Bilan de l’asthme : rien ne vaut un bon morceau de « mou » !!

vendredi 2 juillet 2004 par Dr Stéphane Guez2972 visites

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Bilan de l’asthme : rien ne vaut un bon morceau de « mou » !!

Bilan de l’asthme : rien ne vaut un bon morceau de « mou » !!

vendredi 2 juillet 2004, par Dr Stéphane Guez

L’inflammation bronchique distale est rendue responsable de la persistance de l’asthme et représente donc l’objectif principal des thérapeutiques proposées en traitement de fond. Mais comment apprécier cette inflammation ? En particulier, quelle est la valeur de l’EFR et de la pléthysmographie. ?

Corrélations physiologiques de l’inflammation pulmonaire distale dans l’asthme. : E. Rand Sutherland, MD, MPH *
Richard J. Martin, MD
Russell P. Bowler, MD, PhD Yujun Zhang, PhD
Michael D. Rex, BS
Monica Kraft, MD

From the Department of Medicine, National Jewish Medical and Research Center, and the Division of Pulmonary Sciences and Critical Care Medicine, University of Colorado Health Sciences Center USA

dans JACI June 2004 • Volume 113 • Number 6

 Introduction  :

  • Le poumon distal est un site inflammatoire important dans l’asthme.
  • Le débit expiratoire maximum moyen et le rapport des débits expiratoires sont sensés refléter la fonction du poumon distal.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont obtenu des biopsies transbronchiques contemporaines d’une spiromètrie et d’une plethysmographie pour préciser de façon plus fine les relations entre physiologie et inflammation pulmonaire distale dans l’asthme.

 Méthodologie :

  • 10 patients ayant un asthme nocturne persistant sévère avec un VEMS moyen de 2.8 +/- 0.2l et une chute nocturne du VEMS de 22.8% +/- 3.8% ont eu :
    • une biopsie transbronchique,
    • une spiromètrie avec calculs : du débit expiratoire maximal moyen, du rapport des débits expiratoires maximal/moyen (M/P),
    • le calcul des volumes pulmonaires,
    • l’ensemble à 4h de l’après midi.
  • L’analyse morphométrique a été réalisée après immunochimie pour les éosinophiles, les lymphocytes, les macrophages les cellules mastocytaires et les neutrophiles.

 Résultats :

  • Le débit expiratoire moyen, le rapport des débits maximum/partiel, le VEMS et la CVF ne sont pas corrélés de façon significative à l’inflammation tissulaire alvéolaire.
  • Cependant, le degré d’éosinophilie de l’inflammation alvéolaire est corrélé de façon significative et positive à la fois à la capacité pulmonaire totale (Spearman =0.70 ; P=.03) et au volume gazeux thoracique ( =0.62 ; P=.05).
  • La corrélation entre les éosinophiles et les autres volumes pulmonaires n’est pas observée.
  • Les autres types cellulaires inflammatoires ne sont pas corrélés aux volumes pulmonaires.

 Conclusion :

  • Les mesures physiologiques proposées d’étude de la fonction pulmonaire sont très peu corrélées avec des preuves histopathologiques d’inflammation pulmonaire distale.
  • Les mesures des volumes pulmonaires sont plus souvent le reflet de l’inflammation éosinophile distale.

Dans ce travail portant sur l’étude de 10 patients présentant un asthme nocturne, les auteurs démontrent qu’il n’y a pas de corrélation entre les mesures proposées des différents volumes et débits pulmonaires, et le degré d’inflammation pulmonaire distale.

Il y a par contre une corrélation avec le degré d’inflammation éosinophile.

Ce travail est très intéressant bien que très perturbant pour les cliniciens.

En effet il est démontré qu’il n’y a pas finalement de marqueur indirect fiable de l’inflammation pulmonaire distale. Il est cependant primordial de pouvoir apprécier cette inflammation distale car c’est certainement elle qui est responsable de la chronicité de l’asthme en l’absence d’un traitement efficace.

Jusqu’à présent il semblait que les débits expiratoires pouvaient permettre d’apprécier indirectement cette inflammation, en particulier un rapport proposé entre débit maximal et partiel. Il n’y a pas en réalité de relation malheureusement avec l’inflammation. Mais il y a une corrélation avec l’infiltration éosinophile, qui est la caractéristique de l’inflammation bronchique.

Le problème finalement est de savoir s’il faudra envisager la réalisation de biopsies bronchiques dans l’asthme pour guider le traitement, sachant que seule l’histologie peut également permettre d’apprécier le processus de remodelage bronchique.

À moins que le scanner ne puise venir en aide en montrant les plages pulmonaires qui gardent de l’air en expiration traduisant ainsi indirectement l’inflammation bronchique distale.

Bref, il faut développer des marqueurs fiables de cette inflammation.

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