Bébé siffleur tu nais, enfant siffleur tu resteras ou resteras pas...

mardi 14 septembre 2004 par Dr Sylvie HUET4777 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Bébé siffleur tu nais, enfant siffleur tu resteras ou resteras pas...

Bébé siffleur tu nais, enfant siffleur tu resteras ou resteras pas...

Bébé siffleur tu nais, enfant siffleur tu resteras ou resteras pas...

mardi 14 septembre 2004, par Dr Sylvie HUET

Les auteurs ont étudié sur une large population d’enfants (1456 suivis de la naissance à l’âge de 10 ans) les facteurs de risque associés à la persistance de sibilances à l’âge de 10 ans, ceci en fonction du statut atopique ou non de ces enfants. Sont-ils différents ?

Caractérisation des sibilances chez des enfants de 10 ans atopiques et non-atopiques. : R J Kurukulaaratchy, M Fenn, S Matthews and S H Arshad

The David Hide Asthma and Allergy Research Centre, St Mary’s Hospital, Newport, Isle of Wight PO30 5TG, UK

dans Thorax 2004 ;59:563-568

 Historique

  • Les sibilances s’observent à la fois chez les enfants atopiques et non-atopiques.
  • Nous avons évalué les caractéristiques de ces sibilances chez des enfants de 10 ans, atopiques et non-atopiques, et nous avons essayé d’identifier si des mécanismes différents étaient impliqués dans la survenue de la symptomatologie.

 Méthodes

  • Les enfants d’une population de cohorte à la naissance (n=1456 ; 1373 suivis à 10 ans) étaient examinés à la naissance et à 1, 2, 4 et 10 ans.
  • On a recueilli prospectivement des informations sur des facteurs de risque d’asthme, familiaux ou environnementaux.
  • A l’âge de 10 ans ont été pratiqués des tests cutanés, une spirométrie et un test de provocation à la métacholine.
  • En fonction du résultat des tests cutanés, nous avons classé les enfants dans le groupe atopique ou dans le groupe non-atopique.
  • Les facteurs de risque indépendants pour les sibilances chez les atopiques et les non-atopiques ont été déterminés par régression linéaire.

 Résultats

  • Les sibilances étaient aussi fréquentes à l’âge de 10 ans chez les enfants atopiques (10.9%) que chez les non-atopiques (9.7%).
  • On observait une hyperréactivité bronchique et une obstruction des voies aériennes plus importantes chez les atopiques que chez les non atopiques (respectivement p<0.001 et p=0.011).
  • Les enfants atopiques recevaient plus souvent un traitement de fond ou étaient diagnostiqués comme asthmatiques, bien qu’il n’existait pas de différence dans la morbidité entre les deux groupes.
  • Parmi les facteurs de risque concernant les sibilances chez les non-atopiques, on retrouvait de manière significative et indépendante l’asthme maternel et les bronchites répétées à l’âge de 2 ans.
  • En ce qui concerne les sibilances chez les atopiques, les facteurs étaient l’asthme dans la fratrie, l’eczéma à l’âge de 1 an, la rhinite à l’âge de 4 ans et le sexe masculin.

 Conclusions

  • Chez les enfants de 10 ans, les sibilances sont aussi fréquentes chez les non-atopiques que les atopiques, mais ces derniers sont plus souvent traités.
  • En ce qui concerne les facteurs de risque de sibilances à l’âge de 10 ans, des profils différents émergent en fonction du statut atopique ou non.

Cette étude britannique de l’équipe du St Mary’s Hospital est très intéressante car elle porte sur une large cohorte d’enfants (1456) suivis sur une période de 10 ans avec un score remarquable de seulement 0.06% perdus de vue.

Elle a servi de base à la parution de plusieurs précédents articles (JACI en août 2003, ERJ en novembre 2003..).

Parmi les conclusions, on notait que l’hyperréactivité bronchique était associée à

  • un asthme maternel,
  • un tabagisme parental,
  • une sensibilisation atopique
    et que la persistance de sibilances à l’âge de 10 ans était associée à
  • des antécédents familiaux d’asthme,
  • un statut atopique à l’âge de 4 ans et
  • des bronchites à répétition à 2 ans.

Pour cette publication, les auteurs ont étudié les caractéristiques de la symptomatologie en fonction de l’existence ou non d’une atopie.

A l’âge de 10 ans, il existe autant d’enfants siffleurs chez les atopiques que chez les non-atopiques.

Par contre, les facteurs de risque associés aux sibilances à 10 ans diffèrent dans les deux sous-populations.

Chez les atopiques, on retrouve un asthme dans la fratrie, un eczéma à l’âge de 1 an, une rhinite à l’âge de 4 ans et un sexe masculin. Chez les non-atopiques, seuls un asthme maternel et des bronchites à répétition représentent les facteurs de risque.

Une autre étude britannique avait suivi prospectivement jusqu’à l’âge de 22 ans 100 nouveaux-nés dont au moins un des parents était atopique. Ils avaient observé que les prévalences de l’asthme et de l’atopie augmentaient avec l’âge si bien qu’à 22 ans, 25% des adultes présentaient un asthme.

En Australie, où on avait suivi 718 enfants de 8 à 10 ans sur 15 ans, les auteurs avaient aussi conclu que les facteurs de risque pour le développement d’un asthme étaient une atopie à 8-12 ans et des antécédents familiaux d’asthme et que la présence d’une hyperréactivité bronchique à l’âge de 10 ans était un facteur prédictif de persistance de sibilances.

En reprenant donc les résultats de ces études, on voit donc que même si le statut atopique entraîne plus souvent un traitement de fond, il n’y a pas de différence en ce qui concerne la proportion d’enfants présentant des sibilances à l’âge de 10 ans, qu’ils soient ou non atopiques. Et que tous ces enfants présentent le même risque de persistance de leur symptomatologie à l’âge adulte.

Nous entendons beaucoup de parents nous dire que l’asthme de leur enfant disparaîtra avec l’âge, et ceci représente une excuse pour interrompre les traitements de fond. Cette étude nous donne des arguments pour essayer de leur prouver le contraire.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois