Entendez-vous les enfants siffler à l’hôpital ?

dimanche 5 septembre 2004 par Dr Alain Thillay1267 visites

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Entendez-vous les enfants siffler à l’hôpital ?

Entendez-vous les enfants siffler à l’hôpital ?

dimanche 5 septembre 2004, par Dr Alain Thillay

Le terrain atopique est un facteur de risque des épisodes de wheezing en rapport avec les infections respiratoires virales. Ici, les auteurs ont cherché à déterminer la prévalence des différents agents pathogènes viraux responsables de ces accès de sifflements chez des enfants hospitalisés pour cette raison compte tenu du terrain atopique ou non.

Infections virales et relation avec l’âge, l’atopie et la saison d’admission parmi des enfants hospitalisés pour wheezing. : Peter W. Heymann, MD a *
Holliday T. Carper, BS a
Deborah D. Murphy, RN a Thomas A.E. Platts-Mills, MD, PhD b
James Patrie, MS c
Anne P. McLaughlin, MD a
Elizabeth A. Erwin, MD b
Marcus S. Shaker, MD a
Martha Hellems, MD a
Jehanna Peerzada, MD a
Frederick G. Hayden, MD b
Tina K. Hatley, MD a
Rachel Chamberlain, MD a

From athe Department of Pediatrics, bthe Department of Internal Medicine, and cthe Department of Health Evaluation Sciences, University of Virginia Health System USA

dans JACI August 2004 • Volume 114 • Number 2

CONTEXTE

  • Les infections du tractus respiratoire et l’atopie sont associées dans les accès de wheezing pendant l’enfance.
  • Cependant, les informations ne sont pas claires concernant la relation entre infections virales et atopie chez des enfants hospitalisés du fait d’un accès de wheezing.

OBJECTIF

  • Évaluer la prévalence des infections virales respiratoires pathogènes chez des nourrissons et des enfants hospitalisés pour wheezing et d’en analyser les conséquences en fonction de l’âge du patient, des caractéristiques de l’atopie et de la saison d’admission.

METHODES

  • Il s’agit d’une étude cas-contrôle d’enfants, âgés de 2 mois à 18 ans, admis au Centre Médical de l’Université de Virginie (Etats-Unis) pour wheezing sur une période de 12 mois.
  • Des enfants sans wheezing ont été enrôlés comme contrôles.
  • Nous avons recherché au niveau des sécrétions nasales les virus pathogènes au moyen de cultures, de PCR (technique de réaction en chaîne de la polymérase pour amplification d’ADN) et de recherche d’antigènes.
  • Les dosages des IgE totales et des IgE spécifiques des aéroallergènes communs au niveau sériques ont été pratiqués.

RESULTATS

  • Soixante-dix pour cent des enfants hospitalisés pour wheezing avant l’âge de 3 ans (n=79) étaient admis entre décembre et mars, alors que 46% des enfants âgés de 3 à 18 ans (n=54) étaient hospitalisés entre septembre et novembre.
  • Parmi les enfants d’âge inférieur à 3 ans :
    • les virus pathogènes étaient détectés dans 84% des cas (66/79) d’enfants souffrant de wheezing et 55% (42/77) des cas de contrôle (P<0,001).
    • Le virus syncytial respiratoire était l’élément pathogène dominant durant les mois d’hiver, mais les rhinovirus étaient plus fréquents durant les autres mois.
    • Les taux des IgE totales sériques étaient généralement bas et étaient similaires chez les sujets des deux groupes.
  • Parmi les enfants âgés de 3 ans et plus :
    • 61% (33/54) des sujets admis pour wheezing étaient testés positifs pour les virus (de façon prédominante pour les rhinovirus), comparés aux 21% (12/56) des cas de contrôle (P<0,001).
    • Les valeurs des IgE totales sériques parmi les enfants avec wheezing (moyenne géométrique, 386 UI/ml ; IC 95%, 259-573) étaient nettement plus élevées comparativement aux contrôles (moyenne géométrique, 38 UI/ml ; IC 95%, 26-56 ; P<0,001).
    • Un pourcentage significativement plus élevé d’enfants avec wheezing comparés aux contrôles était sensibilisés à au moins un des aéroallergènes testés : 84% (36/43) comparés aux 33% (15/45 ; P<0,001).
  • Les caractéristiques d’atopie des enfants souffrant de wheezing qui ont été testés positifs ou négatifs pour les virus étaient comparables.

CONCLUSIONS

  • Les infections virales constituent un facteur de risque dominant pour les wheezings chez des enfants hospitalisés avant l’âge de 3 ans.
  • Comparativement, une large majorité d’enfants avec wheezing entre 3 et 18 ans avaient des caractéristiques atopiques évidentes qui peuvent constituer un facteur de risque d’hospitalisation et d’une réponse à l’encontre des infections virales, tout spécialement les infections dues aux rhinovirus.

Il faut retenir des résultats de cette étude, qu’avant 3 ans, les épisodes de wheezing sont dus l’hiver au VRS et le reste de l’année aux rhinovirus et que les IgE totales sériques n’ont aucun intérêt à la recherche du terrain atopique car comparables dans les deux groupes.

Dommage que pour cette classe d’âge, les IgE spécifiques des aéroallergènes n’aient pas été pratiquées, ni les tests cutanés d’ailleurs.

Pour les enfants au dessus de 3 ans, les épisodes de wheezing sont dus majoritairement aux virus pathogènes respiratoires et particulièrement les rhinovirus sans saisonnalité. De plus le terrain atopique semble prépondérant chez les enfants qui sifflent, IgE totales sériques plus élevées et présence d’IgE spécifiques à au moins un aéroallergène classique.

Il semblerait donc que chez le tout-petit le terrain atopique joue peu sur la capacité à siffler. Les atopiques et les non atopiques siffleraient tout autant. Pourtant, il faut mettre un bémol à cette suggestion car la recherche d’un terrain atopique, même avant 3 ans, par le seul dosage des IgE totales sériques ne paraît pas très sérieux.

Par contre, fait notable, après 3 ans le rôle prépondérant des rhinovirus dans le déclenchement des épisodes de wheezing. Ceci implique une grande vigilance dans l’adaptation thérapeutique chez nos patients asthmatiques connus.

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