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Une obésité à couper le souffle
mardi 22 juin 2004, par
On connaît depuis longtemps l’implication de l’obésité dans le syndrome d’apnées du sommeil, ainsi que dans plusieurs pathologies cardio-vasculaires sans parler des complications ostéoarticulaires et du diabète. Dans cette vaste étude prospective, les auteurs se sont intéressés à la relation obésité-troubles de la fonction respiratoire.
Obésité abdominale et fonction respiratoire chez l’homme et chez la femme dans l’étude EPIC-Norfolk, Royaume-Uni. : Canoy D, Luben R, Welch A, Bingham S, Wareham N, Day N, Khaw KT.
Department of Public Health and Primary Care, University of Cambridge, Cambridge, United Kingdom.
dans Am J Epidemiol. 2004 Jun 15 ;159(12):1140-9.
Mauvaise fonction respiratoire et obésité sont associées à de nombreuses causes ainsi qu’à la mortalité par maladie cardio-vasculaire.
Les personnes obèses peuvent également avoir une fonction pulmonaire affaiblie, mais par un mécanisme qui reste obscur.
Les auteurs ont étudié la relation entre le type abdominal d’obésité et la fonction respiratoire dans l’étude : « European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition-Norfolk » (EPIC-Norfolk) au Royaume-Uni.
Cette étude a inclus 9674 hommes et 11 876 femmes âgés de 45 à 79 ans, sans antécédent pathologique sérieux qui avaient eu une exploration anthropométrique et fonctionnelle respiratoire complète au cours d’une visite de santé entre 1993 et 1997.
Le rapport taille/hanche a été utilisé pour évaluer l’obésité abdominale, tandis que le volume expiratoire forcé en une seconde (VEMS) et la capacité vitale forcée (CVF), obtenue par spirométrie, ont été utilisés pour évaluer la fonction respiratoire.
– VEMS et CVF ont été à la fois linéairement et inversement reliés à la gamme entière des rapports taille/tour de hanche aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
– Cette relation a persisté après ajustement selon l’âge, l’index de masse corporelle, le tabagisme, la classe sociale, un index d’activités physiques, la présence de bronchite/emphysème ainsi que la prévalence de l’asthme.
– Cette association est restée significative parmi les non-fumeurs non obèses sans maladie respiratoire préexistante.
Dans la population adulte en général, la déposition de graisse abdominale peut jouer un rôle dans l’altération de la fonction respiratoire chez les obèses abdominaux.
Les auteurs de cette étude ont retrouvé une relation linéaire entre le degré d’obésité et des anomalies fonctionnelles respiratoires, à savoir une diminution du VEMS et de la capacité vitale forcée.
Ces résultats sont particulièrement intéressants, d’une part par la taille de l’échantillon étudié, environ 20 000 personnes, et d’autre part par leur clarté.
Cette relation persiste une fois tenu compte de différents facteurs susceptibles de perturber la fonction respiratoire : l’âge, l’index de masse corporelle, le tabagisme, la classe sociale, l’index d’activité physique, ainsi que la présence d’asthme ou de bronchite/emphysème.
L’obésité étudiée ici est une obésité de type androïde, définie par une accumulation des graisses sur l’abdomen et la partie haute du corps.
Son degré est mesuré par le rapport des circonférences de la taille (mesuré à l’ombilic) et des hanches (mesuré au niveau des trochanters), habituellement supérieure à 0,9 dans ce type d’obésité.
Rappelons pour mémoire que dans l’obésité gynoïde, des graisses sont essentiellement situées à la partie basse du corps (tranches, fesses, membres inférieurs) le rapport taille/hanche y est habituellement inférieur à 0,9.
Dans l’obésité mixte, la surcharge graisseuse est répartie entre les parties hautes et basses du corps.
Jusqu’à présent, ce qui était connu concernait surtout les obésités importantes et leurs conséquences morbides (syndrome de Pickwick et pathologies cardio-vasculaires).
Les résultats de cette étude étendent la relation obésité-trouble de la respiration en ce sens que cette relation est retrouvée même chez des personnes non obèses, non-fumeurs, sans antécédents respiratoires particuliers. C’est donc précisément l’accumulation de graisse abdominale qui constitue l’anomalie responsable d’une dégradation fonctionnelle respiratoire.
Pour ce qui concerne le mécanisme précis de cette altération, hormis une hypoventilation purement mécanique et/ou une insuffisance respiratoire de type restrictif qui s’observe surtout dans les deux obésités importantes, les mécanismes invoqués restent à déterminer plus précisément.
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