John D’œuf et Lee Devache : les enfants terribles de Sampson !

lundi 13 septembre 2004 par Dr Hervé Couteaux1675 visites

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John D’œuf et Lee Devache : les enfants terribles de Sampson !

John D’œuf et Lee Devache : les enfants terribles de Sampson !

lundi 13 septembre 2004, par Dr Hervé Couteaux

Dans la lignée de ses précédents travaux, Hugh Sampson persiste et signe : non seulement nous disposons de valeurs seuil prédictives pour les dosages d’IgE spécifiques vis-à-vis de quelques aliments, mais le suivi de ces dosages d’IgE permettrait de faire bien plus...

L’appréciation des niveaux d’IgE spécifiques alimentaires au cours du temps peut prédire le développement de la tolérance dans l’allergie au lait de vache et aux œufs de poule. : Lynette P. C. Shek, MBBS, MRCP a
Lars Soderstrom, MSci, FRSS b
Staffan Ahlstedt, PhD b,c
Kirsten Beyer, MD a
Hugh A. Sampson, MD a

From athe Division of Pediatric Allergy & Immunology and Jaffe Institute for Food Allergy, The Mount Sinai School of Medicine ; bPharmacia AB Diagnostics ; and cthe Institute of Environmental Medicine and Center of Allergy, Karolinska Institute USA

dans JACI August 2004 • Volume 114 • Number 2

 Contexte :

  • la majorité des enfants avec une allergie au lait de vache et aux oeufs développe avec le temps une tolérance clinique.
  • Cependant il n’y a pas de bons indices pour prédire quand et chez qui ceci apparaît.

 Objectif  :

  • le but de cette étude a été de déterminer si le suivi des niveaux d’IgE spécifiques alimentaires au cours du temps pouvait être utilisé comme facteur prédictif pour déterminer quand les patients développaient une tolérance clinique.

 Méthodes :

  • 88 patients avec une allergie à l’oeuf et 49 patients avec une allergie au lait de vache qui ont suivi des tests de provocations alimentaires répétés en double aveugle contre placebo ont été inclus dans cette étude.
  • À l’aide du Pharmacia CAP-system FEIA, des niveaux d’IgE spécifiques (sIgE) du lait de vache et du jaune d’oeuf ont été rétrospectivement déterminés à partir d’échantillons sériques conservés, prélevés au moment des tests de provocations alimentaires.
  • Une régression logistique a été utilisée pour évaluer les relations entre le développement d’une tolérance et la diminution des IgE sur une période de temps spécifique entre les deux challenges.

 Résultats :

  • 28 des 66 patients allergiques à l’oeuf et 16 des 33 patients allergiques au lait ont perdu leur allergie avec le temps.
  • Pour l’oeuf, la diminution des niveaux des IgE (p=0.0014) a été significativement reliée à la probabilité de développer une tolérance clinique, la durée entre les challenges ayant une influence (p=0.06).
  • Pour le lait, il y a aussi une relation significative entre la décroissance des niveaux des IgE (p= 0.0175) et la probabilité de développer une tolérance au lait, mais sans contribution significative de temps.
  • La stratification en deux groupes d’âges, ceux en dessous de 4 ans et ceux au-delà de quatre ans au moment du premier challenge, a eu un effet ; le groupe le plus jeune ayant tendance à développer une tolérance clinique en relation au taux de décroissance des IgE.
  • Le niveau moyen des IgE alimentaires au diagnostic était significativement plus bas pour le groupe ayant développé une tolérance à l’oeuf (p <0.001) et une observation similaire a été faite pour l’allergie au lait (p= 0.06).
  • Utilisant ces résultats, nous avons développé un modèle de prédiction de la possibilité de développer une tolérance dans l’allergie à l’oeuf et/ou au lait basé sur la décroissance dans le temps des IgE spécifiques.

 Conclusion  :

  • nous avons trouvé que le taux de décroissance dans le temps des IgE alimentaires était prédictif pour la possibilité de développer une tolérance dans l’allergie à l’oeuf et au lait.
  • Les cliniciens pourraient s’appuyer sur les données de cette étude pour fournir des informations pronostiques et organiser les tests de provocation alimentaires avec une diminution du nombre de tests de provocation en double aveugle contre placebo prématurés et non nécessaires.

Dans les résultats de cette étude d’Hugh Sampson, figure d’abord un rappel : les allergies alimentaires à l’oeuf et au lait guérissent spontanément dans la majorité des cas.

Les chiffres de cette étude sont de 42 % de guérison pour l’allergie à l’oeuf et de 48 % pour le lait.

Ces chiffres sont inférieurs à ceux couramment admis, mais on ignore la durée de la période de surveillance.

Viennent ensuite les résultats plus spécifiques, à savoir qu’une décroissance du taux d’IgE spécifiques vis-à-vis des oeufs est statistiquement corrélée à la survenue d’une tolérance.

Pour le lait, le résultat est comparable, le facteur temps n’intervenant toutefois pas.

Enfin, il est rappelé, tant pour le lait que pour les oeufs, qu’un taux initial bas d’IgE spécifiques est un facteur favorable quant à la survenue de la tolérance attendue.

L’allergie alimentaire est complexe, aussi est-il légitime de tenter de simplifier sa démarche diagnostique et pronostique, d’autant que les études épidémiologiques concernant l’allergie alimentaire sont moins nombreuses que pour l’allergie respiratoire, probablement en raison de leurs difficultés (difficultés diagnostiques de l’allergie alimentaire et lourdeur de la méthodologie nécessaire).

Pour séduisant qu’ils soient, ces résultats, comme d’ailleurs les déterminations de valeurs seuil pour les taux d’IgE spécifiques vis-à-vis de quelques aliments, ne me paraissent pas devoir être hâtivement généralisés.

En effet, en matière d’allergie alimentaire, toutes les données sont à interpréter selon les habitudes alimentaires, souvent fort différentes, de chaque pays.

De plus, des tentatives précédentes de détermination de courbe de risque de taux d’IgE (par ex. Malandain en 2002) avait conclu à l’impuissance pour ses courbes de traduire fidèlement l’expression clinique du patient, n’en faisant qu’un élément à interpréter avec le reste du dossier. Ces courbes étaient en effet fortement dépendantes des caractéristiques des cohortes des sujets ayant servi à les calculer.

Ceci ne diminue en rien l’intérêt de telles techniques qui nécessiteront, là plus qu’ailleurs, des travaux complémentaires dans des contextes différents avant d’en pouvoir préciser les limites.

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