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Il ne fait pas bon pour un enfant asthmatique de consulter en urgence.
samedi 31 juillet 2004, par
La prise en charge en urgence d’enfants asthmatiques est bien codifiée. Mais que deviennent-ils à court terme après avoir quitté les urgences ? Y a-t-il des facteurs prédictifs de rechute ? Y a-t-il un retentissement sur la vie scolaire ? Cette étude fait le point dans une cohorte de 258 enfants, dont près de la moitié de moins de 2 ans.
Facteurs associés à l’évolution clinique immédiate après le traitement en aigu de l’asthme dans un département d’urgences pédiatriques. : Javier Benito-Fernández, MD *, Estibaliz Onis-González, MD, Julio Álvarez-Pitti, MD, Susana Capapé-Zache, MD, Miguel A. Vázquez-Ronco, MD, Santiago Mintegi-Raso, MD
Division of Pediatric Emergency Medicine, Department of Pediatrics, Hospital de Cruces, Barakaldo, Bizkaia, Spain
dans Pediatric Pulmonology
Volume 38, Issue 2 , Pages 123 - 128
– Contexte.
- L’évolution après traitement en salle d’urgence d’enfants asthmatiques n’est pas bien documentée.
– But.
- Décrire l’évolution clinique à court terme chez des enfants de 0 à 14 ans, après traitement standard d’une exacerbation aigue d’asthme dans un département d’urgences pédiatriques, et déterminer les facteurs associés à la morbidité à distance.
– Type.
- Étude prospective de cohorte d’un échantillon randomisé d’enfants asthmatiques nécessitant un traitement pour une exacerbation aigue d’asthme pendant l’année 2002.
– Méthode.
- Un dossier clinique était rempli par le pédiatre de garde pendant la consultation aux urgences.
- Les participants étaient interviewés au téléphone 7 et 15 jours après.
– Population. Elle incluait 258 enfants, dont 125 (48.4%) de moins de 2 ans.
– Résultats.
- 88% des enfants rapportaient une visite avec leur médecin référent pour l’asthme au cours de la première semaine après le passage aux urgences.
- 185 enfants ont manqué au moins un jour d’école, avec une moyenne de 3.1 2.7 jours (1-23 jours).
- 29 enfants (11%) sont revenus pour des soins au département d’urgence, 22 (8.5%) au cours de la première semaine, et 4 (1.6%) ont dû être hospitalisés.
- Au premier contrôle à J7, 111 (43%) rapportaient la persistance de symptômes et/ou de difficultés à respirer, et 157 (61%) prenaient toujours des médicaments anti-asthmatiques.
- Au second contrôle à J15, 53 (20.5%) avaient des symptômes respiratoires persistants, et 69 (26.7%) utilisaient des médicaments.
- Chez les enfants de plus de 2 ans, le pourcentage avec des symptômes respiratoires à J7 était significativement plus bas chez ceux qui étaient sous stéroïdes inhalés (23.7 vs 46%, p<0.006).
- A J7, les symptômes d’asthme étaient plus fréquents chez les enfants de moins de 2 ans par rapport aux enfants plus âgés (50% vs 36%, p=0.014).
- Les enfants de moins de 2 ans manquaient aussi plus de jours d’école ou de nurserie (4 .48 4.62 vs 2.4 2.19).
– Conclusion.
- Le devenir à court terme d’enfants asthmatiques consultant en urgence est pire que celui attendu, en fonction du taux de réhospitalisation et de retour pour des soins urgents après avoir quitté le département d’urgence.
- Un traitement de fond par corticoïdes inhalés favorise un retour à l’état stable chez les enfants de plus de 2 ans, alors que l’évolution à court terme des enfants de moins de 2 ans n’est influencée par aucune variable.
Cette étude montre, dans un groupe de 258 enfants ayant consulté en urgence pour un asthme aigu, que la crise d’asthme a un retentissement marqué au cours des 15 jours suivant la consultation, période pendant laquelle a été réalisée l’étude :
- si le fait que la quasi-totalité soient retournés voir leur médecin la semaine suivante n’est pas forcément un critère péjoratif,
- par contre plus des 2/3 des enfants manquaient l’école,
- près de 10% sont revenus au service d’urgence dans la semaine suivante ;
- près de 45% avaient une semaine après encore des symptômes respiratoires,
- et 20% encore une semaine plus tard.
Les enfants de moins de 2 ans semblent plus fragiles que les plus grands : la persistance de symptômes est plus fréquente chez eux une semaine après le traitement initial, et par ailleurs leur absentéisme scolaire ou social est plus long.
Enfin la prise de stéroïdes inhalés est un facteur de meilleur pronostic, moins d’enfants étant encore symptomatiques dans le groupe sous stéroïdes.
Cette étude montre donc que la prise en charge d’enfants asthmatiques en urgence dans un département de pédiatrie est insuffisante pour assurer en soi un bon équilibre et une bonne prise en charge à distance de l’asthme, dans les 15 jours suivant le passage aux urgences ; ceci milite fortement pour la mise en place de programmes spécifiques de prise en charge globale de la maladie dès le passage aux urgences, incluant une éducation thérapeutique des enfants et de leurs parents.
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