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Y aurait-il de la graisse dans les bronches des asthmatiques ?
dimanche 3 octobre 2004, par
Plusieurs études ont montré qu’existe une association entre le poids et la prévalence de l’asthme, et que l’obésité semble par ailleurs liée à un phénomène inflammatoire. La leptine, produite par les adipocytes, ayant des récepteurs pulmonaires, pourrait être le lien entre l’inflammation et la stimulation des lymphocytes T dans l’asthme.
Leptine : a-t-elle un rôle dans l’asthme de l’enfant ? : Nermin Guler, MD a *
Emel Kirerleri, MD a
Ulker Ones, MD a
Zeynep Tamay, MD a
Nihal Salmayenli, PhD b Feyza Darendeliler, MD c
From athe Department of Pediatrics, Division of Allergy and Chest Diseases ; bthe Department of Biochemistry ; and cthe Department of Pediatrics, Division of Endocrinology, Istanbul Medical Faculty Turkey
dans JACI August 2004 • Volume 114 • Number 2
– Contexte :
- Bien qu’il y ait à l’évidence une association entre l’asthme et l’obésité chez les adultes et les enfants, on connaît peu de choses sur le rôle de la leptine chez les enfants asthmatiques.
– Objectifs :
- L’objectif de l’étude était d’évaluer la relation entre la leptine et les paramètres d’asthme et d’atopie chez les enfants.
– Méthodes :
- L’index de masse corporelle (IMC) et les taux de leptine sérique ont été mesurés chez 102 asthmatiques (37 filles, 65 garçons ; âge moyen 5.93.4 ans) et 33 enfants sains (14 filles, 19 garçons ; âge moyen 6.13.4 ans)
- Des prick-tests, le taux sérique d’IgE, et des tests de fonction pulmonaire ont été réalisés.
– Résultats :
- Une différence significative a été observée dans le taux de leptine entre les enfants asthmatiques et les enfants sains. Les niveaux médians étaient de 3.53 (2.06-7.24) ng/mL et 2.26 (1.26-4.71) ng/mL respectivement (p=0.008).
- L’analyse des sous-groupes a montré que la différence entre les taux de leptine concernait uniquement les garçons : 3.09 (1.99-7.51) ng/mL chez les garçons asthmatiques contre 1.52 (1.06-3.17) ng/mL chez ceux indemnes d’asthme (p=0.003).
- En analyse de régression logistique, la leptine était un facteur prédictif d’asthme (odd ratio 1.98 ; p=.021), alors que le sexe, l’âge ou l’IMC ne l’étaient pas.
- En analyse de régression multiple incluant le sexe (p=0.001), l’âge (p=0.016), l’IMC (p<0.001) et l’asthme (p=0.022), tous ces facteurs affectaient le log des niveaux de leptine (R=0.404).
- Il n’y avait pas de différence significative de sexe dans les taux de leptine parmi les enfants asthmatiques, alors que les garçons sains avaient des taux de leptine significativement plus bas que les filles saines (p=0.019).
- Les asthmatiques atopiques avaient des taux de leptine significativement plus élevés que les non atopiques (p=0.038) avec un IMC similaire.
- Une corrélation significative, bien que faible, a été observée entre les taux de leptine et d’IgE dans le groupe total des enfants asthmatiques (r=0.231 ; p=0.019). De nouveau, cette corrélation n’était retrouvée que chez les garçons (r=0.319 ; p=0.010).
- Il n’y avait pas de relation entre les taux de leptine et les prick-tests, les tests de fonction pulmonaire, le tabagisme passif, le poids de naissance, et la durée de l’allaitement.
– Conclusions :
- Cette étude suggère que la leptine pourrait jouer un rôle dans l’asthme atopique.
- Des taux de leptine sérique élevés chez les garçons asthmatiques pourrait expliquer en partie la prévalence plus élevée de l’asthme chez les enfants de sexe masculin.
Cette étude suggère que la leptine, hormone produite par les adipocytes, pourrait jouer un rôle dans l’asthme de l’enfant.
Les taux de leptine sont en effet significativement augmentés chez les enfants asthmatiques par rapport à un groupe contrôle ; mais cette différence se retrouve uniquement chez les garçons asthmatiques, et par ailleurs de façon significativement plus élevée chez les atopiques, indépendamment de l’indice de masse corporelle.
Une corrélation a été également mise en évidence entre les taux de leptine et l’augmentation du taux des IgE, sans corrélation avec la positivité des prick-tests.
Des taux significativement plus élevés de leptine chez les garçons asthmatiques peuvent induire que la leptine est impliquée dans la physiopathologie de l’asthme de l’enfant, qui est plus fréquent chez les garçons que chez les filles.
Pour ce qui est de l’atopie, la relation n’est retrouvée qu’avec les IgE et pas les tests cutanés, ce qui impliquerait un rôle isolé des IgE ; mais les données de la littérature sont inconstantes : dans l’étude multicentrique européenne sur l’épidémiologie de l’asthme, aucune corrélation n’a été trouvée entre l’IMC et les IgE totales ou spécifiques.
Par contre, aucune corrélation n’a été mise en évidence entre le taux de leptine, la fonction pulmonaire et l’IMC.
Cette étude est intéressante dans la mesure où des études récentes ont montré que l’obésité pouvait être liée à des mécanismes inflammatoires. On peut donc imaginer que l’hormone régulatrice de l’expression des adipocytes dans les cellules puisse être impliquée dans des maladies inflammatoires comme l’asthme.
Pour mieux comprendre le rôle de la leptine dans l’asthme, des études de cohortes doivent être mises en place.
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