ces données soulignent le rôle important des mécanismes cytotoxiques dans les différentes formes d’exanthème liés aux médicaments et suggèrent que même certaines cellules T ont des capacités analogues aux cellules natural-killer et peuvent être impliquées dans l’hypersensibilité aux médicaments.
Les auteurs démontrent que des lésions cutanées secondaires à des prises médicamenteuses sont secondaires à une destruction cellulaire spécifique. Cette destruction fait intervenir des cellules T, avec une voie dépendante de la perforine et une autre activant l’apoptose, et cela de façon spécifique aux médicaments.
Ce travail est intéressant car il précise que des manifestations cutanées, liées aux médicaments, n’impliquent pas toutes un mécanisme allergique, même si ce terme est largement employé.
Il existe une destruction cellulaire qui fait intervenir les 2 mécanismes habituels de destruction cellulaire provoqués par les lymphocytes T8. Il s’agit de la sécrétion de perforine qui est une protéine qui va faire un trou dans la membrane cellulaire et entraîner la destruction de la cellule. L’autre voie est celle de la sécrétion du ligand du Fas, le Fas étant un récepteur à la surface des membranes cellulaires qui une fois activé déclenche l’apoptose ou suicide de la cellule.
Il est intéressant de constater que les lymphocytes T des patients ayant des manifestations cutanées variables allant de l’exanthème aux lésions bulleuses, ont une action destructrice spécifique du médicament. Il y a intervention aussi bien de la perforine que de la sécrétion du ligand du Fas après nouveau contact avec le médicament.
On peut donc expliquer le mécanisme des lésions cutanées observées après prises de médicaments lorsqu’il n’y a pas démonstration de l’implication d’un mécanisme à IgE.
Reste à savoir quelles en seront les implications éventuelles sur le plan clinique ou thérapeutique ?
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