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Prévention de l’asthme allergique chez l’enfant : eviction or not eviction :that is the question !
jeudi 29 juillet 2004, par
Les auteurs étudient l’influence d’une exposition précoce modérée et élevée aux allergènes des acariens sur le devenir allergique et asthmatique des enfants (n=428).
La réduction de la charge allergénique chez les enfants aux antécédents familiaux est-elle toujours d’actualité ? La réponse n’est pas aussi catégorique. En clair la réponse est « peut-être bien que oui » ou « peut-être bien que non » !
Antécédents familiaux, exposition précoce aux acariens et risques d’atopie et d’asthme chez l’enfant. : Christine Cole Johnson, PhD, MPH a,b * Dennis R. Ownby, MD c Suzanne L. Havstad, MA a
Edward L. Peterson, PhD, MS a,b
From athe Department of Biostatistics and Research Epidemiology, Henry Ford Health System, Detroit ; bthe National Institute of Environmental Health Sciences Center in Molecular and Cellular Toxicology with Human Applications, Wayne State University, Detroit ; and cthe Section of Allergy-Immunology, Medical College of Georgia, Augusta USA
dans JACI July 2004 • Volume 114 • Number 1
– Historique :
- L’exposition aux allergènes des acariens de la poussière de maison est considérée comme déterminante dans la sensibilisation chez l’enfant à ces allergènes et comme facteur de risque d’asthme et d’atopie chez ces enfants.
– Objectifs :
- En utilisant une cohorte d’enfants nés dans des logements avec une charge allergénique substantielle d’acariens, nous avons évalué l’exposition et le risque de développement d’asthme et d’allergie.
– Méthodes :
- Nous avons recueilli de la poussière des chambres de 428 enfants nés entre 1987 à 1989 et nous avons mesuré la quantité de Der f 1 et Der p1 (µg/g de poussière, combinés).
- Le suivi à l’âge de 6 à 7 ans comportait un examen clinique, des tests cutanés, le dosage d’IgE spécifiques et un test à la méthacholine.
– Résultats :
- Aucune association particulière n’a été retrouvée pour l’évolution des symptômes en dehors de l’hyperréactivité bronchique (odds ratio ajusté [OR], 0.62 ;95% IC, 0.38-1.00 ; p<0.50 ; et OR, 0.53 ; IC, 0.27-1.04 ; p<0.65 pour des taux respectifs d’allergènes ≥2 µg/g et ≥10 µg/g).
- En présence d’antécédents parentaux d’allergie et d’asthme, il existait une association entre un test cutané positif aux acariens de la poussière de maison (OR, 2.09 ; IC, 0.93-4.73 ; p<0.76) et une exposition à des concentrations d’allergènes ≥10 µg/g.
- L’inverse se vérifiait pour les enfants sans antécédents parentaux.
- Une exposition ≥10 µg/g d’allergènes d’acariens était associée à une diminution du risque d’asthme allergique chez les enfants avec des antécédents familiaux (OR, 0.39 ; IC, 0.05-3.13 ; p<.376) et à un risque plus élevé chez les enfants sans antécédents familiaux (OR, 1.52 ; IC, 0.22-10.6 ; p<.673).
– Conclusion :
- l’hérédité parentale est une variable indépendante importante dans la relation entre une exposition précoce aux allergènes des acariens et le devenir atopique.
- Une exposition élevée au cours de la petite enfance est associée en présence d’antécédents parentaux à un risque augmenté de sensibilisation.
- Chez les enfants sans antécédents parentaux, cette exposition est au contraire protectrice.
Dans cette étude, les auteurs ont donc étudié l’influence d’une exposition précoce aux allergènes d’acariens sur le devenir allergique et asthmatique des enfants présentant ou non des antécédents familiaux d’atopie ou d’asthme.
Pour ce faire, ils ont recueilli des échantillons de poussière des chambres de 428 enfants nés entre 1987 et 1989, mesuré les concentrations en allergènes majeurs de D. Pteronyssimus et D. Farinae, puis ils ont revu tous les enfants à l’âge de 6 à 7 ans et ont effectué un examen clinique, des tests cutanés, un dosage d’IgE spécifiques et la mesure d’une éventuelle hyperréactivité bronchique avec un test à la méthacholine.
L’hyperréactivité bronchique était corrélée à une exposition plus élevée aux allergènes d’acariens. Il est à noter que les mêmes auteurs avaient publié en 2003 une étude dans laquelle ils avaient affirmé qu’il n’existait pas de corrélation entre l’exposition précoce à des concentrations élevées d’allergènes et le développement d’une hyperréactivité bronchique (la taille de la population étudiée était plus faible (97 enfants), ce qui peut fournir une explication à cette contradiction).
Le point intéressant de cette étude est la différence d’évolution selon la présence ou l’absence d’antécédents familiaux.
Il semble donc que l’exposition à des concentrations élevées d’allergènes d’acariens (≥10 µg/g) majore le risque de sensibilisation chez les enfants ayant des antécédents familiaux d’atopie, mais soit protectrice chez les enfants sans antécédents familiaux.
On devrait donc conseiller les mesures d’éviction chez les premiers, et demander aux parents des seconds d’exposer leurs enfants au maximum.
Malheureusement, la même étude conclue à une diminution du risque d’asthme allergique lorsque les enfants ayant des antécédents familiaux sont exposés précocément à des concentrations élevées d’allergènes des acariens, et inversement à un risque majoré d’asthme allergique chez les enfants sans antécédents familiaux exposés aux mêmes concentrations d’allergènes.
Holgate, Platts-Mills et coll. avaient démontré en 1990 qu’une exposition précoce à un taux élevé d’allergènes, combinée aux facteurs génétiques, jouait un rôle déterminant dans le développement ultérieur d’un asthme (dans leur étude portant sur 67 enfants, tous les enfants sauf un présentant un asthme à l’âge de 11 ans, soit 16/17, avaient été exposés à l’âge de 1 an à des concentrations de Der p I≥10 µg/g).
On sait que depuis quelques années, une semblable polémique concernait l’allergène de chat. Il y avait les partisans pour une exposition maximale dès le plus jeune âge et les partisans pour une « non-exposition » totale.
Il serait peut-être intéressant de réaliser le même type d’étude pour l’allergène de chat et de poursuivre les études sur l’exposition aux acariens sur de plus grandes cohortes d’enfants avec un suivi plus prolongé.
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