Atopique or not atopique : drame shakespearien dans la dermatite atopique !!

jeudi 5 août 2004 par Dr Stéphane Guez1575 visites

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Atopique or not atopique : drame shakespearien dans la dermatite atopique !!

Atopique or not atopique : drame shakespearien dans la dermatite atopique !!

jeudi 5 août 2004, par Dr Stéphane Guez

Est-ce qu’une dermatite atopique est atopique ? Question à priori simple dont on peut penser que la réponse l’est également. Erreur, en médecine rien n’est simple et les mots n’ont pas toujours la signification que l’on pourrait être en droit d’attendre. Les résultats de ce travail montre qu’il n’y a pas d’évidence.

Jusqu’à quel point une dermatite atopique est-elle atopique ? : Carsten Flohr, MRCPCH a * S.G.O. Johansson, PhD b
Carl-Fredrik Wahlgren, PhD c
Hywel Williams, PhD a

From athe Centre of Evidence Based Dermatology, University of Nottingham ; bthe Department of Clinical Immunology, Karolinska University Hospital Solna, and Karolinska Institute, Stockholm ; and cthe Department of Medicine, Dermatology and Venereology Unit, Karolinska University Hospital Solna, and Karolinska Institute, Stockholm. United Kingdom

dans JACI July 2004 • Volume 114 • Number 1

 Introduction :

  • Le degré d’atopie réel du phénotype dermatite atopique a été l’objet de nombreux débats.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont cherché à évaluer de façon systématique la valeur du taux des IgE totales dans le diagnostic de la DA, et si la connaissance d’une sensibilisation IgE améliore le diagnostic clinique et a une valeur prédictive.

 Méthodologie :

  • Il s’agit d’une recherche bibliographique sur medline jusqu’à septembre 2003.
  • Seules les études qui ont étudié l’atopie soit par des tests cutanés positifs, soit par la mise en évidence d’une sensibilisation à IGE vis-à-vis de pneumallergènes communs de l’environnement ont été retenues pour une analyse descriptive.
  • En raison du faible nombre d’études ayant les critères suffisants de qualité il n’a pas été fait de méta-analyse, et les auteurs ont listé les critères nécessaires pour la réalisation future de telles études.

 Résultats :

  • Le fait de porter un diagnostic d’atopie ne modifie pas les critères diagnostiques de la dermatite atopique et n’améliore pas la sensibilité ni la spécificité du phénotype clinique de DA.
  • Le degré d’association entre atopie et DA varie de façon significative entre les différentes études hospitalières (47% à 75%, n=14 étude).
  • Alors que la qualité de l’étude n’a pas d’effet sur la prévalence de l’atopie dans les populations hospitalières, de faibles prévalences de l’atopie sont observées dans les cohortes suivies d’une façon moins stricte.
  • La sévérité de la DA est associée de façon positive au nombre de prick-tests positifs ou au taux des IgE spécifiques pour 7 études sur 8 qui ont mesuré les deux. —*Seulement une étude suggère que la sensibilisation IgE aux oeufs de poule est associée de façon significative au développement d’une DA, et 2 études montrent que la sensibilisation IgE chez les patients ayant une DA est un marqueur pronostic du risque de développer des manifestations allergiques respiratoires ultérieurement.
  • L’association atopie et DA pourrait avoir un plus mauvais pronostic que la DA seule sans association à une atopie.

 Conclusion :

  • Bien que l’atopie soit clairement associée à la DA, la compréhension du rôle des IgE spécifiques dans la DA nécessite d’autres études.
  • Il y a actuellement des preuves qu’environ 2/3 des patients ayant une DA ne sont pas atopiques, ce qui prouve que continuer à utiliser le terme de dermatite atopique est un réel problème.
  • Des études longitudinales sont nécessaires pour comparer les réponses aux traitements et le pronostic en fonction de l’association ou non à des IGE spécifiques.

Dans ce travail rétrospectif prenant en compte les études publiées jusqu’en septembre 2003, les auteurs montrent qu’il n’y a pas de preuve d’une association systématique entre atopie et dermatite atopique, et qu’il n’y a pas de preuve d’un lien en ce qui concerne le diagnostic ou le pronostic entre atopie et dermatite atopique.

Les conclusions de ce travail sont surprenantes et remettent en question beaucoup de choses dont le terme même de dermatite atopique puisque cette association entre eczéma et atopie n’est observée que chez un tiers des patients ayant une dermatite dite atopique.

Il faudrait donc 2 termes différents pour désigner la dermatite atopique seule et celle qui associe réellement dermatite atopique et atopie.

On peut néanmoins s’étonner du faible nombre d’études retenues par les auteurs sur l’ensemble de la bibliographie.

La rigueur scientifique est certes nécessaire mais ayant affaire à des études portant sur de très jeunes enfants il y a forcement des imperfections méthodologiques. Il aurait été intéressant d’avoir une analyse des études non retenues pour savoir si les résultats étaient très différents de ceux présentés ici.

L’expérience clinique semble bien montrer qu’il existe une évolution différente selon que l’enfant est également atopique ou non. Si ce travail n’en fait pas la preuve cela peut également être du à un défaut de sensibilité des études et non à une erreur de jugement des médecins cliniciens.

Bref, nous sommes étonnés par les résultats, et il est en tout cas certain qu’il faudrait des études longitudinales portant sur des cohortes suffisantes d’enfants pour avancer dans cette réflexion sur l’association entre atopie et dermatite atopique.

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