Une énigme résolue : la femme qui siffle est sexuellement active.

mardi 21 septembre 2004 par Dr Stéphane Guez6208 visites

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Une énigme résolue : la femme qui siffle est sexuellement active.

Une énigme résolue : la femme qui siffle est sexuellement active.

mardi 21 septembre 2004, par Dr Stéphane Guez

De nombreuses femmes présentent un asthme aggravé en période prémenstruelle. D’autre part il existe des modifications lors de la ménopause. Il semble donc exister un lien entre hormones et asthme ainsi qu’allergie. Dans ce domaine peu connu cette étude apporte pour la première fois des informations nouvelles.

Importance du sexe et des influences hormonales sur les IgE, l’atopie et les éosinophiles : données de l’Etude Épidémiologique sur la Génétique et l’Environnement dans l’asthme, l’hyper réactivité bronchique et l’atopie. : Valérie Siroux, PhD a,b
Florence Curt, MD a
Marie-Pierre Oryszczyn, BSc a
Jean Maccario, PhD a
Francine Kauffmann, MD a

From aInstitut National de la Santé et de la Recherche Médicale U472-IFR69, Epidémiologie et Biostatistique, Villejuif, and bDépartement de Médecine Aiguë Spécialisée, Grenoble France

dans JACI September 2004 • Volume 114 • Number 3

 Introduction :

  • Les causes d’asthme durant la vie sont différentes chez l’homme et la femme, mais ces différences étiologiques en fonction du sexe ne sont que partiellement comprises.
  • Chez la femme, les données concernant les facteurs qui provoquent les crises d’asthme prémenstruelles et l’influence des modifications hormonales sur les phénotypes de l’asthme sont très faibles.

 Objectif de l’étude :

  • Evaluer les relations entre éosinophiles, IgE, atopie et l’asthme, en fonction du sexe, de l’age de début de la maladie et des évènements hormonaux.

 Méthodologie :

  • Les données proviennent de l’étude « Genetics and Environment of Asthma, Bronchial Hyperresponsiveness and Atopy ».
  • Des enfants et des adultes ayant un asthme ont été recrutés dans des centres pneumologiques (n=313) et les antécédents familiaux d’asthme au premier degré (n=214) ont été comparés :
    • à des témoins sans asthme (n=332)
    • et à des patients ayant des antécédents familiaux du premier degré sans asthme (n=595).

 Résultats :

  • Parmi les femmes, les taux des éosinophiles sont significativement associés à l’asthme prémenstruel, de façon indépendante de l’age, du tabac et de la sévérité de l’asthme (éosinophiles/mm3=330 versus 194, p=0.01).
  • Chez les femmes non asthmatiques, les taux d’IgE sont significativement diminués de moitié et l’atopie diminue avec la ménopause, le taux des IgE augmentant avec la contraception orale indépendamment de l’age et du tabagisme.
  • Si on prend en compte le sexe, l’augmentation du taux des éosinophiles avec l’asthme est significativement plus élevé chez les femmes avec un début de l’asthme dans l’enfance que chez les femmes avec un début à l’age adulte ou chez les hommes en général.
  • Aucune interaction entre le sexe et l’asthme n’est observée en ce qui concerne les taux d’éosinophiles chez les enfants et sur les taux d’IgE et l’atopie chez les enfants et les adultes.

 Conclusion :

  • Ces résultats suggèrent le rôle d’influences hormonales dépendantes sur l’expression de l’asthme, et confortent l’hypothèse du rôle des éosinophiles dans la persistance et la sévérité de l’asthme.

Les auteurs analysent les liens entre asthme, atopie, taux d’IgE et éosinophiles en fonction des évènements hormonaux de la femme : règles, contraception orale ménopause etc.

Il existe une éosinophilie liée à l’asthme prémenstruel, une augmentation des IgE avec les règles, une diminution de l’atopie à la ménopause.

Cette étude est extrêmement intéressante, portant sur un sujet effectivement très peu étudié.

Il ressort de ce travail que chez les femmes non asthmatiques, il y a une diminution des IgE à la ménopause, et une augmentation sous contraception orale.

L’atopie diminue de façon significative avec la ménopause aussi bien chez les femmes asthmatiques que non asthmatiques.

Il existe une forte relation entre asthme et éosinophilie chez les femmes ayant un asthme prémenstruel (attaques d’asthme plus fréquentes avant ou pendant les règles).

Il y aurait donc un lien entre sécrétion hormonale et orientation du profil lymphocytaire.

En particulier, pendant le cycle menstruel chez les femmes sous contraceptifs il y a une orientation vers les TH2. Par contre à la ménopause il y a une orientation vers le profil Th1. Les évènements hormonaux ont donc une influence sur le développement du terrain atopique chez la femme et sur le phénotype de l’asthme.

Dans quelle mesure est-il possible d’influencer l’évolution de l’asthme et de l’allergie chez les femmes par le biais d’un traitement hormonal ? La question est d’ailleurs posée dans les 2 sens : est-il possible de modifier par la thérapeutique hormonale l’asthme de la femme ? Les traitements habituels de l’asthme ont-ils un retentissement sur le métabolisme des hormones féminines ?

Les auteurs ouvrent une porte physiopathologique extrêmement importante et qui mérite des développements ultérieurs car pour l’instant il y a beaucoup plus de question que de réponses.

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Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2016 à 15:10, par Petrequin En réponse à : Une énigme résolue : la femme qui siffle est sexuellement active.

    Cet article est très intéressant et je suis "pile poil" dans le profil de la femme de 52 Ans en pre menopause ayant eu sa 1ere crise d asthme hypereosinophile a 50 ans .
    A ce jour mon problème n’est toujours pas réglé et mes crises bien que moins fréquentes interviennent toujours au moment de mes règles ou de la période où je devrai les avoir.
    Y a t il des médecins spécialisés dans l’asthme tardif ?
    Je ne suis pas mécontente des médecins qui me suivent mais devant leur questionnement et le peu de résultat je souhaiterai vivement rencontrer un médecin spécialisé de cette forme d’asthme liée à une période gynécologique
    Tres cordialement
    Ghislaine