L’asthme au boulot.

samedi 5 juin 2004 par Dr Alain Thillay1471 visites

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L’asthme au boulot.

L’asthme au boulot.

samedi 5 juin 2004, par Dr Alain Thillay

Cette étude américaine, traitant du problème de l’asthme dans le cadre de l’exercice professionnel, a l’originalité de distinguer l’asthme professionnel -celui apparu au travail- et l’asthme aggravé par le travail -celui déjà existant aggravé par les conditions professionnelles-. Les conséquences seraient-elles différentes ?

Étude descriptive de l’asthme aggravé par le travail. : Goe SK, Henneberger PK, Reilly MJ, Rosenman KD, Schill DP, Valiante D, Flattery J, Harrison R, Reinisch F, Tumpowsky C, Filios MS.

National Institute for Occupational Safety and Health, Morgantown, WV 26505, USA

dans Occup Environ Med. 2004 Jun ;61(6):512-7

 CONTEXTE ET OBJECTIFS

  • L’asthme professionnel est une des pathologies professionnelles respiratoires fréquentes dans un grand nombre de pays industrialisés.
  • Une meilleure compréhension de l’asthme aggravé par le travail, aussi bien que de l’apparition d’un asthme professionnel -asthme professionnel au sens strict-, est nécessaire pour orienter les efforts de prévention.

 METHODES

  • L’asthme aggravé par la travail (AAT) et l’asthme professionnel (AP) aux Etats-Unis ont été comparés à l’aide de cas rapportés au « National Institute for Occupational Safety and Health » (NIOSH) dans le cadre de quatre programmes de surveillance émanant du « State Sentinel Event Notification Systems for Occupational Risks » (SENSOR) de 1993 à 1995.

 RESULTATS

  • Un total de 210 cas d’AAT et de 891 cas d’AP ont été rapportés.
  • Les cas d’AAT rapportaient comme agent courant d’exposition, les poussières minérales ou inorganiques, alors que les cas d’AP étaient en rapport le plus souvent avec les di-isocyanates.
  • Un pourcentage similaire des patients atteints des deux types d’asthme souffraient encore de problèmes respiratoires au moment de l’interrogatoire ou bien étaient allés en consultation à l’hôpital ou en urgence pour des problèmes respiratoires en rapport avec le travail.
  • Les cas d’asthme apparus dans l’exercice professionnel (AP) avaient deux fois plus recours à la demande d’indemnisation comparativement aux cas d’asthme aggravé par le travail (AAT).
  • Cependant, parmi ceux qui faisaient la demande d’indemnisation, approximativement 3/4 des deux types d’asthme avaient reçu un accord.
  • Les deux catégories d’industries comptant ensemble la majorité des AAT (62%) et de AP (75%) sont les services et les unités de fabrication.
  • Le risque d’AAT, mesuré par la moyenne annuelle, était clairement plus haut dans l’administration publique comparé à celui de l’industrie (14,2 cas/10), alors que la risque d’AP était augmenté dans les deux cas en fabrication (3,2/10) et dans l’administration publique (2,9 cas/10).

 CONCLUSIONS

  • Les asthmes aggravés par le travail rapportés ont les mêmes conséquences que les asthmes professionnels.
  • Certaines industries ont été identifiées en tant que cible de prévention en fonction du nombre de cas ou du risque d’asthme aggravé par le travail et d’asthme professionnel.

Cette étude montre l’intérêt de différencier l’asthme professionnel au sens strict du terme sur le plan de la reconnaissance médico-sociale et l’asthme préexistant aggravé par le travail.

Les asthmes professionnels sont surtout en rapport avec les isocyanates, alors que les asthmes aggravés sont dus à toutes les poussières irritantes.

On peut ainsi penser qu’une prévention a permis aux asthmatiques d’éviter les professions qui les exposent aux isocyanates.

On s’aperçoit aussi que dans de nombreux cas les asthmatiques poursuivent leur activité professionnelle malgré leur maladie.

Les asthmes professionnels motivent plus souvent la demande de reconnaissance en tant que maladie professionnelle. Ce qui voudrait dire que les asthmes aggravés par le travail sont pris en charge en tant que maladie professionnelle aux États-Unis.

Cet aspect est intéressant car en France la législation distingue bien les deux types d’asthme en relation avec le travail et ne prend pas en charge les asthmes aggravés par le travail, sachant toutefois que la distinction est parfois difficile.

Globalement, les auteurs de conclure que les conséquences médico-sociales sont les mêmes quelque soit le type d’asthme, AAT ou AP.

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