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Quand les danoises enceintes font tchin-tchin.
vendredi 11 juin 2004, par
Nous connaissons tous les méfaits de la consommation d’alcool durant la grossesse sur l’enfant (retard de croissance, retard mental, malformations..). Ces auteurs danois ont cherché à savoir si la consommation d’alcool durant la grossesse pouvait retentir sur la prévalence de l’asthme infantile.
Consommation d’alcool maternelle durant la période prénatale et hospitalisation due à l’asthme chez l’enfant : une étude de suivi de population. : Yuan W, Sorensen HT, Basso O, Olsen J.
Shanghai Institute of Planned Parenthood Research, Shanghai, People’s Republic of China
dans Alcohol Clin Exp Res. 2004 May ;28(5):765-8.
– CONTEXTE
- L’asthme peut avoir une origine prénatale.
- Nous avons cherché à savoir si la consommation alcoolique maternelle durant la grossesse augmente le risque d’hospitalisation pour asthme chez l’enfant.
– METHODES
- Nous avons conduit une étude de suivi sur 10 440 enfants nés approximativement à 36 semaines de gestation ou plus tard chez des mères suivies par les sages-femmes entre avril 1984 et avril 1987 au Danemark.
- Les mères ont eu à compléter un questionnaire concernant le mode de vie et les facteurs socio-économiques incluant la consommation d’alcool.
- Les enfants étaient suivis à l’aide du « Danish Hospital Discharge Regestry ».
- Nous avons déterminé la première hospitalisation avec un diagnostic d’asthme enregistré dans le « Danish Hospital Discharge Regestry ».
– RESULTATS
- La plupart des femmes enceintes (81,5%) ont bu des petites quantités d’alcool durant leur grossesse, mais seulement un petit nombre (2,1%) consommaient 120 grammes ou plus par semaine.
- Au total, 307 enfants ont été hospitalisés au moins une fois pour un diagnostic d’asthme durant la période de suivi (l’incidence cumulé du risque était de 3,5% de la naissance à l’âge de 12 ans ou à la fin de la période de suivi).
- Après ajustement en fonction des facteurs maternels socio-économiques, de la nutrition et d’autres facteurs concernant le mode de vie, les enfants dont les mères ont bu de l’alcool durant la grossesse n’avaient pas d’augmentation du risque d’hospitalisation motivé par l’asthme comparé aux enfants dont les mères ne rapportaient aucune consommation d’alcool durant la grossesse (IR, 0,95 ; 95% CI, 0,70-1,29).
- D’autres analyses n’ont pas permis de mettre en évidence une association avec la dose ou le type d’alcool ou avec.
– CONCLUSIONS
- Cette étude ne met pas en évidence de facteur de causalité entre les apports d’alcool maternels durant la grossesse et l’asthme de l’enfant.
Il s’agit d’une étude de suivi sur plusieurs années.
Le principe était de faire remplir un questionnaire aux femmes enceintes lors de leurs visites de contrôle auprès des sages-femmes.
Ensuite, les enfants étaient suivis sur plusieurs années concernant les hospitalisations pour asthme. L’outil utilisé était le registre des sorties des hôpitaux danois où, à priori, figure la raison de l’hospitalisation.
Cette méthodologie peut apparaître correcte sur le papier mais on peut se demander si des femmes enceintes interrogées sur leur consommation d’alcool « avouent » facilement les quantités bues réellement.
De plus, on peut se demander si cela est vraiment fiable par rapport au mode de consommation alcoolique dans ces pays du nord de l’Europe. La consommation s’y fait de façon aiguë en fin de semaine.
A mon sens, les auteurs concluent un peu hâtivement sur l’absence de relation entre consommation alcoolique maternelle durant la grossesse et prévalence de l’asthme infantile.
Enfin, il ne faudra pas occulter les ravages de cet alcoolisme là sur l’enfant (retard de croissance, retard mental et/ou malformations dont les plus connues sont celles touchant le visage (revoir le visage de la « Goulue » peint par Toulouse-Lautrec, tout y est).
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