Asthme : quand l’éosino est là, rien ne va !

vendredi 23 juillet 2004 par Dr Alain Thillay3460 visites

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Asthme : quand l’éosino est là, rien ne va !

Asthme : quand l’éosino est là, rien ne va !

vendredi 23 juillet 2004, par Dr Alain Thillay

L’inflammation bronchique de l’asthme est caractérisée par la présence d’une grande quantité d’éosinophiles, c’est même un critère de gravité. Les auteurs ont cherché à savoir si ces asthmes « réfractaires » étaient sensibles à une corticothérapie parentérale à forte dose. Dans la positive, on ne pourrait plus faire de ces asthmes une classe phénotypique à part.

Inflammation à éosinophiles « réfractaire » des voies respiratoires dans l’asthme sévère : effet des corticostéroïdes par voie parentérale. : Ten Brinke A, Zwinderman AH, Sterk PJ, Rabe KF, Bel EH.

Department of Pulmonary Diseases, Leeuwarden Medical Center, Leeuwarden, The Netherlands

dans Am J Respir Crit Care Med. 2004 Jun 23

 CONTEXTE

  • Il a été suggéré que les patients souffrant d’une inflammation des voies respiratoires à éosinophiles réfractaire représenteraient un phénotype éosinophilique de l’asthme particulier associé à une grande morbidité et à un mauvais pronostic.

 OBJECTIF

  • Rechercher si la persistance de l’éosinophilie chez ces patients est un caractère fixé ou est susceptible d’être modifié par le traitement, ici, essai d’un corticostéroïde à haute dose en intra-musculaire sur les éosinophiles de l’expectoration forcée.

 METHODE

  • Trente-deux patients présentant un asthme sévère stable (15 femmes, âge de 21 à 73 ans) ont participé à cette étude contrôlée en double-aveugle contre placebo.
  • Tous utilisaient des corticostéroïdes inhalés (>/=1600 mg/jour) ou un traitement continu de Prednisone per os.
  • Les patients étaient inclus si le pourcentage d’éosinophiles dans l’expectoration forcée était au-dessus de la limite supérieure de la normale (>/=2%).

 RESULTATS

  • Deux semaines après traitement par la Triamcinolone, mais pas avec le placebo, les éosinophiles des expectorations avaient presque complètement disparu le pourcentage de la médiane passant de 12,6% à 0,2% (p<0,001).
  • Chez 82% de ces patients aucun éosinophile n’a pu être retrouvé.
  • De plus, le score médicamenteux diminuait de 1,4 à 0,8 (p=0,01), et le VEMS s’améliorait du pourcentage médian de 73,8% à 88,3% (p=0,001).

 CONCLUSIONS

  • Nous concluons que la persistance des éosinophiles de l’expectoration malgré un traitement anti-asthmatique conséquent n’est pas un phénomène réfractaire, mais reste sensible à des fortes doses de corticostéroïdes systémiques.
  • Cela implique que ces patients atteints d’asthme sévère nécessitent un traitement complémentaire ou un traitement anti-inflammatoire alternatif pour lutter contre l’éosinophilie et en conséquence son association à un mauvais pronostic.

L’inflammation bronchique de l’asthme est caractérisée par la présence d’éosinophiles, ce qui l’a même fait appeler, par certains auteurs, « bronchite desquamative à éosinophiles ».

Ici les auteurs ont voulu savoir si ces asthmes sévères avec persistance d’une forte quantité d’éosinophiles sont un phénotype particulier d’asthme ou bien un asthme qui mérite un traitement anti-inflammatoire complémentaire qui fera diminuer l’infiltration éosinophilique.

Bien sûr, il faudra mettre à part les formes cliniques d’asthme grave caractérisées par une forte présence d’éosinophiles et appartenant à un cadre nosologique particulier que sont l’aspergillose bronchopulmonaire allergique, le syndrome de Churg et Strauss, la malade de Carrington. D’autant plus que ces formes particulières d’asthme font l’objet d’une prise en charge thérapeutique spécifique (immunosuppresseurs et médicaments d’épargne des corticoïdes).

Cette étude semble donc montrer que de fortes doses de corticostéroïdes, ici la Triamcinolone en intra-musculaire, seraient efficaces sur l’éosinophilie et sur la clinique.

Dans le cas de ces asthmes traités uniquement par voie inhalée ce constat peut paraître être d’une certaine logique, par contre, pour les patients qui sont sous Prednisone per os l’explication le semble moins.

L’intérêt serait-il ici dans l’effet d’un assaut cortisonique ?

Il restera aussi à évaluer le rapport bénéfice/risque d’une corticothérapie à forte dose surtout si elle devait s’inscrire dans le long terme thérapeutique.

Enfin, cette étude suggère que l’évaluation de l’importance de l’inflammation bronchique asthmatique par la mesure des éosinophiles de l’expectoration forcée est un moyen simple et fiable.

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