Un nouveau bazooka thérapeutique dans la dermatite atopique sévère : gare aux dégâts collatéraux !!

mardi 6 juillet 2004 par Dr Stéphane Guez3098 visites

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Un nouveau bazooka thérapeutique dans la dermatite atopique sévère : gare aux dégâts collatéraux !!

Un nouveau bazooka thérapeutique dans la dermatite atopique sévère : gare aux dégâts collatéraux !!

mardi 6 juillet 2004, par Dr Stéphane Guez

La dermatite atopique sévère est difficile à traiter en particulier chez les adultes. Les connaissances accumulées sur la physiopathologie de la dermatite atopique permettent l’utilisation de thérapeutique immunosuppressive. La leflunomide, utilisée dans la polyarthrite rhumatoïde est-elle efficace dans la dermatite atopique sévère ?

Leflunomide : une nouvelle option thérapeutique dans la dermatite atopique (DA) sévère. : Schmitt J, Wozel G, Pfeiffer C.

Department of Dermatology, Medical Faculty Carl Gustav Carus, Technical University Dresden, Fetscherstr. 74, 01307 Dresden, Germany

dans Br J Dermatol. 2004 Jun ;150(6):1182-5

 Introduction :

  • Du fait de l’accumulation de connaissances sur la pathogénie de la DA qui est liée à des anomalies de l’immunité cellulaire T, les thérapeutiques immunosuppressives sont largement employées.
  • Le caractère chronique avec rechutes de la DA sévère nécessite un traitement à la fois efficace et sans risque dans son utilisation sur le long terme.
  • La leflunomide est une pyrimidine de novo inhibant la synthèse de la pyrimidine et ayant une action immunosuppressive, avec une demi vie extrêmement longue de ses métabolites actifs.

 Objectif de l’étude :

  • Évaluer l’efficacité de la leflunomide dans le traitement de fond de la DA sévère.

 Méthodologie :

  • Les auteurs ont traité deux patients ayant une DA sévère, résistante aux différents traitements systémiques classiques, pendant 20 mois avec de la leflunomide (doses d’attaque de 100 mg/J pendant 3 jours puis dose d’entretien de 20mg par jour).
  • A chaque visite régulière, il a été fait un examen clinique, calcul de la surface d’eczéma et de l’index de sévérité (EASI), évaluation du prurit par une échelle analogique (VAS), et réalisation d’examens biologiques pour ajuster les doses de leflunomide.

 Résultats :

  • A l’introduction de la leflunomide, les patients présentent une DA érythrodermique (patient 1 : EASI = 40, VAS = 10 et patient 2 : EASI = 43, et VAS = 8).
  • Une rémission partielle est observée entre 4 et 7 semaines respectivement, avec un maintien pendant les 20 mois (patient 1 : EASI = 4.2, VAS = 2 et patient 2 : EASI = 8.4 et VAS = 2), en dehors d’un épisode d’exacerbation pour chaque patient.
  • Chez un patient, la rémission est restée stable même après l’administration du traitement.
  • Aucune réaction indésirable sévère n’a été observée.

 Conclusions :

  • La leflunomide est efficace dans le traitement à long terme de la DA sévère résistante.
  • Des études contrôlées sont nécessaires pour évaluer le sous-groupe de patients ayant une DA sévère qui pourrait bénéficier de ce traitement.

Dans ce travail clinique portant sur 2 patients présentant une dermatite atopique sévère, les auteurs démontrent que la leflunomide peut être une alternative thérapeutique intéressante, entraînant une rémission importante et prolongée de la maladie sans effets secondaires notables.

Ce travail a une portée limitée puisque n’étudiant que 2 patients. Il ouvre cependant une nouvelle perspective thérapeutique pour les patients ayant une dermatite atopique grave avec résistance aux traitements habituels.

La leflunomide est une pro drogue, qui agit en inhibant une enzyme essentielle à la synthèse de la pyrimidine. Il y a également une action sur des tyrosines kinases expliquant à la fois une action immuno-modulatrice et anti-proliférative de cette molécule.

Son nom commercial est l’Arava (laboratoire Aventis). Ce médicament est utilisé en Europe depuis 1999 dans l’indication de la polyarthrite rhumatoïde.

Il expose à des effets indésirables dont les plus importants sont hépatiques parfois mortels, mais également pulmonaires avec un risque de pneumopathies interstitielles sévères.

Il s’agit donc ici d’une indication hors AMM, avec une surveillance très stricte en particulier hépatique.

Ce traitement ne peut être prescrit que dans des formes particulièrement sévères, avec échec de tous les autres traitements immunosuppresseurs déjà utilisés dans cette affection.

Il est cependant toujours utile de connaître une nouvelle possibilité thérapeutique pour des patients parfois très gravement atteints.

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