Vous siffliez aux beaux jours ? et bien, crachez maintenant !

vendredi 27 août 2004 par Dr Hervé Couteaux1134 visites

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Vous siffliez aux beaux jours ? et bien, crachez maintenant !

Vous siffliez aux beaux jours ? et bien, crachez maintenant !

vendredi 27 août 2004, par Dr Hervé Couteaux

La notion d’asthme vieilli au stade de BPCO ne date pas d’hier. Elle trouve ses racines dans notre pratique quotidienne et génère notamment des difficultés diagnostiques et thérapeutiques. Les auteurs de cette étude s’intéressent à la nature du lien entre ces deux entités pathologiques.

L’asthme, facteur de risque des BPCO dans une étude longitudinale : Graciela E. Silva, MPH ; Duane L. Sherrill, PhD ; Stefano Guerra, MD, PhD, MPH and Robert A. Barbee, MD, FCCP

* From the Arizona Respiratory Center, University of Arizona, College of Medicine, Tucson, AZ

dans Chest. 2004 ;126:59-65

 Contexte :

  • depuis plusieurs années, l’asthme et les BPCO ont été considérées comme deux entités distinctes, avec leurs caractéristiques cliniques propres.
  • Cependant, en dépit de caractères physiologiques différents à l’heure du diagnostic, ainsi que de facteurs de risques différents, ces deux maladies peuvent développer , avec le temps, des caractéristiques qui sont tout à fait similaires.
  • Objectif de l’étude  :
  • évaluer l’association entre un asthme diagnostiqué par le praticien et le développement ultérieur de BPCO dans une cohorte de 3099 sujets adultes, à Tucson (Arizona).

 Matériel et méthodes  :

  • il s’agit d’une étude prospective d’observation.
  • Les participants ont complété jusqu’à 12 questionnaires respiratoires standards, et réalisé 11 explorations fonctionnelles respiratoires sur une période de vingt ans.
  • Des courbes de survie (avec le délai d’apparition d’une BPCO comme variable dépendante) ont été comparées à la survie initiale chez des sujets asthmatiques et des sujets non asthmatiques.

 Résultats :

  • les sujets avec un asthme actif (n= 192) avaient des ratios significativement plus élevés que les sujets avec un asthme inactif (n= 156) ou que les sujets non asthmatiques (n= 2751) pour ce qui concerne la survenue d’une BPCO.
  • Comparés aux non asthmatiques, les asthmatiques actifs avaient dix fois plus de risques de voir apparaître les symptômes de BPCO : intervalle de confiance (IC) à 95 %, 4.94 à 20.25.
  • Ils avaient dix-sept fois plus de risques de se voir porter un diagnostic d’emphysème (IC à 95 %, 8.31 à 34.83), et 12.5 fois plus de risques de satisfaire complètement aux critères de BPCO (IC à 95 %, 6.84 à 22 : 84), même après ajustement des antécédents de tabagisme et d’autres facteurs parasites potentiels.

 Conclusions :

  • l’asthme médicalement diagnostiqué est significativement associé à un risque augmenté de bronchite chronique, d’emphysème et de BPCO.

Indépendamment du tabagisme et d’autres facteurs connus, l’asthme représente un facteur de risque important dans la survenue d’une bronchopneumopathie chronique obstructive.

Si un asthmatique à dix fois plus de risque de voir apparaître une BPCO, il a dix-sept fois plus de risque de se voir porter un diagnostic d’emphysème c’est-à-dire de présenter des lésions pulmonaires irréversibles.

Les résultats de cette étude sont tout à fait primordiaux dans le contexte actuel d’une forte augmentation des BPCO au niveau mondial (elles sont classées au quatrième rang des maladies les plus meurtrières par l’OMS et ont été responsables de 114 381 décès aux USA en 98).

Les explications classiques de cette augmentation de prévalence sont l’augmentation du tabagisme et le vieillissement de la population.

Si l’on a longtemps considéré (d’un point de vue théorique essentiellement) que l’asthme et les BPCO étaient deux entités cliniques tout à fait distinctes, cette étude nous rappelle les liens de causalité qui unissent ces deux pathologies et qui permettent de compléter l’explication de l’augmentation de fréquence de ces BPCO.

En pratique, les intrications entre ces deux notions ne sont pas étrangères au praticien qui se heurte à des difficultés diagnostiques d’une part (diagnostic d’un asthme chez un fumeur ayant des symptômes de bronchite chronique, chez un insuffisant cardiaque dyspnéique...) et thérapeutiques d’autre part, à tel point qu’une récente enquête précisait que les prescriptions de Béta 2 mimétiques et de corticostéroïdes inhalés étaient sans spécificité vis-à-vis de l’asthme, n’étant que des marqueurs de pathologie respiratoire chronique.

Les progrès dans la connaissance de la physiopathologie de ces deux pathologies et des liens épidémiologiques entre elles doivent permettre de clarifier leur prise en charge.

L’importance d’une prise en charge précoce de la maladie asthmatique trouve ici un argument supplémentaire dans sa dimension de prévention d’apparition des lésions de remodelage bronchique en général et de survenue d’une BPCO en particulier.

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