Les pédiatres espagnols doivent faire souffler plus leurs patients !

mercredi 25 août 2004 par Dr Alain Thillay1378 visites

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Les pédiatres espagnols doivent faire souffler plus leurs patients !

Les pédiatres espagnols doivent faire souffler plus leurs patients !

mercredi 25 août 2004, par Dr Alain Thillay

Cette étude espagnole aborde le problème du recours au peak flow et au spiromètre dans le diagnostic et la surveillance de l’asthme infantile dans une population représentative de pédiatres. Les résultats semblent suggérer qu’il y a sans doute beaucoup à faire dans l’adhésion aux consensus.

Utilisation des spiromètres et des peak flow meter dans le diagnostic et le contrôle de l’asthme chez des pédiatres espagnols. Résultats de l’étude TRAP : Garcia-Marcos L, Castro-Rodriguez JA, Montaner AE, Garde JG, Bernabe JJ, Belinchon JP ; The Spanish Pediatric Asthma Study Group.

Department of Pediatrics, University of Murcia, Murcia and Pediatric Asthma Research Unit, Cartagena, Spain

dans Pediatr Allergy Immunol. 2004 Aug ;15(4):365-71

 OBJECTIF

  • L’objectif de cette étude était de déterminer le niveau d’adhésion de pédiatres espagnols aux recommandations nationales espagnoles pour le traitement de l’asthme tout particulièrement concernant l’utilisation du peak flow meter (PEFR) ou du spiromètre dans le diagnostic et le contrôle de l’asthme infantile et d’analyser les raisons des variations de ces pratiques.

 METHODE

  • Une étude prospective (deux sections : démographique et connaissance de l’asthme) a été conduite sur un intervalle de 2 semaines chez 3000 pédiatres dans l’ensemble du pays.
  • Au moins une partie du questionnaire a été remplie et retournée par 2773 individus (92,4%), avec 2347 (78,2%) ayant répondu aux deux sections.

 RESULTATS

  • Environ 62% des pédiatres rapportaient qu’ils avaient à leur cabinet un PEFR ou un spiromètre ; cependant, seulement 33% et 48% d’entre eux les utilisaient pour le diagnostic et le traitement de l’asthme, respectivement.
  • Il y avait une association significative entre le fait d’être âgé entre 36 à 55 ans et d’utiliser un PEFR ou un spiromètre pour le diagnostic de l’asthme (OR : 1,35, CI 95%, 1,11-1,66) et pour le contrôle de l’asthme (OR : 1,47, CI 95%, 1,22-1,77).
  • Les individus de sexe masculin ont plus souvent recours au PEFR ou au spiromètre que les individus de sexe féminin dans le cadre du diagnostic (37,8% contre 30,9%, p=0,001) et dans le cadre du contrôle (52% contre 45,6%, p=0,008).
  • Les pédiatres bénéficiant d’une formation médicale continue ont recours à ces dispositifs de contrôle respiratoire plus fréquemment pour le diagnostic (OR : 1,39, CI 95%, 1,09-1,75) et pour le contrôle (OR : 1,58, CI 95%, 1,27-1,96) que ceux ne suivant pas ce type de formation.
  • Le fait de travailler en milieu hospitalier est aussi en relation avec un plus grand usage du PEFR et du spiromètre que le fait de travailler dans un centre de soins (OR : 2,08, CI 95%, 1,71-2,54 pour le diagnostic ; OR : 1,83, CI 95%, 1,50-2,22 pour la surveillance).

 CONCLUSIONS

  • Environ un tiers des pédiatres espagnols ayant participé à l’étude avaient recours au spiromètre et/ou au PEFR dans le diagnostic de l’asthme et environ la moitié d’entre eux occasionnellement dans la surveillance de cette maladie asthmatique.
  • Des facteurs indépendants favorisent leur usage : l’âge (36 à 55 ans), le sexe masculin, le fait de travailler à l’hôpital et le fait de suivre un programme de formation médicale continue.

Cette étude ne concerne que des pédiatres et leur fonctionnement n’est pas comparé à des allergologues ou des pneumologues. Il s’agit donc d’un cliché instantané de la pratique d’une population médicale.

Ainsi, à la lecture de cette étude, il est donné à penser que les pédiatres espagnols ne sont pas assez rigoureux dans le diagnostic et la prise en charge de l’asthme chez l’enfant.

Il me semble intuitivement que nous pourrions probablement retrouver des résultats comparables que cela soit chez les pédiatres ou chez les allergologues.

Pour ma part, je n’accorde pas une grande valeur au peak flow meter dans la surveillance, je préfère de beaucoup l’interrogatoire fin sur les épisodes de sifflements et la consommation de bronchodilatateur. Par contre, j’utilise de façon régulière la spirométrie, bien sûr lors de la démarche diagnostique mais aussi en surveillance au minimum une fois par an.

La spirométrie a en plus une valeur pédagogique. Il est très aisé, courbes en mains, de montrer aux patients, -ils comprennent très vite, même les enfants-, ce qui ne va pas et quels sont les objectifs « graphiques » attendus sous traitement.

Les résultats de cette étude espagnole montrent clairement que le fait d’être isolé dans sa pratique (ne pas travailler à l’hôpital, ne pas suivre de programme de formation médicale continue) confine au train-train. Ce fait suggère fortement que la pratique médicale de bonne qualité nécessite une communication de qualité avec les médias de formation. N’est-ce pas ce que fait tous les jours votre site préféré www.allergique.org ?

Enfin, je ne voudrais pas rentrer dans le débat concernant le sexe du praticien. D’après cette étude, il semblerait que les femmes soient moins incisives dans la prise en charge de leurs patients.

Personne ne trouve anormal que le cardiologue pratique un électrocardiogramme à chaque consultation. Nous pouvons, nous allergologues, pratiquer des spirométries dès que la clinique indique un mauvais contrôle de l’asthme et cela pour le plus grand bien de nos patients. Ils s’apercevront ainsi de la nécessité de prendre le traitement anti-asthmatique de façon régulière et prolongée.

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